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Les propriétaires de voiture électrique nous le prouvent tous les jours : traverser la France n’est pas un problème. Mais qu’en est-il dans le reste de l’Europe ? Peut-on facilement aller jusqu’en Écosse, rejoindre des grandes villes d’Europe Centrale, ou même s’aventurer sur les pistes islandaises ? Trois électromobilistes ont accepté de partager leur expérience de recharge à l’étranger en témoignant. Voici le récit de Jean-Michel, troisième et dernière partie d’un triptyque consacré aux incroyables roadtrips réalisés cet été en électrique.
Après avoir fait le tour d’Europe Centrale en compagnie d’Armand, après avoir visité les Highlands en Écosse grâce à Daniel, nous voici lancés à l’assaut d’une île nichée entre la Norvège et le Groenland : l’Islande. Notre capitaine de bord se prénomme Jean-Michel, et il rêvait de cette destination depuis des années. Ainsi, lui et sa femme ne se sont pas laissés intimidés par la distance à parcourir : 8 200 km, sans compter le bateau. Cinq semaines durant, ce sont des paysages à couper le souffle qui les ont accompagnés, avec en prime une escale surprise en milieu de parcours, le tout au volant d’un Skoda Enyaq !
Si aujourd’hui les entreprises commencent doucement, mais sûrement, à passer à l’électrique pour leur flotte d’entreprises, ce n’était pas le cas il y a encore 10 ans. À cette époque, seule une poignée de pionniers s’y risquait. C’est le cas de Jean-Michel, ancien gérant d’une société d’ambulanciers, qui, en 2014, n’a pas hésité à opter pour une Renault ZOE, à même de réaliser certaines courses dans le cadre de transport dit sanitaire (VSL). « Mon idée c’était d’avoir des voitures électriques très vite dans mon entreprise et j’ai eu le premier véhicule électrique dans les Landes ». En 2020, lorsqu’il a fallu changer la voiture essence du foyer, c’est donc tout naturellement qu’il s’est orienté vers une voiture électrique, en l’occurrence une Hyundai Kona, en 64 kWh. « On était absolument fan, c’est vraiment une voiture formidable ». Seul hic : l’impossibilité d’y mettre un attelage, pourtant bien pratique pour transporter une remorque jusqu’à la déchetterie. C’est pourquoi en fin de LLD, il a opté pour un Skoda Enyaq en version 60 kWh, en achat comptant cette fois. Touché à un bon prix, c’est d’ailleurs la belle remise accordée qui lui a fait choisir ce véhicule plutôt qu’un autre, alors même qu’à la base il aurait préféré un modèle plus compact, plus efficient. D’autant que, par rapport au Kona, l’Enyaq a moins d’autonomie. « En hiver, j’ai pris une douche froide, parce qu’il est difficile de dépasser les 300 km ». Autre point de déception, les nombreux bugs présents sur la première version du logiciel embarqué. « Heureusement, avec la version 3, ça commence à sérieusement s’améliorer, surtout la charge. La puissance moyenne se situe maintenant entre 60 et 70 kilowatts ce qui est suffisant pour recharger de 20 à 80% sans perdre trop de temps ». Pour le reste, le véhicule est extrêmement confortable et pratique. De quoi voyager sereinement !
Avec ses 3,4 habitants au kilomètre carré, l’Islande fait la part belle aux étendues sauvages. Terre de feu et de glace, c’est une destination privilégiée de tous les amoureux de nature, et elle figurait depuis des années dans la to do list de Jean-Michel et de son épouse. L’âge de la retraite leur aura permis de réaliser leur rêve, eux qui ne sont pas des grands adeptes de l’avion. « J’ai vu qu’il y avait un ferry qui allait en Islande, et donc, je me suis renseigné sur ce bateau, et en fait, il faisait escale aux îles Féroé. C’est là que je me suis rendu compte que c’était une destination absolument extraordinaire, et ça aurait été dommage de passer à côté, sans s’y arrêter ». Les voilà donc partis de Dax, direction le Danemark pour embarquer sur le bateau, avec un stop aux îles Féroé donc, avant de rejoindre l’Islande pour en faire le tour.
Évidemment un tel roadtrip demande un peu de préparation, ne serait-ce que pour vérifier que des bornes sont bien présentes partout sur le trajet. « En recherchant un petit peu sur Internet, je me suis rendu compte que très peu d’électromobilistes faisaient des retours sur l’Islande. En revanche, on voit maintenant des voyagistes qui louent des voitures électriques pour faire des autotours, avec des Tesla par exemple. Et j’ai vu, au travers de Chargemap ou de sociétés de recharge islandaises comme ON Power, qu’il y a des bornes un peu partout ». Mais si cela ne s’avère pas totalement étonnant pour une île touristique comme l’Islande, il faut bien avouer que pour les Îles Féroé cela a de quoi questionner. « C’est tout petit, c’est un archipel de 18 îles qui fait 70 km de long en tout, avec uniquement des petites routes départementales sur lesquelles il y a quatre stations de 50 kilowatts de puissance. Après ça, il y a plusieurs stations de 22 kilowatts qu’on trouve un peu partout. Par exemple, devant toutes les banques, il y a une borne de recharge. Je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais c’est très intelligent ! ». A noter qu’un seul réseau est présent là bas, nommé SEV, pour lequel il faut obligatoirement passer par son application pour réaliser ses recharges. A noter également que, durant la semaine qu’ils ont passée à visiter les Îles Féroé, l’autonomie de l’Enyaq ne leur a posé aucun problème au regard des distances à parcourir.
Reste que pour atteindre cette première escale, il a évidemment fallu traverser la France, la Belgique, l’Allemagne et le Danemark. Passer par la case recharge a donc été nécessaire une dizaine de fois environ. « Nous ne sommes pas partis en nous disant « voilà on va s’arrêter ici, là, puis encore là ». Non, on était sur la route et puis on s’arrêtait là où on avait besoin. Du coup, ce qu’il se passait, c’est qu’on commençait à regarder sur Chargemap une heure avant de s’arrêter où est-ce qu’il y avait une borne sur notre trajet, et on y allait. Il faut aussi préciser qu’en fait, à chaque fois qu’on s’arrêtait, c’était soit l’heure de manger, soit on en profitait pour faire des courses. Donc au final, des arrêts spécialement pour recharger, il n’y en a pas vraiment eus ». Une stratégie que l’on retrouve souvent dans les témoignages de trajets au long cours, et qui permet de masquer considérablement les temps d’attente. « Certes en électrique c’est un petit peu plus long, mais ce n’est pas sensible. Il y a d’autres événements comme un bouchon, des travaux, une déviation, des choses comme ça, qui peuvent altérer de manière plus importante le trajet. La différence de temps entre thermique et électrique est négligeable par rapport à ces événements-là quand ils se produisent ». D’autant que sur plus de 8 000 km, la probabilité que ce genre de scénario arrive est relativement élevée !
Si vous êtes déjà allé en Islande en avion, vous avez forcément atterri à Keflavik, non loin de la capitale Reykjavik, située à l’ouest de l’île. Une zone relativement peuplée, où les routes y sont excellentes. A l’inverse, lorsque vous décidez d’y aller en ferry, le débarquement se fait à l’est cette fois, dans un tout autre environnement. « On est sorti du bateau, on a fait 40km et boum, la piste. je ne m’y attendais pas tout de suite. Au début, je n’avais pas enlevé l’ESP et ça patinait. Du coup j’ai commencé à paniquer, puis en fait j’ai enlevé l’ESP et c’est passé tout seul. Mais même en restant sur des pistes accessibles, j’avais quand même un petit peu peur de ramasser un caillou en dessous, sur la batterie. Au final on a mangé un peu de poussière et puis ça s’est bien passé ». Heureusement, la route principale (connue sous le nom de Ring Road, ou N1) est, elle, bien goudronnée, et parfaitement roulable avec n’importe quel véhicule. Seules les routes dites F sont interdites à toute voiture qui ne soit pas véritablement 4×4. Il s’agit principalement de routes de montagnes. D’ailleurs, ces axes sont bien souvent fermés durant la mauvaise saison (de novembre à avril). En fait, ce qu’il y a de plus compliqué en Islande, c’est de choisir ce que l’on veut voir, tellement il y a de possibilités. Car en deux semaines sur place, impossible de tout faire. « On pourrait rester des mois tellement il y a des choses extraordinaires à découvrir. En travaillant sur les guides, sur les blogs, sur les récits voyages et autres, en fait, j’ai créé un roadbook, une cinquantaine de pages avec chaque jour, telle étape, telles choses à voir. On s’est fait notre propre autotour en quelque sorte. Sauf qu’on ne s’est pas forcément tenu à ça, d’ailleurs, parce qu’il y avait vraiment beaucoup à voir… ».
Bon, et la voiture électrique dans tout ça ? Comment cela se passe de ce point de vue en Islande ? « Des voitures électriques, il y en a beaucoup. Il y a deux ou trois compagnies qui s’occupent de la recharge. Moi j’ai beaucoup chargé sur On Power qui est la société principale. Cela se fait très très facilement. Il y a du réseau partout auprès des bornes. En fait, à chaque fois qu’il y a une borne, il y a du réseau, je ne sais pas comment ils font. Donc ça, ce n’est vraiment pas un problème ». A noter qu’en Islande (comme aux îles Féroé), la grande majorité des stations de recharge ont une puissance de 50 kW, et n’ont qu’une ou deux prises, excepté dans les grandes villes, comme Reykjavik, où on trouve même des superchargeurs Tesla ouverts à la concurrence. « Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’il y a des hôtels tout au long de la Nationale 1, qui fait le tour de l’île. Et sur les parkings de ces hôtels, il y a souvent des bornes. Par contre, elles sont un petit peu plus chères que les bornes publiques. Sinon, on commence aussi à voir des maisons d’hôtes qui s’équipent ». La charge à destination semble donc être en plein développement, alors même qu’il y a encore quelques années ce n’était pas le cas. Au final, et à l’image des pays nordiques comme la Norvège, l’Islande est donc belle et bien adaptée au roadtrip en voiture électrique !
Ce qui est intéressant aussi avec le témoignage de Jean-Michel et de son épouse, c’est de constater que, sur autant de kilomètres, les péripéties s’avèrent finalement très rares. On pourrait se laisser aller à penser qu’il y a forcément des moments où cela a été la galère au niveau de la recharge par exemple, mais en réalité, nos aventuriers n’avaient qu’une seule anecdote à raconter. « Il y a une fois où on est tombé sur un cas très particulier. C’était un samedi soir, finale de foot régionale dans un petit village au nord de l’Islande. On est arrivé dans ce village et en fait il y avait plein de voitures électriques, une voiture sur deux, ou sur trois peut-être, c’était impressionnant. Donc on était en début de soirée, on a fait un petit tour du village comme on avait l’habitude de faire, et puis on va à la borne, et là catastrophe. Il y avait la queue car tout le monde souhaitait charger pendant le match de foot. On est donc tombé au mauvais moment, au mauvais endroit comme on dit. Bon, mais ça c’est très vite résolu parce qu’en fait on était hébergés à 4 km de là, et il y avait une autre borne à la mairie sur laquelle ils devaient brancher la voiture municipale. Et comme elle n’était pas là et qu’il y avait un lecteur de cartes, j’ai passé ma carte Skoda Pass, et ça a déverrouillé la borne, donc j’ai pu un peu charger à une puissance de 11 kW ».
Outre les aléas de la recharge, on pourrait aussi se dire que l’électrique sur long trajet est plus onéreux que le thermique. Or là aussi, il semble que cela ne soit pas forcément le cas. « Au total, le budget recharge a été d’environ 500 euros. Cela fait 6 euros au 100 kilomètres ». Un prix bon marché qui peut s’expliquer ici par l’utilisation majoritaire du PowerPass de Skoda permettant d’avoir des tarifs préférentiels aux bornes via un abonnement. « A noter que si on peut se plaindre occasionnellement de la fiabilité des chargeurs, c’est aussi valable pour les exploitants puisque certaines charges ne m’ont pas été facturées ! ».Une petite cerise sur le gâteau en quelque sorte. Dans tous les cas, comparé au même voyage en avion avec location d’une voiture sur place, il n’y a pas photo en ce qui concerne le coût total. Sans parler du fait que le trajet en ferry aura permis de visiter les îles Féroé, ce qui n’aurait pas été le cas en avion. « Nous avons fait un merveilleux voyage et nous avons des montagnes de souvenirs ». Jean Michel et son épouse réfléchissent d’ailleurs à leur prochaine destination. « Là, on envisage d’aller en Hongrie l’année prochaine. Donc Italie, Slovénie, Hongrie et retour par l’Autriche. On a aussi dans l’idée d’aller dans le sud du Portugal, et là il y a 4 000 km aller/retour ». De beaux roadtrips en perspective donc !
Voilà de quoi, peut-être, vous donner des idées de voyage ! Une chose est sûre, les témoignages d’Armand, de Daniel, et de Jean-Michel démontrent une fois de plus que les voyages en voiture électrique au-delà des frontières nationales sont plus que réalisables. Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, d’autres témoignages sont à retrouver sur Automobile propre, comme celui de cette famille partie à 7 avec tente et caravane en Suède en Volvo C40. Enfin, si vous aussi vous souhaitez partager votre expérience de la voiture électrique, n’hésitez pas à nous envoyer un mail via le formulaire de contact. En attendant, bonne route à toutes et à tous !
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