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En distinguant 3 scénarii de développement de la mobilité électrique, le cabinet Colombus Consulting évalue l’évolution de l’activité des stations-service à horizon 2050.
L’impact du développement des véhicules électriques est dans l’étude estimé à travers 3 progressions différentes : modérée (44% de VE en 2050) en raison de divers freins (sociétaux, capacité des batteries insuffisante, réseau de recharge pas assez efficace) ; intermédiaire (70%) si un changement marqué des usages est engendré par les incitations gouvernementales ; forte (97%) si un effet boule de neige se produit en plus.
La baisse en volume des ventes de carburants serait ainsi respectivement de 18, 21 ou 27 % en 2030, 28, 33 ou 47 % en 2035, 51, 66 ou 83 % en 2050.
En 40 ans, 75 % des stations-service ont fermé. Entre temps, les grandes et moyennes surfaces (GMS) représentent la moitié du parc, avec une part de marché qui a progressé de 13 à 63 % sur la période 1980-2020. La densité du réseau a décliné de 7,5 à 2 stations pour 100 km2.
A horizon 2030, ces établissements perdraient en moyenne 14, 33 ou 62 % de profits selon la progression des véhicules électriques. Quelle qu’elle soit, en 2050, ils enregistreraient des rendements négatifs qui se traduiraient par leur fermeture sauf diversification de leur activité.
Cette dernière devrait la plupart du temps se produire sans trop espérer de la recharge des batteries de traction qui sera plutôt réalisée alors à domicile, sur le lieu de travail ou en voirie.
Aujourd’hui, en raison du faible volume de leurs ventes en carburant, les établissements situés dans les zones rurales sont déjà fragiles. Certains ne tiennent que par des aides attribuées par les collectivités locales.
Parce qu’ils ne peuvent rien attendre – ou pas grand chose – de la mobilité électriques, ce sont les premiers à risquer de disparaître dans les prochaines années, alors que leur présence peut être nécessaire à la qualité de vie des territoires (épicerie, bouteille de gaz, services divers dont postaux et bancaires).
« Dans ce contexte, la qualité de service pourrait se dégrader dans certaines zones rurales et entraîner l’apparition de zones blanches », souligne Gaël Gautier, consultant senior Energie pour Colombus Consulting.
Le cabinet envisage aussi d’importantes baisses de fréquentation aux stations-service des grandes et moyennes surfaces : 19, 24 ou 27% ou 2030, 29, 36 ou 48% en 2035, 54, 73 ou 88% en 2050.
La grande distribution utilise pourtant les ventes en carburants à meilleur prix, en se contentant de faibles marges, afin d’attirer les clients dans les magasins. L’arrivée des voitures électriques va remettre en question la pertinence de ce produit d’appel.
Il n’est alors pas étonnant que les grandes enseignes installent sur leurs parkings des bornes de recharge, avec le même objectif. Ce qu’a d’ailleurs noté François Hemono, également consultant senior Energie pour l’organisme.
Selon Colombus Consulting, les stations d’autoroute sont les mieux armées pour s’adapter au développement des véhicules électriques. Les besoins en ravitaillement en électricité seraient supérieurs à ceux pour le plein de carburant, du fait d’une autonomie qui serait toujours plus modeste que sur les modèles thermiques, en roulant à 130 km/h.
Le cabinet conseille à ces établissements de s’équiper sans attendre de bornes de recharge et d’imaginer des offres spécifiques, à plusieurs vitesses. Il propose, en exemple, des chargeurs ultrarapides (15 minutes pour retrouver plusieurs centaines de kilomètres d’autonomie) dont l’usage serait facturé au prix fort, et des bornes plus lentes (60 minutes de connexion), à tarif réduit, qui serviraient de produit d’appel pour attirer les électromobiliens dans les boutiques.
Philippe SCHWOERER
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