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Les nouvelles énergies supposent de nouveaux modes de déplacement et d’approvisionnement. C’est d’autant plus valable pour la voiture électrique. Revue de détail.
Bientôt fini le temps où l’on faisait le plein de carburant n’importe où, n’importe quand, et en moins de cinq minutes chrono, et ce, sans même parler de la flambée des prix actuelle. Avec la mobilité électrique, il faut s’habituer à des usages différents, à prendre un peu plus de temps, à planifier et à organiser ses déplacements – et sa vie quotidienne – autour des impératifs et contraintes liés à la recharge.
Rassurons tout de suite celles et ceux qui hésitent encore à franchir le pas, il n’y a absolument rien de rédhibitoire, et il se pourrait même que vous appréciiez le nouveau mode de vie né de l’électromobilité, sans perdre ni votre temps, ni votre productivité, ni vos moments de loisirs, de balade et de découverte.
Ce sera juste un peu différent.
Et cette différence va se manifester justement dans la façon de ravitailler votre monture. Car une mobilité électrique « intelligente » suppose que l’on consacre paradoxalement moins de temps à faire le plein, mais au contraire que l’on tire profit du temps dont on dispose pour faire le plein dans les meilleures conditions. De ce nouveau paradigme sont en effet nés de nouveaux usages à la pompe, pardon, à la borne.
De quoi parle-t-on ? Tout simplement de nouvelles façons de recharger, adaptées à l’emploi du temps du moment. Selon les utilisateurs, on en distingue déjà cinq. Et à chacune correspond idéalement un type de chargeur.
Les voici.
C’est généralement la charge que l’on effectue lorsque l’on est sur un déplacement long, qu’il soit professionnel ou de loisirs, et que l’on a plusieurs centaines de kilomètres à effectuer dans un temps imparti. C’est le scénario dans lequel la présence de bornes de recharge rapide (disons entre 100 et 250 kW) prend tout son sens et s’avère même indispensable. Dans ce cas de figure, mieux vaut également disposer d’une voiture adaptée et compatible avec la « supercharge » que l’on trouve essentiellement sur les stations Tesla, Ionity et Fastned, ces deux derniers fournisseurs étant majoritairement ou exclusivement implantés sur les grands axes autoroutiers. Les caractéristiques de la recharge de nécessité sont la contrainte de temps et de distance, où la notion de tarif n’est pas déterminante, l’important étant de pouvoir rouler. On se rapproche ici d’un usage « thermique » avec plusieurs arrêts de quelques minutes sur un trajet de plus de 300 kilomètres.
C’est un peu le schéma inverse à la recharge de nécessité. Généralement, elle s’opère quand on a du temps et pas forcément une grande distance à parcourir. C’est le cas typique de la recharge que vous allez effectuer au calme pendant que vous poussez votre caddie chez Ikea, Lidl ou Leclerc, sachant que ces trois enseignes ont été parmi les premières à proposer des bornes de recharge – généralement gratuites – sur les parkings de leurs points de vente. C’est aussi le cas avec certains parkings de cinémas, entre autres. Avec la recharge d’opportunité, l’électromobiliste profite d’un moment consacré à une autre activité pour faire le plein de bon jus, même si celui-ci n’a pas vocation à être utilisé dans l’immédiat. La recharge d’opportunité va souvent permettre de stocker assez d’électricité pour parcourir ses trajets quotidiens pendant une semaine ou deux, selon la distance et l’autonomie de la voiture, sans avoir à poireauter à la borne.
La recharge de précaution est une sorte d’usage hybride regroupant les deux cas ci-dessus, puisqu’elle peut s’opérer pendant un trajet ou à l’occasion d’une halte prolongée, et souvent à domicile. Cette dernière consiste à garder suffisamment d’autonomie en prévision… de l’imprévu. Cela peut aussi être la recharge que l’on effectue en fin de parcours, juste avant d’arriver à destination, afin de pouvoir se déplacer autour de son lieu de séjour, même si l’on ne sait pas encore si cela sera le cas. Mais aussi dans le cas où l’on devrait improviser un départ d’urgence pour un déplacement inopiné. Pour citer un cas personnel, j’ai dû emmener mon fils à un rendez-vous de dernière minute chez un spécialiste à 100 km de notre domicile par autoroute sans station de recharge. La charge de précaution que j’avais effectuée quelques jours auparavant, me donnant environ 250 kilomètres d’autonomie autoroutière à 130 km/h, nous a été très utile.
Celle-ci pourrait être rangée dans la catégorie des recharges d’opportunité, mais c’est le degré ultime de l’opportunisme. C’est tout simplement la recharge à bloc que l’on effectue même si l’on n’en a pas vraiment besoin, juste parce que l’on a repéré une borne gratuite et libre. Même si ce genre de trou dans la raquette va se faire de plus en plus rare, il est encore encore possible de trouver des points de charge gratuits, et l’occasion est belle de s’offrir quelques centaines de kilomètres à l’œil. À condition bien sûr de ne pas squatter la borne trop longtemps, ce qui est assez contradictoire avec le fait que ce genre de borne gratuite est généralement en bas débit, de type prise domestique renforcée (parkings publics) ou la proverbiale borne de la place de la Mairie et ses vaillants 7 kW. Bref, vous n’avez pas besoin, mais vous chargez parce que c’est gratuit. Personne ne vous juge, nous avons tous nos faiblesses.
Celle-ci est un peu moins visible, un peu plus subtile, voire sujette à caution, mais elle correspond à la nécessité d’un moment. C’est la charge que l’on effectue sur un parking saturé qui propose des bornes de recharge. Vous me voyez venir : généralement, les places devant les bornes sont les seules à être inoccupées, et on se félicite alors de rouler électrique, car cela nous donne le droit d’y stationner. Tout en se branchant bien sûr, même si notre batterie est déjà pleine à craquer. Comportement incivique ? Certes, mais on ne va pas se mentir, nous l’avons tous fait au moins une ou deux fois, non ? Là encore, pas vraiment besoin de haut débit puisque généralement c’est une recharge inutile, ou disons, pas vraiment nécessaire. C’est surtout une place de parking, en fait.
Des différences qui peuvent paraître anodines, mais qui sont en fait révélatrices d’une profonde métamorphose de notre rapport à la voiture et aux déplacements, et d’usages qui pourraient probablement contribuer à remodeler l’économie territoriale, comme on l’a souvent constaté avec le déploiement des autres infrastructures de réseaux (transports, télécommunications…).
Et vous, c’est quoi votre type de recharge ?
Note aux commentateurs : le dernier point de cet édito a suscité quelques réactions (passons sur les attaques personnelles).
Peut-être que ma formulation était maladroite, mais il est évident que je ne confonds pas emplacements de bornes de recharge et places de parking, et je n’encourage personne à le faire, puisque je me bats contre cela moi-même au quotidien dans mon parking. Je disais juste que dans certains cas qui restent exceptionnels, cela peut représenter une commodité. En disant cela, j’avais en tête ces grandes surfaces qui proposent plusieurs emplacements de recharge, souvent inoccupés, alors que dans le même temps leur parking est saturé. Dans ce contexte, mon propos était de dire qu’il ne me paraissait pas totalement infamant de s’y garer juste le temps d’une course de quelques minutes, et d’en profiter pour faire une petite charge, même si elle n’est pas indispensable à ce moment précis, à condition bien sûr qu’il reste plusieurs autres bornes disponibles et que l’on soit sûr que cela ne gêne personne.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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