AccueilArticlesLa fin de la voiture de sport ?

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Tesla Roadster 2
Tesla Roadster 2

Nouveau venu dans l’équipe de rédaction, Éric Dupin vous partage chaque mardi ses réflexions sur un sujet d’actualité ou les dernières tendances du monde automobile dans sa rubrique « Zone Verte ».

Dans cette ère naissante de la voiture électrique, où une « banale » berline à 50 000 euros comme la Tesla Model 3 affiche les performances d’une Porsche 911 de dernière génération, et où un Taycan fume dans le plus grand calme une McLaren hurlante au 400 mètres départ arrêté, l’amateur de voiture de sport est en plein doute existentiel.

Nous parlons ici de la vraie « voiture de sport », ce concept exclusif, comme symbole d’un art de vivre, d’un plaisir de conduire et de voyager, comme machine à procurer des sensations, pour des sorties-balades le week-end ou des périples au long cours.

Tesla a largement démontré qu’une voiture électrique pouvait être réussie esthétiquement et extrêmement véloce. La firme californienne a mis la barre très haut dès le lancement de la Model S, puis de la Model 3. Et la promesse du Roadster 2, qui s’annonce comme la voiture de série la plus performante de tous les temps, remettra un peu l’église au milieu du village en matière de hiérarchie.

L’honneur est sauf, en tout cas dans le cercle très fermé des Supercars. Mais à quel prix ? Certainement pas celui qui correspond au budget d’un simple amateur de performances ayant mis quelques économies de côté, et qui rêve en même temps d’électromobilité et de road-trips à sensations. Bref, qui rêve d’une voiture de sport électrique ET abordable. Car oui, amour des belles mécaniques, de la performance et du zéro émission ne sont pas incompatibles, et tous les pilotes du dimanche ne sont pas des petrolheads sans conscience ecofriendly. Et il y aura probablement à l’avenir de plus en plus de potentiels convertis à l’électrique qui pour autant ne se satisferont pas de l’offre actuelle, et pour qui le plaisir sera toujours une composante importante de l’équation automobile.

L’électrique, royaume du SUV et de la petite citadine…

Pour eux, sur le marché de l’électrique, que reste-t-il ? Pas grand-chose. Car l’offre sur ce secteur s’est rapidement concentrée sur deux axes principaux : d’un côté les SUV (Audi e-tron, Mercedes EQC, Hyundai Kona, Tesla Model Y, Ford Mustang Mach-E, Opel Mokka-E…), de l’autre les petites citadines (Renault Zoé, Mini, Fiat 500, 2008…), les gammes Model S, Model 3 et Taycan faisant un peu figure à part du fait de leur segment et de leur prix.

Mais où sont les équivalents électriques de ces modèles mythiques ayant élevé le plaisir de conduire et de rouler au rang de véritable art de vivre, comme les Porsche 911, Cayman ou Boxster, les BMW Z4 ou M3, les Mazda Miata, les Alpine ou autres Audi TT ? La question est vite répondue : pour l’instant ils n’existent pas. Car aucun constructeur ne s’est réellement penché sur la question. Alors bien sûr ces dernières représentent des parts de marché marginales ; or le succès de l’électrique devra d’abord passer par une adoption de masse par le grand public. Et nous n’en sommes qu’aux débuts.

Mais n’oublions pas que ces modèles sont souvent extrêmement rentables de par leur prix de vente généralement plus élevé. Ils sont surtout vecteurs d’image… et de rêve. Ce qui a un effet d’entraînement sur le reste de la gamme.

Or il ne vous aura sûrement pas échappé que les constructeurs focalisent aujourd’hui leurs efforts et leur communication en matière d’électromobilité essentiellement sur deux choses : la technologie et l’autonomie. Jamais sur l’image ni sur le plaisir de conduire. D’accord, chaque chose en son temps, mais c’est peut-être une erreur de considérer la voiture électrique grand public sous l’angle unique d’un usage utilitaire et exclusivement urbain ou périurbain, pour se rendre à son travail ou faire ses courses. L’histoire montre que la voiture, fabuleux symbole de liberté individuelle, n’est pas que cela. Pourquoi cela changerait-il avec l’électrique ?

Alors, quel constructeur généraliste fera prochainement le pari de lancer un modèle électrique sportif et exclusif, une petite machine à plaisir, simple, racée, performante et accessible ?

On peut poser la question autrement, et de façon un peu moins drôle : l’avènement de l’électrique a-t-il signé la fin de la voiture de sport, ou en tout cas de sa version abordable ?

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