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Parmi les critiques dont la mobilité électrique fait trop souvent l’objet il est notamment reproché aux constructeurs d’utiliser des ressources produites en violation des droits humains. Après d’autres constructeurs comme BMW et Ford, le groupe Volkswagen mise aujourd’hui sur la blockchain pour mieux tracer l’origine des métaux stratégiques comme le cobalt.
Lors d’un sommet mondial consacré à la mobilité électrique qui s’est récemment tenu à Oslo, Amnesty International a mis au défi les constructeurs de véhicules électriques (VE) de produire dans les cinq ans à venir la première batterie totalement éthique. « Trouver des solutions efficaces à la crise climatique est un impératif absolu et les voitures électriques sont une part importante de cette réponse. Cependant, sans changements radicaux, les batteries qui alimentent ces véhicules verts continueront d’être ternies par des atteintes aux droits humains », a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International. « Les grandes multinationales qui dominent l’industrie de la voiture électrique ont les ressources et l’expertise nécessaires pour créer des solutions énergétiques réellement propres et équitables, et nous les mettons au défi de revenir l’an prochain à Oslo avec des preuves d’un réel progrès » a-t-il ajouté.
Comme on le sait, la plupart des batteries lithium-ion utilisées notamment dans les VE contiennent du cobalt. Or plus de la moitié des ressources mondiales en cobalt proviennent de la République démocratique du Congo où 20 % des mines sont exploitées artisanalement, à la main, dans des conditions sanitaires déplorables. Certaines emploient des enfants. Bien qu’Amnesty ni aucune autre organisation n’ait jamais prouvé que du cobalt utilisé dans les VE provienne de ces mines où les droits humains sont violés, la probabilité qu’il en soit ainsi est réelle.
Depuis 2016 – année au cours de laquelle Amnesty a tiré la sonnette d’alarme – l’ONG a toutefois noté des progrès et elle constate que des grandes entreprises comme BMW, Renault, le groupe Daimler (constructeur des Mercedes) et le fabricant de batteries Samsung SDI, ont publié des données sur leurs chaînes logistiques. Dans un article précédent nous avons aussi fait état des initiatives prises par Tesla pour réduire drastiquement l’utilisation de cobalt et n’utiliser que des matières premières « responsables ». Le constructeur californien vient d’ailleurs de publier un nouveau rapport sur l’impact environnemental de ses activités dans lequel il aborde la question de la durabilité de ses approvisionnements notamment pour ce qui concerne le cobalt et les autres métaux stratégiques.
Le groupe Volkswagen, premier constructeur mondial de véhicules automobiles, ne compte visiblement pas rester dans l’ombre puisqu’il annonce à son tour des initiatives pour assurer la traçabilité de ses fournitures en matières premières stratégiques. Il faut bien avouer que la tâche n’est pas aisée car entre le moment où ils sont extraits dans une mine et celui où ils sont incorporés dans une batterie, le cobalt et les autres métaux utilisés passent par toute une série de sociétés intermédiaires tels que les traders, les fondeurs, les raffineurs, les fabricants de cathodes, puis de cellules, etc. C’est pourquoi VW mise sur la technologie de la blockchain pour garantir la transparence sur ses approvisionnements. Pour ce faire le constructeur a opté pour la solution open source IBM Blockchain Hyperledger hébergée par la Fondation Linux.
Cette technologie est notamment utilisée par les entreprises de l’industrie agro-alimentaire où la traçabilité des matières premières au cours de toute la chaîne de production est d’une importance vitale.
Technologie relativement récente, la blockchain est utilisée dans de nombreux domaines – comme par exemple le minage de monnaies virtuelles – pour assurer la transparence de transactions. Celles-ci sont codées dans des blocs de données numériques connectés les uns aux autres pour en faire une chaîne irréversible et immuable, ce qui empêche toute fraude par altération de blocs ou incorporation de blocs « pirates ».
Outre Volkswagen, ce réseau de blockchain est utilisé par d’autres sociétés telles que Ford Motor Company, LG Chem (fabricant de cellules pour batterie) et Huayou Cobalt (fournisseur chinois de cobalt). Basé sur une structure ouverte, il espère attirer des entreprises d’autres secteurs comme l’aéronautique, l’électronique et l’industrie minière.
Pour Volkswagen, cette technologie vient en complément d’autres pratiques déjà mises en place par le groupe en matière d’évaluation et d’audit des fournisseurs telles qu’elles sont préconisées par les normes de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Cet ensemble de mesures devrait permettre à Volkswagen de démontrer que ses batteries ne sont pas entachées de violation des droits humains. Si tous les autres constructeurs suivent l’exemple on peut espérer qu’Amnesty International se consacre dorénavant à vérifier si les producteurs de pétrole comme l’Arabie, la Libye, l’Irak, la Russie et le Venezuela sont blanc comme neige en la matière.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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