La suite de votre contenu après cette annonce
Malgré quelques annonces flamboyantes, les exportations de voitures électriques chinoises semblent marquer le pas depuis le début de l’année, avec une tendance nettement à la baisse en février.
Serait-ce déjà la fin de la lune de miel, si toutefois elle a jamais existé ? Contre toute attente, en février 2025, les exportations de voitures électriques chinoises ont marqué un net recul, avec une diminution de 18 % par rapport à l’année précédente, et même près de 50% sur certains marchés, selon les chiffres de la Douane chinoise rapportés par nos confrères de Bloomberg (article payant). Seulement 92 625 unités ont été vendues à l’étranger, contre une tendance de croissance qui paraissait jusque-là inébranlable. Un repli surtout visible en Europe et en Asie, qui interroge sur la capacité des constructeurs chinois à réellement conquérir des marchés étrangers.
À ce sujet, même s’il est difficile de trouver un chiffre précis et vérifiable, rappelons que plus de la moitié des ventes de voitures électrifiées de marques chinoises se fait sur le marché domestique. Ce ratio grimpe même à plus de 85% pour le géant BYD, En décembre 2024, BYD n’a réalisé que 12% de ses ventes sur le marché extérieur, ce qui souligne la difficulté pour les constructeurs chinois à maintenir leur dynamique d’exportation.
Encore plus étonnant : la part de marché des nouvelles immatriculations de voitures électriques chinoises en Europe est tombée à son plus bas niveau depuis deux ans. Selon les données de Dataforce, seuls 6,9 % des immatriculations de véhicules 100 % électriques enregistrées en février dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et dans les pays de l’AELE concernaient des marques chinoises. C’est un net repli par rapport aux 7,8 % de janvier, et le plus bas niveau observé depuis février 2023. Un tassement d’autant plus marquant qu’il intervient alors que les ventes de voitures électriques ont progressé de 26 % sur un an dans la région.
Plus largement, la part de marché des voitures électriques chinoises en Europe reste très faible, avec une moyenne se situant aux alentours de 5 %. Si l’on regarde un peu plus en détail dans les principaux pays de l’UE, L’Espagne mène la course en tête avec 10%, le Royaume-Uni est à 7 %, les Pays-Bas et l’Italie à 6 %, et la France à 5 %.
Parmi les principales causes probables de cette baisse, l’introduction de droits de douane supplémentaires par l’Union européenne l’an dernier, qui a fortement ralenti la progression des constructeurs chinois. Ces taxes, qui peuvent atteindre jusqu’à 45 %, pèsent particulièrement sur certains acteurs comme MG. À l’inverse, BYD, moins exposée (27 % de droits au total), continue de gagner du terrain. Avec 4 436 véhicules immatriculés en février en Europe, BYD a presque doublé ses volumes par rapport à l’an dernier. Des marques comme Xpeng (+259 %) et Leapmotor (+5 840 %, même si cela partait de très bas) affichent aussi une belle dynamique. En revanche, MG chute de 67 % avec seulement 2 260 immatriculations.
Les chiffres de février 2025 montrent une baisse généralisée des exportations chinoises de voitures électriques, qui s’élèvent à 92 625 unités. Cette diminution de 18 % par rapport à février 2024 contraste avec les performances des années précédentes. L’Asie reste la première destination, avec 47 960 unités importées, mais enregistre tout de même un léger repli de 2,7 %. L’Europe suit avec 28 866 unités, soit une chute plus marquée de 30 %. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les importations sont quasi stables à 12 097 unités, avec une baisse minime de 0,3 %.
Si l’Europe est pour le moment le principal marché dans le viseur des constructeurs chinois, n’oublions pas que d’autres régions sont également concernées, avec moins de barrières à l’entrée. Cependant, l’Océanie voit par exemple ses importations diminuer de 11 %. L’Amérique du Nord, en revanche, subit un effondrement de 97 %, avec seulement 163 unités exportées, ce qui s’explique par le fait qu’aux États-Unis et au Canada, les droits de douane sur les véhicules électriques chinois ont été augmentés à 100% en 2024.
À lire aussiEssai : MG Cyberster, Grand Tourisme de masseSur les deux premiers mois de 2025, les exportations totales de voitures chinoises s’élèvent à 258 973 unités, en hausse de 4,3 % par rapport à 2024. Certes, on parle encore de croissance, mais d’une croissance annuelle qui reste toutefois bien en deçà des progressions enregistrées auparavant.
L’Europe, qui représentait le marché le plus prometteur pour les constructeurs chinois, montre des signes de recul significatifs. La Belgique, principal importateur européen, illustre cette tendance avec une baisse de 41 %, soit 10 105 unités. Le Royaume-Uni résiste mieux, avec une diminution plus modérée de 2,9 % et 8 362 unités importées, mais la tendance générale est à la baisse.
L’Union européenne a récemment introduit des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, en réponse à des subventions du gouvernement chinois perçues comme un avantage concurrentiel injuste. Ces taxes — décidément très à la mode par les temps qui courent — renchérissent les prix à l’importation, ce qui rend évidemment les modèles chinois moins attractifs face aux productions locales. On peut donc dire que, de ce point de vue, l’objectif des autorités de l’Union européenne semble atteint. D’autre part — et cette donnée n’entre généralement dans aucune statistique — il ne faut pas sous-estimer le sursaut « patriotique » de nos concitoyens, dont certains ne donneront jamais un centime à l’industrie automobile chinoise, privilégiant les marques européennes. C’est d’ailleurs peut-être le critère qui pèsera le plus lourd dans la balance, et qui fera — c’est notre pari — que la part de marché des voitures électriques chinoises en Europe restera relativement limitée.
Avec près de 48 000 unités importées en février 2025, l’Asie demeure le principal débouché pour les voitures électriques chinoises. Cependant, une baisse de 2,7 % par rapport à 2024 indique un léger essoufflement. Les Philippines, avec 8 225 unités, enregistrent un recul de 0,9 %, tandis que la Thaïlande voit ses importations diminuer de 17 %, à 6 252 unités. L’Indonésie fait exception avec une progression de 79 % et 5 737 unités, mais cette hausse ne suffit pas à inverser la tendance régionale. En Corée du Sud, la baisse est 51 %, alors que des constructeurs comme Kia et Hyundai continuent à développer rapidement des gammes attractives, ce qui freine quelque peu les importations chinoises dans ce pays. Il se dit aussi que le marché souffrirait dans certains pays asiatiques d’un manque d’adéquation entre l’offre de voitures électriques et l’infrastructure de recharge, à la traîne, ce qui aurait pour effet de refroidir l’enthousiasme d’éventuels acheteurs.
Mais le tableau reste quand même à nuancer, et quelques marchés émergents offrent un boulevard aux voitures chinoises. En Amérique latine, le record appartient au Mexique, qui se démarque avec une envolée de 623 % des importations, atteignant 7 847 unités en février 2025. L’Indonésie connait une progression de 79%, et la Turquie, de 131%. En Amérique du Sud, le Brésil est également un cas intéressant, avec des chiffres massifs en faveur les constructeurs chinois. Car bien que l’électrification des transports n’en soit qu’à ses débuts, les ventes de voitures électriques y progressent rapidement. Près de 55 000 véhicules particuliers électriques ont été immatriculés au Brésil durant le premier semestre 2024, soit 5,3 % des ventes de voitures neuves sur la période, et une croissance de 133% par rapport à l’année précédente. Une bonne raison à cette croissance : alors que les tensions commerciales avec l’Union européenne et les États-Unis ont entraîné la mise en place de barrières et la réduction des incitations fiscales, le Brésil n’a instauré aucune restriction de ce type. Résultat, avec 126 000 unités vendues dans ce pays en 2024, la part de marché des voitures électriques chinoises au Brésil est de… 82% ! Et devinez qui se taille la part du lion dans ce festin ? BYD, évidemment, avec 70% du total des ventes de VE. Autre tendance intéressante au Brésil : alors que les hybrides rechargeables représentaient encore 58% des ventes de voitures électrifiées en 2022, elles sont devenues minoritaires en 2024 avec 48% des ventes.
En Europe, la situation reste donc incertaine pour les marques chinoises, qui doivent composer avec des barrières tarifaires et une concurrence locale bien organisée. Et même le recul de Tesla, affaibli par des polémiques autour d’Elon Musk, n’a pas suffi à leur offrir une fenêtre d’opportunité durable. Si BYD semble aujourd’hui solidement installée, la compétition reste vive. De plus, l’arrivée imminente de la version restylée du Tesla Model Y pourrait rebattre les cartes.
À lire aussiEssai : BYD Atto 2, un SUV urbain électrique bien bétonnéQue faut-il déduire de ces chiffres ? Que les constructeurs chinois ne renonceront certainement pas à leurs ambitions de conquérir de nouveaux marchés, d’autant que leur offre pléthorique adressant tous les segments est de nature à s’adapter à la demande partout dans le monde, quitte à revoir leur offre au profit de l’hybride, et au détriment du 100% électrique. Un revirement étonnant constaté notamment chez MG, et dans une certaine mesure également chez BYD, qui de son côté applique en plus une autre stratégie, celle d’ouvrir des usines en Europe. Mais, même sans boule de cristal, il est envisageable que le raz de marée tant attendu — ou redouté — n’ait pas lieu de sitôt, si tant est qu’il se produise un jour. Mon humble avis sur le sujet n’a pas changé, je mise sur une part de marché des constructeurs chinois en Europe qui va continuer à croître pour finalement se stabiliser d’ici à 2030 aux alentours de 15%. Bien sûr, la donne sera différente dans les régions du monde qui n’appliquent pas de taxes à l’importation, où, selon certains analystes, les parts de marché de l’électrique chinois pourraient atteindre les 45%.
Car d’ici-là les européens auront très probablement rattrapé leur retard technologique et commercial, ce qu’ils sont déjà en train de faire, puisque les chiffres du premier trimestre montrent qu’en France, deuxième marché européen, il n’y aucune voiture chinoise dans le Top 20 des ventes au premier trimestre 2025. Le tableau est presque le même au niveau européen, à une exception près, celle de la BYD Seal U, qui ferme la marche à la dernière place du Top 20. Et parfois même, il arrive que quand une voiture asiatique soit en tête des ventes quelque-part en Europe, ce ne soit pas une chinoise.
Alors, l’Europe serait-elle en train de devenir le village gaulois de la voiture électrique ? En tout cas, entre les polémiques Musk/Tesla et la crainte de l’envahisseur de l’Empire du Milieu, on a vu que même l’achat d’une voiture tendait à devenir un acte politique. C’est peut-être sur ce point que les constructeurs européens ont une carte à jouer finalement.
Et, pourquoi pas, un boulevard qui s’ouvre à eux ?
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
Découvrez nos thématiques voiture électrique, voiture hybride, équipements & services et bien d’autres
S'inscrire gratuitement