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Essai Peugeot e-2008 jusqu’à la panne : quelle autonomie sur petites routes ?

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Sur autoroute, sur le périphérique parisien… les tests d’autonomie de voitures électriques oublient parfois les petites routes nationales et départementales. Pourtant, ces axes sont les seuls à permettre les déplacements de très nombreux automobilistes. Nous avons ainsi souhaité connaître l’autonomie maximale de la version électrique du Peugeot e-2008. A t-il pu atteindre les 320 km annoncés avant la panne ? La réponse est à lire dans notre essai.

Du simple au double, l’autonomie d’une voiture électrique varie fortement selon la route empruntée. Elle est considérablement éloignée de l’estimation officielle communiquée en cycle mixte WLTP si l’on roule sur autoroute à vitesse élevée. A l’inverse, sur un axe urbain encombré, il est aisé de la dépasser. Sur les routes départementales et petites nationales, l’autonomie devrait donc logiquement respecter le chiffre annoncé. C’est ce que nous avons tenté de savoir à bord d’un Peugeot e-2008.

La version électrique du SUV est commercialisée depuis début 2020. Grâce à sa batterie de 50 kWh nominaux pour 46 kWh utiles, le Peugeot e-2008 revendique 320 km d’autonomie en cycle mixte WLTP. Le pack alimente un moteur d’une puissance de 100 kW (136 ch) pour 260 Nm de couple. Il se recharge en 7 h sur une wallbox 7,4 kW ou 5 h avec l’option 11 kW facturée 300 €. Sur les bornes ultra-rapides, le SUV accepte jusqu’à 100 kW, soit une charge de 0 à 80 % en environ 30 minutes.

A l’aise sur petites routes

Au départ, notre Peugeot e-2008 affiche un niveau de batterie de 99 %. Malgré plus d’une heure d’attente à cet état, nous n’avons pas pu atteindre les 100 %. Le tableau de bord annonce 270 km d’autonomie restante, loin des 320 km annoncés. C’est normal car l’estimation est basée sur le type de conduite du précédent utilisateur. Il faut donc avoir confiance pour se lancer sur l’itinéraire que nous avons choisi : un aller-retour de 310 km entre Chatou dans l’ouest parisien et Bellême dans l’Orne, exclusivement réalisé sur routes nationales et départementales.

Un trajet idéal pour tester l’autonomie : la vitesse limite n’y est jamais supérieure à 90 km/h. Les nombreuses traversées de villages à 30 ou 50 km/h ainsi que les tronçons de route placés à 70 ou 80 km/h favorisent fortement la sobriété. Le Peugeot e-2008 est d’ailleurs très à l’aise dans cet environnement rural et peri-urbain. Les nids-de-poule et aspérités sont franchis sans trop de secousses, les suspensions étant assez souples. Sur les quelques virages serrés de l’itinéraire, la tenue de route s’est montrée irréprochable. La batterie intégrée au plancher contribue à la stabilité en abaissant le centre de gravité du véhicule. Le moteur offre de belles accélérations grâce à son couple instantané. Sans être scotchante, elle est suffisamment vive pour dépasser rapidement et sûrement les quelques tracteurs et convois exceptionnels qui jalonnent notre trajet.

Tableau de bord à améliorer

A bord, le confort est satisfaisant malgré notre gabarit (1,90 m). La position de conduite surélevée permet de porter le regard plus loin que dans une citadine. C’est un avantage notable sur les petites routes, ou des obstacles surviennent bien plus souvent que sur autoroute. Le petit volant est facile à prendre en main et soulage bras et épaules sur les longs trajets. Bien réglé, il n’obstrue pas la vue sur le tableau de bord i-Cockpit. Si sa lecture est claire et facile, ce dernier mérite toutefois de nombreuses améliorations.

On regrette notamment l’absence de l’affichage du pourcentage de batterie restante. Il faut en effet se contenter d’une simple jauge à segments et d’une indication d’autonomie en kilomètre pour connaître le niveau de batterie. Cette information est pourtant indispensable. Elle est communiquée par la quasi-totalité des appareils à batterie (smartphone, ordinateur, chargeur mobile…), pourquoi pas sur une voiture électrique ? Sur le Peugeot e-2008, elle apparaît seulement quelques secondes lors du branchement du véhicule à une borne de recharge.

Le tableau de bord étonne également par la volatilité et le manque de précision de l’autonomie restante estimée. Elle évolue par palier de 20 kilomètres et varie trop fréquemment, à la hausse comme à la baisse, malgré une conduite constante. Pour un conducteur novice, cela peut générer un stress inutile et une incompréhension de la technologie électrique. L’estimation a tendance a être pessimiste, même avec une batterie pleine, d’où l’importance d’afficher le pourcentage de batterie qui est une information stable et plus fiable.

A droite du tableau de bord, l’écran d’infodivertissement rattrape ces quelques manquements. Orienté vers le conducteur, il est large, de bonne définition et très réactif. On y connecte facilement notre téléphone via Android Auto pour utiliser nos propres applications de navigation.

Plus adaptées à la conduite sur autoroute, les aides à la conduite telles que le régulateur de vitesse adaptatif et l’aide au maintien dans la voie fonctionnent plutôt bien sur routes nationales. C’est une assistance bienvenue qui nécessite toutefois de rester vigilant, notamment lorsque le marquage au sol disparaît ou est dégradé.

Un mode tortue rassurant

Arrivés à Bellême, à mi-chemin, la Peugeot e-2008 nous permet d’être confiants. Il reste un peu plus de 50 % d’autonomie selon la jauge après avoir parcouru 152 km. La consommation moyenne est de 15,1 kWh/100 km pour une vitesse moyenne d’environ 60 km/h. Sans recharger, nous faisons demi-tour pour rejoindre notre point de départ.

La première alerte affichée sur le tableau de bord survient alors qu’il reste 26 km d’autonomie estimée. Un message « niveau batterie faible » apparaît sur fond orange pendant quelques secondes. Nous avons roulé 270 km jusque-là et boucler le trajet semble désormais plus compliqué. Il reste environ 15 % dans la batterie, il nous faut envisager de charger sur une autre borne que celle du départ. Un coup d’oeil sur l’application Chargemap permet de nous rassurer en constatant la présence d’un grand nombre de points de charge à proximité.

Nous devons finalement marquer l’arrêt sur une borne à 14 petits kilomètres de l’arrivée. Après de nombreux avertissements, le Peugeot e-2008 troque maintenant l’estimation d’autonomie pour trois segments horizontaux. Une nouvelle alerte indique « niveau batterie critique : performances réduites » accompagné de signaux sonores répétés très régulièrement. Le SUV bride considérablement sa puissance et les accélérations deviennent extrêmement lentes. Ce « mode tortue » permet cependant de rejoindre le point de charge dans de bonnes conditions sur petites routes. Nous avons pu rouler à 80 km/h sur environ 5 km avant d’y parvenir. Sur autoroute, il faudra être très prudent et ne pas tenter de dépassement ni d’insertion dans cette situation.

300 km d’autonomie réelle ?

Au branchement, le e-2008 affiche « 0 % » de batterie restante. Nous avons consommé un plein complet après avoir parcouru 305 km. La performance est satisfaisante, proche des 320 km promis par le cycle mixte WLTP. D’autant que la consommation moyenne est particulièrement sobre : 14,6 kWh/100 km. Le SUV électrique du lion franchit donc de justesse la barre symbolique des 300 km d’autonomie réelle sur petites routes. Un rayon d’action largement convenable pour la majorité des usages quotidiens. Le e-2008 peut même satisfaire les plus grosses tournées d’un soignant libéral avant d’être rechargé le soir.

Si son gabarit le rend moins agile dans les grandes villes, le SUV est très à l’aise en zone rurale. Son autonomie est optimale sur routes nationales et départementales. Il est également plus facile à recharger hors des villes, l’habitat individuel offrant un accès aisé à la prise. Si les performances ne sont plus un obstacle, le prix demeure un frein majeur à son adoption. Le Peugeot e-2008 démarre à 37.100 € hors bonus écologique de 7000 €. Même en déduisant le bonus, l’électrique reste 8150 € plus coûteux que la version essence la moins chère du Peugeot 2008.

Pour les gros rouleurs, l’écart peut toutefois être rapidement compensé par les économies de carburant. Sur un an, un automobiliste parcourant 25.000 km dépensera environ 2000 € de sans plomb 95 (au prix moyen actuel), contre un peu moins de 600 € d’électricité s’il recharge à domicile, voir 500 € s’il exploite les heures creuses. Le calcul mérite donc d’être creusé avant de choisir la motorisation de son prochain véhicule.

Bilan de l’essai

On a aimé
  • L’autonomie réelle sur petites routes, qui dépasse le seuil des 300 km
  • Le confort de conduite : position surélevée, petit volant et habitabilité
  • Le bon réglage des suspensions
On a moins aimé
    • L’absence d’affichage du pourcentage de batterie restant
    • Les indications aléatoires de l’estimation d’autonomie
    • Le tarif élitiste

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