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Depuis 2015, Tesla fait le choix de ne plus communiquer la puissance de ses voitures, faisant des valeurs un secret. Mais la rédaction a pu avoir un accès exclusif à toutes les puissances homologuées des Tesla. Et il y a des surprises !
Nous sommes en 2015. Voulant viser toujours plus haut et toujours plus fort, Tesla a déployé la Model S P85D. Une version ultra-performante, qui promet 691 hp, soit 700 ch dans notre système de mesure. C’est l’affolement général dans la presse et chez les passionnés de performances automobiles. Mais dès les premiers essais, quelque chose clochait avec les chronos.
C’est ce que j’ai pu expérimenter dans le cadre d’un essai en mesurant, pour les besoins d’un reportage, la P85D face à une Ford Mustang Shelby GT500 de 2005, passablement vitaminée. La fiche technique de la bête : plus de 600 ch compressés, envoyés aux seules roues arrière via une boîte mécanique virile. Des spécificités aux antipodes de la Model S, qui n’en ferait qu’une bouchée (700 ch aux quatre roues avec un couple disponible tout de suite). Mais rien n’y fait : à chaque 400 m D.A., la Mustang prend l’avantage ! Face aux chronos, nous pouvions envisager une puissance aux alentours des 500 ch. Soit bien moins que les 700 équidés annoncés.
À lire aussiEssai Tesla Model S Plaid : allez tous vous coucher !Mais impossible d’en avoir le cœur net, la Model S refusant de passer au détecteur de mensonges sur un banc à moyeux. Ce qui n’était pas le cas sur des bancs à rouleaux traditionnels, comme ont pu le faire plusieurs propriétaires aux États-Unis, qui ont découvert le pot aux roses : après plusieurs essais différents selon diverses méthodes, le collectif estimait la puissance à 557 hp, soit 564 ch avec la batterie à 100 %. Voilà qui expliquerait pourquoi la berline électrique ne faisait pas le poids face à une Audi RS7, comme l’ont fait comprendre les propriétaires.
Dès lors, le directeur technique a annoncé qu’il s’agissait surtout d’une confusion dans la méthode de calcul, qui consistait à additionner la puissance des deux moteurs. Mais notre confrère Nicolas Meunier du magazine Challenges allait encore plus loin, en découvrant finalement que c’était la batterie qui ne pouvait pas livrer plus de 550 ch selon ses observations rigoureuses. Si les travaux de journalistes français n’ont pas été entendus par Tesla, la marque s’est toutefois pliée devant les conclusions des propriétaires et a commencé à modifier la façon d’annoncer la puissance de ses voitures.
Au terme de multiples modifications dans ses annonces, Palo Alto a finalement pris la décision de brouiller les pistes et de ne plus communiquer directement les puissances officielles, sauf pour les modèles Plaid (bien que la marque ait fait montre de quelques difficultés en matière de conversion, nous y reviendrons). Il était aussi possible de prendre connaissance des puissances via les manuels du propriétaire, mais ce n’est plus le cas, sauf pour la Tesla Model 3. En revanche, la version américaine du document ne présente aucune valeur. Bref, seule solution pour établir une hiérarchie au sein de la gamme ? Se procurer les fiches d’homologation des Tesla. Ce que la rédaction d’Automobile Propre a eu l’occasion de faire en totale exclusivité après enquête.
Ces fiches, produites par les autorités, permettent de prendre connaissance des puissances homologuées des voitures, thermiques ou électriques, exprimée en Horsepower. Si elles ne sont pas forcément réelles (c’est parfois plus, c’est parfois moins), il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là des valeurs parfaitement officielles et rigoureusement annoncées par les constructeurs : nous avons pris soin de vérifier les données pour 10 autres voitures et 5 déclinaisons, soit plus qu’il n’en faut pour être sûr de ces informations. Comme l’indique Ford sur son site américain, il s’agit ici de la puissance maximale mesurée au moteur, avec une batterie au meilleur de ses capacités. Voilà qui nous permet donc de faire le point sur l’un des petits secrets des Tesla, et de comprendre certaines incohérences.
Et la première d’entre elles, et non des moindres, concerne la Tesla Model S Plaid, qui n’a pas peur d’afficher sa puissance sur la page d’accueil du site. Seulement, le constructeur a oublié, volontairement ou non, de faire la conversion des valeurs : la berline ne peut pas avoir à la fois 1 020 ch et 1 020 hp, comme le présentent les sites US et FR. Soit les 1 020 hp équivalent à 1 034 ch, soit la Tesla Model S développe 1 006 hp. Et c’est bien cette dernière valeur qui est retenue par l’administration, comme le révèlent les documents en notre possession. Une puissance qui correspond donc bien à 1 020 ch (750 kW) dans notre système de mesure. La majorité des Américains ne feront pas le deuil de 14 hp, hormis les plus pointilleux, mais la marque d’Elon Musk n’a étonnamment pas pris soin de faire le changement, au contraire du 0 à 100 km/h qui n’a pas été oublié.
À lire aussiEssai exclusif – Nouvelle Tesla Model S Grande Autonomie : la reine est morte, vive la reinePlus étonnant encore, le Tesla Model X Plaid ne disposerait pas de la même puissance, alors qu’il profite de la même configuration mécanique que la berline éponyme. Puissance retenue ? Quelque 938 ch (690 kW), soit un déficit de 82 ch ! Et si nous pensions tout d’abord à une mesure préliminaire (ce qui peut expliquer parfois des puissances plus faibles), le Model X a été mesuré comme un véhicule de série après la Model S.
L’écart est toutefois bien plus mesuré, pour ne pas dire insignifiant, avec les déclinaisons Grande Autonomie. La Tesla Model S Long Range propose ainsi 671 ch (494 kW) exactement, soit 9 ch de moins que notre estimation lors de son premier essai en Californie. Le Model X équivalent plafonne à 669 ch. Voilà qui correspond donc à peu près aux 670 ch annoncés en bas de la page de présentation du modèle sur le site de la marque.
Mais il n’est pas le seul SUV à présenter moins de puissance que son pendant berline. C’est aussi le cas du Tesla Model Y Performance, que nous avons pu essayer tout récemment dans le cadre du Supertest Automobile Propre. Lors de l’exercice des reprises (2,6 s au meilleur de sa forme en mode Sport), le SUV américain faisait presque aussi bien que le Ford Mustang Mach-E GT, plus lourd et moins puissant. Certes, il ne faut pas ignorer les valeurs de couple ici, mais tout de même. Et en y regardant de plus près, cette version Performance ne sortirait que 424 ch (312 kW) de ses quatre roues motrices. Ce qui correspond à 29 ch de plus que la version Grande Autonomie (395 ch), elle aussi équipée de deux moteurs électriques et de la même batterie.
En face, la Tesla Model 3 Performance est créditée de 436 ch (321 kW). Ce qui équivaut ici à 38 ch de plus que la Tesla Model 3 Grande Autonomie, et ses 398 ch, elle aussi dans sa dernière version homologuée (année modèle 2022). Cela représente 51 ch et 58 ch de moins respectivement que les modèles 2020. La Tesla Model 3 SR+, elle, est passée de 286 ch à 269 ch (198 kW) avec son dernier millésime.
Puissance totale en ch/PS | Puissance totale en kW | |
Tesla Model 3 SR+ | 269 | 198 |
Tesla Model Y Long Range | 395 | 291 |
Tesla Model 3 Long Range | 398 | 293 |
Tesla Model Y Performance | 424 | 312 |
Tesla Model 3 Performance | 436 | 321 |
Tesla Model X Long Range | 669 | 492 |
Tesla Model S Long Range | 671 | 494 |
Tesla Model X Plaid | 938 | 690 |
Tesla Model S Plaid | 1020 | 750 |
Voici donc les puissances de toutes les Tesla de la gamme, telles qu’elles devraient être affichées sur les plaquettes si Tesla décidait de les communiquer officiellement. Mais précisons qu’elles ne sont qu’indicatives, et ne reflètent que celles mesurées par l’administration. Si c’est moins le cas avec les Model S/X, rappelons que les Model 3/Y peuvent disposer de moteurs différents selon les besoins de la production. De plus, précisons que la batterie utilisée (et notamment sa chimie), qui dépend du lieu de production, peut faire varier la puissance finale.
En l’état actuel des choses, il est difficile d’affirmer qu’une Tesla Model 3 puisse faire exactement la même puissance que celle du voisin. Ce n’est pas toujours le cas avec les thermiques, alors avec les électriques… Car rappelons que différents facteurs peuvent influencer la puissance disponible. Ford précise par exemple que les résultats observés par les propriétaires curieux peuvent varier. Volkswagen joue la carte de la transparence sur les communiqués fournis lors des présentations presse. Lors de notre prise en main du Volkswagen ID.5 GTX (299 ch), nous pouvions ainsi lire en bas de page : « La puissance disponible dans une situation de conduite donnée dépend de facteurs variables tels que la température extérieure, le niveau de charge, le conditionnement et le vieillissement physique de la batterie haute tension. Pour que la puissance maximale soit disponible (299 ch/220 kW NDLR), la température de la batterie haute tension doit notamment être comprise entre 23 et 50 °C et celle-ci doit être chargée à plus de 88 % ».
Il n’en demeure pas moins que les Tesla ont cette tendance à avouer un peu plus de puissance « qu’annoncé ». C’est le cas par exemple du Model Y Performance, capable de développer plus de 500 ch sur un banc. Une Model S Plaid a même eu l’occasion de produire 1 116 ch (1 101 hp), sur le même type de banc à moyeux. Soit un surplus de puissance de 10 à 20 % par rapport aux fiches d’homologation. Voilà qui explique les résultats obtenus avec la Tesla Model S P85D de 2015, alors créditée officiellement de… 455 ch selon ces documents.
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