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Tupigny, commune d’environ 350 habitants dans l’Aisne, devrait accueillir sur son territoire un parc de 6 éoliennes pour une puissance totale de 20-25 MW. La technologie Power to Gas est un moyen efficace pour ne pas perdre les productions en surplus d’énergie renouvelable. L’hydrogène ainsi obtenu sur place servira à alimenter deux Renault Kangoo électriques revus par Symbio et proposés gratuitement aux habitants en gestion libre-service.
L’intermittence et l’irrégularité de production des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) posent un certain nombre de problèmes. Le volume d’électricité transformée est parfois trop abondant, d’autre fois insuffisant. Pour obtenir un lissage, il faut pouvoir stocker le surplus d’électricité quand il y en a, pour le récupérer au besoin. Confier à des batteries ce rôle, est bien sûr faisable, et nombre de projets l’ont prouvé et continuent de militer pour cette solution. Mais c’est insuffisant pour stocker durablement de l’énergie en très grande quantité.
Dans quelques années, avec le développement à grande vitesse des énergies renouvelables, ce sont plusieurs dizaines de térawattheures qu’il faudra pouvoir stocker ou exploiter d’une manière ou d’une autre, soit l’équivalent de la production annuelle actuelle de plusieurs centrales nucléaires. Le gaz, lui, se stocke beaucoup plus facilement en grandes quantités. D’où l’idée de convertir en hydrogène, par les moyens électrolytiques les plus efficaces, l’électricité qui serait autrement perdue. C’est le principe du Power to Gas.
Que faire de l’hydrogène obtenu ? Le plus simple est de l’injecter directement dans le réseau de gaz, – selon un volume horaire défini avec l’opérateur en charge de ce réseau -, où il se mélangera au gaz naturel sans problème. Si les quantités d’hydrogène récupérées sont trop importantes, il reste la solution de les combiner avec du CO2 que l’on peut récupérer de fumées d’usine, par captage. On obtient alors du méthane de synthèse qui peut alors être injecté sur le réseau, lui aussi, mais sans limite, ou l’employer pour la mobilité en avitaillement de véhicules équipés pour fonctionner au GNV.
Pour les parts injectées, on pourra au besoin tirer du gaz de ce même réseau pour le retransformer en électricité, soit par cogénération, soit en employant un équipement hybride combinant pompe à chaleur et chaudière à condensation. Mais il est possible aussi d’exploiter directement l’hydrogène par l’intermédiaire de piles à combustible qui pourront alimenter en électricité des bâtiments ou des véhicules. A Tupigny, le choix a été fait d’installer une borne H2 pour la mobilité, qui sera fournie par McPhy. L’opération d’électrolyse de produira au sein même de la borne reliée électriquement au parc éolien.
Au départ, le parc éolien est un projet de la commune de Tupigny. Pour le mener à bien, la collectivité s’est adressé à VDN Group, dont le directeur général, Nicolas Ugalde, commente pour Automobile Propre le programme qui devrait aboutir à une production d’énergie fin 2020 ou début 2021.
« Nous sommes tributaires, pour l’instant, du délai d’instruction du dossier remis à l’administration et concernant le parc éolien », justifie-t-il. « Notre expertise dans le développement de projets éoliens s’appuie sur cinq ans d’expérience. Celui de Tupigny a démarré il y a environ 3 ans. Notre diversification vers l’hydrogène date de fin 2016. Nous avons proposé à la commune de se démarquer des autres en devenant la première de France à intégrer l’hydrogène pour une consommation locale à partir d’électricité produite sur place », relate-t-il. Le projet communal a finalement accédé ainsi au statut de démonstrateur. « Nous sommes en train de travailler sur 5 ou 6 autres projets similaires en différents endroits de France », confie notre interlocuteur.
Elu au conseil d’administration de France énergie éolienne, et partenaire au sein de l’Afhypac (Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible), Nicolas Ugalde explique : « Les parcs solaires ou éoliens restent souvent abstraits pour les habitants des territoires où ils sont implantés. Les électrons qui arrivent chez eux viennent toujours du même réseau. Les éoliennes, finalement, ce sont juste des moulins pour la plupart des gens qui éprouvent parfois des peurs et des inquiétudes en amont des implantations. Chez VDN Group, nous voulons changer cela en touchant directement et positivement la population. Notre philosophie est d’être au plus près des citoyens et de leurs besoins. A Tupigny, une partie de l’électricité produite par le parc éolien sera utilisée pour la mobilité durable après transformation en hydrogène ».
Pour Nicolas Ugalde, le maire et les habitants de Tupigny, l’idée des 2 véhicules mis à disposition en libre-service est loin d’être une anecdote. Elle répond aux besoins avérés des habitants en milieu rural, confrontés à la disparition des commerces et des services administratifs, centralisés dans des villes ou agglomérations distantes souvent de plusieurs dizaines de kilomètres.
« Bien sûr, la plupart des foyers disposent d’une voiture au moins. Mais quand il n’y en a qu’une et qu’elle est utilisée par un membre de la famille, les autres peuvent être bloqués dans leur mobilité. Avec les 500 kilomètres d’autonomie permis par les voitures à hydrogène qui font le plein en quelques minutes, pas de soucis pour effectuer des déplacements importants », souligne le directeur général de VDN Group.
« Nous avons animé 2 réunions publiques dans le village, pour présenter le projet complet et informer les habitants. Elles nous ont permis aussi de recueillir leur intérêt pour ce programme et leurs besoins qui pourraient être satisfaits avec lui. C’est grâce à ce sondage que nous sommes partis sur 2 véhicules à hydrogène », raconte Nicolas Ugalde.
Quel modèle de voiture électrique équipée d’une pile à combustible a été retenu ? « En ce point de développement du projet, et même encore après la mise en service, beaucoup de choses sont adaptables, modifiables et évolutives. Concernant les véhicules, nous souhaitions un modèle qui puisse servir aux particuliers comme aux professionnels. Notre choix se porte à ce jour sur des Renault Kangoo adaptés par Symbio », répond notre interlocuteur. Borne d’avitaillement, véhicules et service de mise à disposition des habitants sont à la charge de VDN Group, dans le financement global du parc éolien. « Tupigny est pour nous un démonstrateur, et nous ne recherchons pas la rentabilité financière autour de l’architecture hydrogène », souligne Nicolas Ugalde.
Au chapitre des évolutions possibles, la porte ouverte pour les communes alentour de déployer les solutions mises en œuvre par VDN Group. Le démonstrateur qui va se mettre en place à Tupigny est pour elles une vitrine des nouveaux débouchés que l’entreprise basée à Pontarmé, dans l’Oise, proposent aux territoires désireux de stocker et d’utiliser efficacement l’électricité issue de leur parc éolien. Mais c’est davantage au niveau de la mobilité hydrogène que pointent déjà des besoins à terme. Si des habitants ont fait savoir qu’ils pourraient investir dans une voiture compatible avec la borne H2, l’idée d’un car de ramassage scolaire à hydrogène fait son chemin, ainsi qu’un probable développement de flottes administratives, notamment pour le conseil départemental.
Samedi 30 juin 2018 marquera une étape dans le projet communal étendu. Ce sera une journée de démonstration avec une borne McPhy en présentation et un Kangoo hydrogène à essayer.
Automobile Propre et moi-même remercions Nicolas Ugalde pour sa disponibilité et son enthousiasme à présenter le projet qu’il poursuit avec la commune de Tupigny.
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