Le Tesla Model Y n’est pas un véhicule électrique comme les autres. Il est le seul à avoir obtenu le titre de « voiture la plus vendue de l’année ». C’était en 2023. Même si les ventes s’essoufflent depuis début 2024, le modèle s’est imposé comme le choix pas défaut pour les automobilistes désireux de passer à l’électrique. Automobile Propre a discuté avec des propriétaires du SUV électrique pour comprendre ce succès. 

Le roi incontesté ?

Devant le Toyota RAV4, le Tesla Model Y est devenu le roi des ventes (toutes motorisations confondues) en 2023. Une première historique. L’année dernière, Tesla a écoulé 1,23 million d’exemplaires de son célèbre SUV à travers la planète. Un chiffre jamais atteint auparavant par un véhicule électrique. Une performance d’autant plus impressionnante qu’elle a été réalisée par une jeune pousse de l’industrie automobile. Tesla a vu le jour en 2003, soit 100 ans exactement après Ford.

Soyons clairs dès le départ : le Model Y n’est pas le véhicule qui offre le plus d’autonomie, il n’est pas non plus celui qui dispose des meilleures performances en matière de recharge. Il n’est pas le moins cher et encore moins le plus esthétique. En revanche, il est peut-être le meilleur rapport qualité/prix (ou prix/image). Pour tenter de comprendre pourquoi ce véhicule électrique est devenu un best-seller en si peu de temps, nous avons interrogé plusieurs utilisateurs.

D’après Hugo, propriétaire du modèle depuis 18 mois (en guise de véhicule de fonction), le succès du Model Y réside essentiellement dans son prix. En ce moment, il est proposé à partir de 36 990 euros en France. Enfin, le prix catalogue est de 44 990 euros, mais Tesla propose un bonus de 4 000 euros, auquel il faut ajouter le bonus écologique gouvernemental du même montant. Hugo, cadre dans une grande entreprise, estime que « c’est l’une des rares voitures électriques dans les 40 000 euros à avoir séduit autant de particuliers ».

Un bon véhicule, mais pas sans défauts

Selon lui, le Tesla Model Y a pour avantage d’être « très spacieux » et d’avoir « un côté technologique qui attire et donne l’impression d’être dans un véhicule haut de gamme ». Il ajoute que lorsque les infrastructures de recharge étaient peu développées, le SUV électrique avait aussi l’avantage de « pouvoir profiter du réseau de Superchargeurs de Tesla ». Il précise que la conduite « dynamique » offerte par les véhicules de la marque américaine séduit de nombreux clients.

Même si sur la durée, « on se rend compte que tout cela cache une voiture aux suspensions trop rigides et qui se désunit très vite », me précise-t-il. Père de deux enfants, cet habitant des Hauts-de-Seine ne fait pas beaucoup plus de 10 000 km par an. Son Model Y lui sert essentiellement à « déposer les enfants à l’école, aller au travail et partir en week-end ». Pour recharger son véhicule, il dispose d’une borne sur son lieu de travail et d’une autre à la maison.

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Mais pour lui, l’expérience Model Y sera bientôt terminée. Il n’a pas souhaité reprendre le même modèle pour une raison principale : « parce qu’on en voit absolument partout ». À la place, il a choisi une BMW i5. Même s’il me confie qu’il aurait préféré commander une Audi A6 e-tron. Mais la berline allemande ne sera pas disponible avant le mois d’octobre en France, alors qu’elle l’est en Allemagne et en Belgique depuis plusieurs semaines déjà.

Passer d’une Toyota Auris hybride au Tesla Model Y

Léo, 29 ans, Nantais et administrateur système, possède un Tesla Model Y depuis juin 2024. Il s’agit de son premier véhicule 100 % électrique. Avant le SUV de Tesla, il possédait une Toyota Auris hybride. Il est globalement satisfait de son nouveau véhicule, même s’il note tout de même quelques défauts importants. Selon lui, les points forts évidents du modèle sont les suivants : « la place à bord, le logiciel, le prix des recharges et le mode Sentinelle ».

Pour ce qui est l’usage, Léo se sert de son Model Y dans toutes les situations. Aussi bien pour partir en vacances, que pour dormir dedans quand c’est nécessaire, ou pour tracter une remorque et aller à la déchetterie. En à peine trois mois, il a déjà fait : Nantes – Annecy, Nantes – Strasbourg et Nantes – Poitiers (avec une remorque et une moto dessus). Des voyages qui lui ont aussi permis d’identifier les défauts (ou les moins bons aspects) du véhicule. Et il y en a un certain nombre.

Le jeune homme a noté plusieurs points : « la peinture qui ne tient pas, les jantes qui sont exposées, l’absence de la fonctionnalité Apple CarPlay, la voiture qui bip en permanence ou encore l’absence de volant capacitif ». Mais avant même de prendre le volant de son Model Y, Léo avait déjà été déçu par la livraison. Un retour que font beaucoup de clients Tesla depuis quelques mois. Même chose pour le service après-vente qui « n’est pas du tout à la hauteur », selon lui.

Elon Musk, un boulet pour l’avenir de Tesla ?

Dans sa liste des points négatifs, Léo a également mentionné « Elon Musk ». Et ce n’est pas une surprise. L’homme qui incarne la marque dérange. Ses positions politiques, son rapprochement avec Donald Trump et ses sorties sur les réseaux sociaux font honte aux propriétaires de véhicules Tesla. Aux États-Unis, certains propriétaires ont même apposé un badge avec le message suivant sur leur voiture : « J’ai acheté cette voiture avant de savoir qu’Elon était fou ».

Malgré tout, Léo reconnaît que « le modèle est plutôt bien réussi et très spacieux. Dans une certaine mesure, il me rappelle le Renault Avantime que mes parents possédaient quand j’étais petit. Nous nous en servions pour dormir dedans quand on partait en vacances ». Mais il estime que son succès pourrait être de courte durée. « Les concurrents font des produits de plus en plus qualitatifs. Le Xpeng G6 semble, par exemple, très bien », me précise-t-il.

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Quand je lui demande s’il serait prêt à reprendre un Tesla Model Y, je sens une petite hésitation : « d’un côté, j’ai envie de répondre oui, car je ne regrette rien de cette voiture, c’est un bonheur. On a déjà fait 9 000 km en quelques semaines. Mais d’un autre côté, je vois bien que d’autres marques sont sur le point de proposer des modèles autant, si ce n’est plus performants, et cela me fait hésiter. Mais cette question n’est pas encore à l’ordre du jour ».