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Les pays nordiques, Norvège en tête, sont largement en avance sur le reste de l’Europe en matière d’adoption de la voiture électrique. La preuve en chiffres, et les raisons de ce leadership.
La voiture électrique, un truc de nordique ? Si l’on se fie aux chiffres et au statistiques disponibles, c’est un fait avéré, les pays du nord de l’Europe, Scandinavie en tête, squattent allègrement toutes les premières places en termes d’adoption de la voiture électrique et des usages qui vont avec. Une situation assez paradoxale quand on sait que les voitures électriques donnent leur plein rendement dans les climats tempérés et donc plus au sud, en raison de la chimie de leurs batteries, très sensibles aux grands froids, où elle peuvent perdre jusqu’à la moitié de leur capacité énergétique.
Toujours est-il que si les pays du sud rattrapent peu à peu leur retard, l’écart n’est pas près de se combler, car pendant ce temps les nordiques continuent leur conversion vers l’électromobilité au pas de charge, même si l’Allemagne semble vouloir un peu trainer des pieds en faisant diversion avec les carburants de synthèse.
Selon les dernières données disponibles, le marché des voitures électriques en Europe en 2023 est toujours en forte croissance. En janvier 2023, les ventes de voitures électriques ont augmenté de 13,9 % par rapport à janvier 2022 pour atteindre 93 551 immatriculations en Europe, soit une part de marché de 10,3 %. L’Europe possède l’un des marchés de la voiture électrique les plus solides au monde. Les ventes de véhicules électriques ont battu des records avec plus de 281 000 voitures immatriculées en novembre 2022. Les ventes d’électriques ont progressé de 28 % à plus de 1,1 million d’unités l’an dernier, et représentaient plus de 12,1 % des ventes totales en Europe en 2022, selon les chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). En comparaison, leur part était de 9,1 % en 2021 et de seulement 1,9 % en 2019, ce qui donne une idée de la croissance du marché. La progression en 2022 a été alimentée en particulier par une croissance supérieure à la moyenne des chiffres d’achat en Allemagne, où 198 263 unités ont été vendues. Les ventes se sont accélérées en Allemagne vers la fin de l’année, car les subventions gouvernementales sur les achats devaient expirer en 2023. De leur côté, les véhicules électriques hybrides ont représenté 22,6 % des ventes, et les hybrides rechargeables, 9,4 %.
En Europe (mais hors UE), le champion toutes catégories reste la Norvège, qui montre la voie avec plus de la moitié des nouvelles voitures vendues qui sont électriques, et un objectif de faire en sorte que toutes les nouvelles voitures soient « zéro émission » d’ici 2025. Dans le pays – producteur de pétrole – parmi les plus riches d’Europe par habitant, les véhicules électriques représentaient environ quatre voitures sur cinq vendues en 2022. En fait, et c’est peut-être le chiffre le plus édifiant, voire impressionnant, en 2022, près de 8 voitures sur 10, soit 79,3 % des nouvelles voitures vendues en Norvège, étaient électriques. Oui, vous avez bien lu, on ne parle pas ici du mix « électrifié » regroupant électriques et hybrides, mais bien des voitures 100% électriques.
Derrière la Norvège, les autres pays nordiques ou scandinaves complètent aisément le wagon de tête. Étonnant deuxième (mais peut-être moins étonnant vu le nombre d’habitants), l’Islande affiche un taux de 64% de voitures électriques et hybrides par rapport au total des immatriculations. Arrivent ensuite, dans l’ordre, la Suède, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg et Malte. Voici pour le top 10. Et la France, me direz-vous ? Notre pays se classe 14ème, derrière la… Bulgarie et juste devant l’Irlande. Chez nos voisins immédiats, l’Italie se positionne au 16ème rang avec 10% de nouvelles immatriculations en 2021, et l’Espagne au 20ème rang avec un petit 6%. Le Portugal est en revanche devant nous, avec 20% de parts de marché des nouvelles immatriculations.
Voilà pour les ventes et les parts de marché, en tout cas sur la base des chiffres les plus récents dont nous disposons, pour 2021 et 2022. Côté infrastructures maintenant, le classement est assez similaire. Le mode de calcul choisi par les organismes chargés de compiler les chiffres est celui du nombre de points de charge par 100 kilomètres. A ce palmarès, ce sont les Pays-Bas qui font la course en tête avec 64 points de charge par 100 km, ce qui parait tout simplement vertigineux.
Mais les hollandais ne sont pas seulement les premiers en densité de points de charge. Malgré la taille et la population du pays, ils le sont aussi en valeur absolue, avec 90 284 points de charge au dernier recensement européen de juin 2022, devant l’Allemagne et ses 60 000 points de charge. Notez que ces chiffres ont fortement évolué depuis puisque la France vient de dépasser les 90 000 points de charge. Nous n’avons pas encore les statistiques européennes à date, mais il se pourrait qu’à ce rythme la France soit désormais devant l’Allemagne en valeur absolue du nombre de points de recharge publics.
Avec 18,3 points de charge pour 100 km au moment de ce recensement effectué par l’ACEA, la France se situait en 12ème position. A ce sujet, il est intéressant de constater que des pays comme la Suède, la Finlande et le Danemark, qui figurent parmi le peloton de tête des immatriculations électriques, rentrent dans le rang quand il s’agit de leur infrastructure de recharge, puisqu’ils se classent respectivement au 5ème, 10ème et 12ème rang. Une question de densité de population probablement, et d’étendue du territoire.
N’oublions pas de mentionner les derniers de la classe en matière de densité d’équipements de recharge, dans l’ordre, la Pologne, l’Estonie, Chypre, la Grèce, et la Lituanie.
Le succès des voitures électriques en Europe du Nord peut être attribué à une combinaison de facteurs tels que des politiques gouvernementales favorables, notamment des exonérations fiscales et des incitations économiques, une infrastructure de recharge bien développée et une forte sensibilisation du public au changement climatique et aux questions environnementales.
Tout d’abord, ces pays ont adopté des politiques incitatives en faveur de l’électrification des transports, telles que des subventions pour l’achat de voitures électriques, des exemptions de taxes sur les véhicules électriques et des infrastructures de recharge électrique bien développées. Ces politiques ont rendu les voitures électriques plus abordables et accessibles pour les consommateurs. En Norvège par exemple, les véhicules 100% électriques sont totalement exemptés de la redevance d’immatriculation et de la TVA de 25%. Ce qui correspond à un avantage moyen a été calculé de 14 000 euros. La seconde mesure est une politique volontariste dans l’installation de bornes de chargement. On compte au dernier recensement de 2022 18 000 points de recharge dans ce pays de 5 millions d’habitants. Si l’on faisait un ratio un peu simpliste rapporté à la population avec la même proportion, la France compterait à ce jour 241 000 points de charge publics. Il suffit de se promener un peu en Norvège pour constater que les bornes sont partout, et en nombre, notamment sur le moindre parking de PME locale. Et la recharge en électricité est souvent gratuite. Enfin, en Norvège, les avantages de rouler électrique ne s’arrêtent pas à l’exonération de taxes ou à l’infrastructure, puisque cela donne aussi le droit d’emprunter les voies réservées aux bus, et de bénéficier de la gratuité du stationnement, des péages urbains, des ferries.
Ensuite, la culture nordique met l’accent sur la durabilité et la protection de l’environnement, ce qui a créé une demande pour les voitures électriques. Les consommateurs nordiques sont donc plus enclins à acheter des voitures électriques pour réduire leur impact environnemental.
D’autre part, les pays nordiques ont des infrastructures de transport bien développées, ce qui facilite l’utilisation de voitures électriques pour des trajets plus longs. En outre, ces pays ont des distances relativement courtes entre les villes et une densité de population relativement faible, ce qui facilite l’installation de bornes de recharge électrique sur les routes.
Enfin, les constructeurs automobiles européens ont mis l’accent sur l’électrification de leur gamme de voitures pour répondre à la demande des consommateurs nordiques, qui sont considérés comme des leaders en matière d’adoption de voitures électriques. Les fabricants européens ont donc adapté leur production à cette demande, ce qui a permis de proposer une gamme plus large de voitures électriques sur le marché . Rappelons aussi que la Norvège sert souvent de marché-test et de porte d’entrée aux constructeurs chinois, dont certaines marques (XPENG… ) et modèles sont chose courante sur place.
L’Europe est donc en tête dans la course à l’électrification de l’automobile, en tout cas en termes d’usages. Il ne reste plus qu’aux constructeurs européens à faire en sorte d’être à la hauteur des attentes des consommateurs, afin de ne pas se faire éjecter de son propre marché intérieur par l’ogre chinois…
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