Recharge d'un bateau électrique

C’est au parc de Nobelwind, localisé à 47 km des côtes de la mer du Nord belge, que cette expérience de recharge en mer a été réalisée par Parkwind.

Première mondiale

Spécialisée depuis une dizaine d’années dans le développement, le financement et l’exploitation de parcs éoliens offshores, Parkwind vient d’écrire une première mondiale. Il s’agit d’une recharge en mer d’un bateau électrique de maintenance à partir d’une énergie verte produite localement grâce à un parc éolien. En fonctionnement normale, la gestion du câble ne nécessite aucune manipulation humaine.

Nobelwind est le troisième projet de l’entreprise belge. Il compte 50 éoliennes offshores dressées dans un espace de 19,8 km2. Dimensionné pour alimenter en électricité de l’ordre de 190 000 foyers, c’est cette installation qui a offert son cadre à l’expérimentation.

Il s’agissait aussi de vérifier que le transfert d’énergie vers le navire ne cause aucune perturbation ni problème de sécurité au niveau du parc. Les processus de couplage et de découplage automatiques ainsi que les opérations de recharge ont été intensivement testés, sans aucun dommage recensé.

« Cela change la donne pour nos navires de maintenance, qui peuvent désormais accéder à l’énergie verte directement de nos éoliennes pendant qu’ils accomplissent sur place leur travail », se réjouit Kristof Verlinden, responsable des opérations de maintenance chez Parkwind.

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Fonctionnement

C’est l’entreprise britannique MJR Power & Automation qui a développé le système de recharge installé en hauteur sur la plateforme de maintenance. Le fonctionnement suit un scénario simple mais précis qui commence par l’arrivée du bateau de service à l’aplomb. Afin d’établir la connexion et démarrer la recharge, le connecteur descend automatiquement dans une goulotte de centrage sur le navire.

Très long, le câble s’allonge et se replie grâce à un enrouleur équipé de divers mécanismes. Ainsi, les mouvements de la coque causés par les courants marins ne risquent pas d’arracher le système. Le bateau doit d’ailleurs reculer un peu et se mettre en mode amarrage pour que la régénération des batteries démarre.

Pour un CTV (Crew Transfer Vessel), c’est-à-dire un navire qui sert à transporter le personnel de maintenance, la puissance de recharge s’élèverait jusque 2 MW. Cette limite pourrait même être multipliée par quatre pour les SOV et PSV utilisés dans l’acheminement de gros matériels.

A la fin de la recharge, le bateau revient à l’aplomb du dérouleur. Ce qui permet de rembobiner une bonne partie du câble afin qu’au débranchement mains libres il ne plonge pas dans l’eau salée de la mer. Le cas a cependant été prévu avec une possible déconnexion d’urgence. Le connecteur serait alors nettoyé et séché avant une nouvelle utilisation.

Pour la navigation fluviale aussi ?

« En utilisant de l’électricité renouvelable d’origine locale, nous soutenons davantage notre mission de produire de l’énergie propre tout en allégeant notre empreinte environnementale », souligne Parkwind. Ce dernier et MJR Power & Automation espèrent, grâce à cette expérimentation, ouvrir une voie au-delà des bateaux qui servent à la maintenance des parcs éoliens offshores et du transport maritime. Par exemple pour la navigation fluviale bas carbone.

Il n’a fallu que deux jours pour monter, raccorder et mettre en service le système de recharge. Ses dimensions raisonnables ont permis de le faire parvenir sur place par CTV. La grue de la plateforme a également été suffisante pour le faire monter jusqu’à son lieu de fixation. Ce chargeur a ensuite été raccordé au réseau électrique du site via une interface développée spécifiquement. Dernière étape avec la mise en service.

Les deux partenaires assurent que le système est opérationnel et « sûr à 100 % ». Différents dispositifs de sécurité ont pour cela été imaginés. En plus de ceux que nous avons déjà vus, ont été installés des protections contre les surcharges électriques et un contrôleur de tension du câble.