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L’offre de véhicules électriques est déjà en voie de nette segmentation. Les « microcars » ou petites citadines biplaces (voire monoplaces) semblent avoir le vent en poupe.
« Trop gros, trop lourd, trop cher, trop petit, pas assez d’autonomie, pas assez de place… »
Si le développement de la voiture électrique redistribue sérieusement les cartes en élargissant le spectre de la mobilité, et que sa croissance semble bien partie pour durer, on dirait que, comme en politique, cet élargissement profite davantage aux extrêmes.
D’un côté les berlines puissantes et chères au long cours. À l’autre extrémité du spectre, un nouveau segment qui prend forme et qui semble avoir la faveur du public, même s’il est encore un peu tôt pour savoir s’il s’agit d’une véritable tendance : les microcars, ces voitures qui ressemblent davantage à des cyclomoteurs à quatre roues avec une carrosserie.
Et, contrairement à ce que l’on connaît avec le reste de la production, c’est un segment qui n’a pas vraiment d’équivalent actuellement dans le monde du thermique. Bien sûr, on pourra toujours mentionner la proverbiale Smart, et dans des temps plus anciens, les Fiat 500, Austin Mini, Vespa 400 ou même l’ineffable et mythique Isetta, mais on a vite fait le tour.
L’électromobilité urbaine serait-elle en train de créer en direct sous nos yeux ébahis un nouveau segment inédit ? Cela se pourrait bien. Si l’on regarde ce qui s’est passé avec les deux roues au cours des dernières années, nous avons vu émerger des engins de déplacement individuels électriques qui n’existaient pas il y a dix ans, ou en tout cas pas sous la forme motorisée que l’on connaît aujourd’hui : gyroroues, skates électriques, hoverboards, onewheels, et bien sûr l’inévitable trottinette, dont l’évolution vers plus de sécurité et de technologie ne se dément pas depuis environ cinq ans. Il y en aura certainement d’autres.
Des engins qui sont nés et dont le marché s’est façonné pour répondre à une demande et des usages particuliers. Des engins urbains – VAE compris – auxquels il ne manque finalement qu’un toit.
C’est un peu la promesse de ces microvoitures, semblant cocher toutes les cases d’un cahier des charges qui aurait été rédigé par de jeunes urbains pour qui l’automobile est devenue un simple moyen de déplacement d’un point A à un point B, sans affect, sans émotion, et qui se contrefichent des performances ou de la frime qui peut y être associée. Et avec un prix très bas, généralement en dessous de 15 000, voire 10 000 euros, primes gouvernementales déduites. Un segment qui était jusque-là occupé par les voiturettes sans permis, des engins pas très glamour dont l’image était souvent assimilée à des personnes âgées, à des personnes ne souhaitant pas passer le permis, ou se l’étant fait retirer récemment.
Bref, d’un peu « honteux » (notez les guillemets, pas taper), la « voiturette » dans sa nouvelle version électrique et fun semble devenir un objet dans l’air du temps et vertueux auprès d’une population soucieuse de la protection de l’environnement, mais qui pour autant ne prise pas particulièrement les transports en commun.
Nombre de constructeurs s’y mettent, qu’il s’agisse de généralistes (Citroën AMI, Renault Twizy) ou de spécialistes en mode start-up créée pour l’occasion. Il existe à ce jour pas loin d’une vingtaine de projets connus, mais certains semblent quelque peu fantaisistes. Voici un tour d’horizon de ceux qui paraissent les plus sérieux, voire les plus aboutis. Dans cet inventaire sont inclus deux types de voitures : les quadricycles légers (biplaces, vitesse maxi limitée à 45 km/h) et les quadricycles lourds (jusqu’à 4 places, vitesse maxi limitée à 90 km/h).
La petite voiture suisse proposée par le spécialiste des trottinettes Micro-Mobility, et fortement inspirée de l’Isetta, rentre dans la catégorie des quadricycles lourds à moteur L7e, soit la même classification qu’une Renault Twizy. Elle ne sera donc pas accessible au plus grand nombre puisqu’elle nécessite un permis de conduire B ou B1. Côté encombrement, elle n’occupe qu’un tiers de l’espace sur une (grande) place de parking, de quoi en garer trois pour le prix d’une. La version définitive est une évolution importante de la présérie que nous avions essayée en janvier dernier, et les réservations ont débuté, pour des premières livraisons fin 2021/début 2022 tout d’abord en Suisse, puis en France au deuxième semestre 2022.
Fabriquée par une entreprise catalane jusque-là spécialisée dans les scooters, et se positionnant en concurrence frontale avec la Citroën AMI, cette Silence S04 a de nombreux atouts dans sa manche. Se rapprochant davantage d’une « vraie » auto plutôt que d’une mobylette couverte, elle privilégie le design et le confort intérieur, et sera déclinée en deux version, quadricycle léger et quadricycle lourd. Une caractéristique très maline et originale : la batterie est amovible et peut être rechargée à domicile ou au bureau. Un argument de poids dans un contexte d’utilisation urbaine. Pas encore visible sur le site du constructeur.
Coup de cœur pour cette voiture à la largeur modulable en fonction du contexte. La City Transformer, conçue par une entreprise israélienne, est un véhicule de transport urbain léger biplace dont la largeur peut varier de 1 mètre à 1,40 mètre selon la situation, notamment pour se faufiler en ville et se garer. Bonus : elle est plutôt jolie et la finition extérieure et intérieure semble de qualité. La City Transformer est déjà disponible en précommande en quantité limitée pour 2022, puis pour le grand public en 2024.
Conçue par une entreprise polonaise, la Triggo propose la même fonctionnalité que la City Transformer, à savoir une largeur variable, avec la spécificité d’avoir le comportement d’un deux roues puisqu’elle s’incline vers l’intérieur dans les courbes. Ce serait une sorte de scooter à 3 ou 4 roues avec une carosserie, destinée en priorité non pas au grand public, mais au car-sharing en mode robotaxi et aux flottes d’entreprise.
Peut-être la plus aboutie de ce tour d’horizon, l’Eli ZERO semble bien née avec ses faux airs de Smart miniature (si c’est possible), dotée d’une finition et d’un design qui la placent directement sur un créneau haut de gamme. Le constructeur affirme commencer à livrer une petite quantité de modèles avant un lancement de plus grande ampleur.
Malheureusement, tout n’est pas si rose au pays des microvoitures électriques, et il semblerait que de nombreuses start-up spécialisées aient jeté l’éponge avant même d’avoir lancé la production, et rejoint le cimetière des promesses non tenues. Parmi elles, et sous réserve d’une reprise inattendue, on peut citer le suédois Uniti One (pourtant sympa), Weevil ou encore Bicar et son scooter à 3 roues avec un toit. Autant d’entreprises qui n’ont pas dépassé le stade du prototype, ce qui démontre une fois de plus qu’il y a un monde entre une idée, un concept, et le passage à la phase de production industrielle, puis de commercialisation. A fortiori dans un secteur aussi compétitif et brûleur de cash que l’automobile.
Cela étant, si l’on ajoute à cette petite liste la Citroën AMI et la Renault Twizy, le choix à venir est déjà conséquent. Reste à ces véhicules très particuliers à s’imposer dans le paysage urbain, et aux infrastructures à s’adapter à cette nouvelle donne.
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