AccueilArticlesTesla Cybertruck : le monde avait-il besoin d’un Hummer électrique ?

Tesla Cybertruck : le monde avait-il besoin d’un Hummer électrique ?

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Les lignes du pickup que Tesla vient de présenter ne cessent de susciter les réactions les plus diverses. Depuis des mois, Elon Musk avait prévenu que l’engin aurait une ligne très particulière. Au-delà du style, c’est l’empreinte au sol qui interpelle, le rendant indésirable dans les villes européennes.

En forme de Poncin

Taillée à la serpe, la carrosserie du Tesla Cybertruck ne semble pas avoir été dessinée pour séduire. Pourtant, à l’heure à laquelle nous écrivons le présent article, le sondage proposé par Automobile Propre indique que plus de 40% des 800 lecteurs participants le trouvent « S3XY ».

De nombreuses comparaisons ont été effectuées avec d’autres véhicules aux lignes aussi abruptes. Il semble bien que ce soit des Poncin amphibies à 6 ou 8 roues dont le pickup américain soit le plus proche. Une forme étudiée, pour les modèles ardennais, afin de naviguer sur l’eau.

Sur la toile, le Tesla Cybertruck est régulièrement comparé au Poncin, un engin amphibie aux lignes très brutes

Une longueur de minibus

Avec une longueur de 5,8 mètres, le Cybertruck masque sans problème les Hummer H2 (5,15 m) et H3T (5,40). La Model S mesure 83 cm de moins que le pickup. Pour un peu plus court que ce dernier, le constructeur chinois JMC sait embarquer dans ses minibus 28 personnes dont 18 trouveront une place assise.

En largeur, le pickup de Tesla s’inscrit entre le Hummer H3T (1,90 m) et le H2 (2,06) avec ses 2,03 m, soit 7 cm de plus que la Model S.

Modèle Longueur Largeur

Tesla Cybertruck

5.80 m

2,03 m

Hummer H3T

5,40 m

1,90 m

Ford F-150

5,31 m

2.02 m

Hummer H2

5,15 m

2,06 m

Tesla Model X

4.98 m

1.99 m

Tesla Model S

4.97 m

1.96 m

Le Cybertruck se présente bien comme un utilitaire de la démesure, ce que représentaient les Hummer qu’il dépasse en longueur de plusieurs dizaines de centimètres (sauf versions particulières).

2 à 4 places pour le garer

Sur le site d’un chantier ou les chemins forestiers relativement dégagés, dans le désert ou les zones portuaires, le pickup de Tesla ne posera sans doute pas souvent de problèmes avec ses dimensions. L’engin se tiendra-t-il donc pour autant loin des villes ? Non, bien sûr.

A l’heure où, en France, afin d’inciter les automobilistes à passer à d’autres solutions de transport, nombre de communes réduisent la largeur de leurs rues et plus globalement la place des voitures, ce Cybertruck se présente comme un monstre qui aura besoin de 2 places au minimum pour stationner en voirie et dans la plupart des parkings en Europe.

Il en prendra même souvent 4 pour que ses occupants puissent sortir confortablement. Quid de la tarification du stationnement dans ce cas ?

Les roues sur le trottoir

Pour rappel, en France, la longueur d’un emplacement de parking débute légalement à 5 m, qui incluent l’espace pour manœuvrer. La largeur minimale, pour une présentation en bataille, est de 2,3 m. Elle se réduit à 2,20 m pour le stationnement en épis avec un angle de 45°, et à 2 m pour une place parallèle au trottoir.

Forcément, dans de nombreuses situations, caser un Cybertruck dans une ville française nécessitera de mordre en dehors des zones définies. Que craindra le conducteur qui gênera, par exemple, le passage des poussettes et fauteuils roulants ? Pas grand chose avec une carrosserie qui résiste aux coups de masse !

Il est juste à espérer que les conducteurs de ces véhicules voudront bien se comporter de façon respectable lorsqu’ils pénétreront dans les villes. Car n’oublions pas que son groupe motopropulseur électrique donne au Cybertruck l’accès aux zones à faibles émissions, parmi lesquels les centres historiques où les rues sont le plus souvent étroites.

A contresens

Comme engin professionnel, et en raison de qualités diverses dont son équipement en prises pour le fonctionnement d’appareils électroportatifs, le pickup Tesla Cybertruck : pourquoi pas ?

Mais s’il s’agit de l’inclure à la course aux SUV pour en faire, en quelque sorte, des voitures particulières différenciantes et/ou statutaires, ce serait une dérive aux antipodes de la philosophie de la loi LOM, et de l’orientation que devrait prendre la mobilité désormais.

Nombreux sont les passionnés de Tesla, d’ailleurs, à dénoncer un véhicule à contresens du programme global original du constructeur américain, qui est de rendre l’automobile plus vertueuse et plus accessible.

Et si ce design était voulu ?

Beaucoup pensent qu’Elon Musk a agi avec le pickup comme un grand enfant qui s’est amusé une fois de plus à construire un nouveau jouet à la mesure de son imagination. Le fait d’attacher le Cybertruck au film Blade Runner plaiderait en ce sens.

Mais, finalement, ne serait-ce pas pour éviter justement une appropriation du pickup par les automobilistes particuliers que Tesla lui aurait donné volontairement des lignes brutes, et, en théorie, peu séduisantes ? Avec l’idée d’en attribuer clairement l’usage à des professionnels pour leurs interventions dans des territoires sauvages ou des chantiers d’ampleur.

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