Voiture électrique, le retour de la revanche des berlines

Plusieurs berlines électriques vont déferler sur le marché dans les prochains mois. De quoi faire de l’ombre aux armées de SUV ?

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais, alors que les constructeurs inondent le marché de SUV électriques, pour diverses raisons déjà évoquées à plusieurs reprises, rouler dans ce type d’engin semble de plus en plus impopulaire.

Accusés de tous les maux (polluer, être dangereux pour les piétons, prendre trop de place…), les SUV sont aussi désormais la cible de hordes d’« activistes » qui n’ont rien trouvé de mieux que dégonfler leurs pneumatiques pour prétendument sauver la planète lorsqu’ils sont en stationnement. Le pire étant que les SUV électriques n’échappent pas à ces actions quelque peu stupides. Cela étant, rien de très étonnant, l’écologisme politique ayant déclaré depuis belle lurette la guerre à la bagnole, quel que soit son mode de propulsion, et il est certain que l’électrique n’échappera pas très longtemps à son bras séculier. Viendront probablement ensuite les vélos électriques, puis les vélos musculaires. Puis les chaussures.

Alors, les berlines échapperont-elles longtemps à la vindicte aveugle de ces Che Guevara de la valve ? Pas sûr. En attendant, elles ne semblent pas encore avoir attiré l’attention de leur main vengeresse.

Raison de plus pour se pencher sur le marché actuel et dresser un petit inventaire des forces en présence, avec de prometteuses nouveautés qui s’apprêtent à débarquer à l’horizon 2023. De fait, si l’on compte les modèles actuels déjà commercialisés en Europe, comme les Tesla Model 3 et S, la Porsche Taycan, l’Audi e-tron GT, la Mercedes EQS et la BMW i4, l’on pourra compter sur plus d’une dizaine de berlines électriques disponibles, disons dans les 18 mois à venir. Je ne sais pas vous, mais personnellement cela me met en joie.

De quelles autos parlons-nous ? De celles-ci.

Hyundai Ioniq 6

Dévoilée progressivement dans le cadre d’un teasing qui aura duré plusieurs mois, la Ioniq 6 a enfin été présentée officiellement dans sa robe définitive fin juin. Nous y étions. Alors bien sûr, comme très souvent dans ce cas, la version qui sera commercialisée ne ressemble plus tout à fait aux premiers prototypes de salon, mais l’idée est là. Celle d’une voiture assez longue (près de 5 mètres) et très profilée, avec une ligne qui ne laisse pas indifférent – ce qui signifie sans langue de bois qu’on adore ou qu’on déteste – une face avant au design très eighties et un intérieur qui présente tous les atours d’un excellent premium. L’engin reprendra probablement les caractéristiques du Ioniq 5 dont il partage la plateforme E-GMP, avec notamment une architecture 800 volts qui permet des recharges très rapides et une batterie de 77 kWh, gage d’une autonomie qui pourrait atteindre les 600 kilomètres (donc entre 400 et 450 dans la vraie vie, ce qui est déjà pas si mal).

Audi A6 e-tron

Le constructeur aux quatre anneaux s’est fixé comme priorité de passer à l’électrique, et promet une gamme intégralement électrifiée en 2030. La transition est déjà largement entamée puisque Audi compte déjà pas moins de 3 modèles et 6 versions 100 % électriques à son catalogue. Cependant (voir précédemment), quatre modèles sur les six sont actuellement des SUV, et Audi ne compte pas oublier ses clients habitués aux grandes berlines confortables. Le concept Audi A6 e-tron présenté en 2021 à Shanghai arrive à point et montre à quoi ressemblera la berline intermédiaire – et électrique – du futur. Si l’on en croit les chiffres avancés par la marque, la berline, qui s’annonce superbe si sa ligne est fidèle au concept dévoilé, sera capable de parcourir environ 700 km sur une seule charge selon les chiffres WLTP. L’Audi A6 e-tron devrait arriver courant 2023.

BMW i7

Après la i4, qui arrive depuis quelques mois chez les premiers clients, et qui rencontre un bon succès critique, BMW a prouvé qu’il apprenait vite dans sa transition vers l’électrique. Et cela ne fait que commencer, puisque le constructeur bavarois prépare déjà l’arrivée d’une Série 7 électrique, appelée tout simplement i7. Le design est susceptible d’être assez ravageur (s’il ne tombe pas dans certains travers un peu lourds entrevus notamment sur ses SUV électriques), mais bien sûr le niveau de luxe de cette nouvelle grande allemande devrait poursuivre la tradition d’excellence de la Série 7, en version électrique, et forcément très high-tech. Côté puissance et autonomie, BMW annonce 544 ch et plus de 600 km de rayon d’action. Au prix fort bien sûr puisqu’il faudra débourser au moins 135 000 euros pour une version « de base », mais déjà richement dotée.

Mercedes EQE

En termes de finitions (évidemment), de gabarit, d’équipements, d’agrément de conduite, de confort et d’autonomie, la Mercedes EQE pourrait bien représenter quelque chose comme la berline électrique idéale. Ce vaisseau amiral de milieu de gamme annonce une autonomie allant de 459 à 712 kilomètres selon la version, et son système d’infodivertissement MBUX de dernière génération s’annonce comme l’un des plus avancés du marché, notamment lorsqu’il s’affiche sur l’Hyperscreen, cette impressionnante dalle tactile qui habille l’intégralité de la planche de bord. Même si Mercedes met beaucoup d’application à masquer ses tarifs, que ce soit sur son site ou sur la brochure « Tarifs » à télécharger en PDF sur laquelle… ils n’apparaissent pas, on sait que la EQE débutera à 75 000 euros si l’on se fie au configurateur. Clairement pas la voiture de monsieur Toutlemonde, mais finalement relativement raisonnable en regard des prestations de la bête.

Volkswagen ID.AERO

De la bonne berline « classique » qui ne surprendra pas vraiment par l’audace de ses formes ni celle de ses caractéristiques techniques, mais qui fera sûrement le job. Volkswagen a un peu peiné à déployer ses premiers modèles électriques, avec notamment une ID.3 prometteuse, mais arrivée peut-être un peu trop tôt avec son lot de problèmes de jeunesse, notamment au niveau des finitions et de la fiabilité de son informatique embarquée. Tout cela semble désormais appartenir au passé, et la lignée s’affirme avec les ID.4 et ID.5. La future berline ID.7 montre un coup de crayon réussi, ce qui se traduit également par un CX de 0,23 et une efficience qui autoriserait environ 600 kilomètres d’autonomie.

Lucid Air

Une auto « exotique » et pas encore commercialisée en Europe, mais cela ne saurait tarder puisque le constructeur américain a inauguré récemment une représentation en Allemagne. La Lucid Air est un peu la berline électrique de tous les superlatifs. Plus puissante qu’une Tesla Model S de dernière génération, elle offre également une meilleure autonomie, jusqu’à être la voiture de série ayant le plus grand rayon d’action au monde avec plus de 830 kilomètres selon la norme EPA (donc encore plus selon la norme européenne WLTP). Cette auto représente ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de berline électrique, à tel point qu’elle a littéralement envoûté notre collègue Soufyane lors de son essai exclusif il y a quelques semaines. Bien sûr, les sceptiques rétorqueront que « plus » n’est pas forcément « mieux » et qu’une auto de ce poids, de cette puissance et de ce prix n’est pas vraiment dans la ligne de la sobriété souhaitée quand on se préoccupe un peu de l’environnement.

NIO ET7

Déjà disponible en Norvège, la NIO ET7 est une berline chinoise (désolé, mais c’est un peu incontournable sur le marché qui nous intéresse) offrant de nombreux atouts. Elle embarque deux moteurs, un à l’avant et un à l’arrière. Ceux-ci cumulent une puissance de 480 kW, soit 650 chevaux, et la berline affiche un couple de 850 Nm. Grâce à cette cavalerie, la berline électrique avale le 0 à 100 km/h en 3,9 secondes. Mais la Nio ET7 pourrait faire la différence aussi avec ses trois packs de batterie d’une capacité de 70 kWh, 100 kWh et 150 kWh, qui lui permettraient des autonomies allant de 500 à 1 000 kilomètres.

XPeng P7

Allez, une petite dernière – chinoise également – pour la route, et pas des moindres. Une berline sans énorme surprise côté ligne, mais qui en a aussi sous le capot. J’ai eu l’occasion de m’asseoir à son bord pour une première prise en main statique lors du salon EVS35 d’Oslo en juin dernier et j’ai été impressionné par deux choses : le niveau de finition et de confort à bord, et la fluidité et le nombre de commandes du système d’exploitation. Sans parler de l’option d’ouverture électrique des portes avant en élytre d’une simple pression sur l’écran central (ou par commande vocale). Pas vraiment indispensable, mais qui le devient si l’on veut frimer un peu. Déjà disponible aussi en Norvège, elle propose deux motorisations. La première est une version propulsion qui affiche 196 kW de puissance, soit 266 chevaux. La deuxième version possède quatre roues motrices et deux moteurs pour une puissance totale de 410 chevaux.

Sony Vision-S 01

La surprise du CES de Las Vegas 2020, ou quand un géant de l’électronique se targue de lancer une voiture électrique (et connectée, forcément). Ce qui ressemblait au départ à un pur exercice de style est devenu en quelques mois un concept très proche de la réalité, et l’on sait désormais que Sony va produire cette auto en s’associant avec Honda. Soit une élégante berline aux lignes qui évoquent tour à tour la Porsche Taycan ou la Hyundai Ioniq 6. Côté performances, on serait sur un honorable 0 à 100 km/h en 4,8 secondes et une vitesse de pointe de 240 km/h. On ne sait rien en revanche de l’autonomie, et la date de sortie dépasse un peu le périmètre de cet article puisque l’on parle de 2025. Mais cela valait le coup de la mentionner… et peut-être d’attendre.

En conclusion

Voilà, c’est tout pour le moment, mais c’est déjà pas mal, même si vous aurez remarqué qu’aucune Française ne figure dans cet inventaire, et que l’on n’en voit pas trace à l’horizon, même lointain. Cela étant, on se contentera de cette liste en attendant bien sûr la berline réellement idéale, celle que nous appelons tous de nos vœux, qui aura donc la ligne d’une Audi, l’efficience d’une Tesla, la finition d’une Mercedes, la puissance de charge d’une Hyundai et la technologie embarquée d’une Lucid. Le tout pour moins de 40 000 euros bien sûr, toutes options incluses. Et française si possible, soyons fou.

On signe où ?