Domiciliée en Californie, la société Fisker a déposé une demande de mise en faillite en juin 2024. La marque créée par le Danois Henrik Fisker n’a pas su trouver les bonnes solutions face aux difficultés financières. Pourtant, son modèle électrique avait tout pour plaire. Seuls au monde, les quelques propriétaires français du Fisker Ocean ont décidé de se regrouper pour former une association. Objectif : tenter de préserver au mieux leurs intérêts.

Quel avenir pour les propriétaires du Fisker Ocean ?

En mai, Automobile Propre avait déjà eu l’occasion d’échanger avec plusieurs propriétaires français du Fisker Ocean. Suite à nos discussions, un premier bilan s’imposait : celui de la satisfaction générale. En effet, tous les utilisateurs de l’Ocean vantaient les capacités et les fonctionnalités du modèle. Ce grand SUV électrique est une réussite, cela ne fait pas de doute. Autonomie, puissance de recharge, design, confort, V2V, capacité de traction… Tous les ingrédients étaient là pour que le Fisker Ocean fasse partie des meilleurs modèles sur le marché. Seul point noir : le logiciel. Et peut-être aussi l’égo de son fondateur.

Au printemps 2024, lors de nos premiers échanges avec les propriétaires français, le constructeur californien n’était pas encore en faillite. Mais les premiers signes d’une santé défaillante étaient là. Plusieurs scénarios auraient pu se dessiner. Parmi eux, il a été question pendant un temps d’un rachat par Nissan. Finalement, la marque a bel et bien déposé le bilan le 17 juin. Les utilisateurs du modèle se retrouvent donc dans une situation délicate. Ils possèdent une voiture, qui nécessite des mises à jour régulières, et dont la marque n’existe plus. Pour tenter de protéger leurs intérêts, les propriétaires ont décidé de former une association.

La Fisker Owners Association France est née

La Fisker Owners Association France (FOAF) a été créée. L’entité est rattachée à la FOA (l’association américaine qui gère les affaires des propriétaires dans le pays de l’oncle Sam). Nous avons pu échanger avec un représentant du groupe français. Il m’explique que la FOAF fait aussi partie de la FOA européenne et que l’association française est « en communication quotidienne avec les autres entités européennes pour faire avancer les choses ». Il ajoute que la FOAF a vu le jour dans l’objectif de « regrouper un maximum de propriétaires français afin de préserver au mieux nos intérêts ».

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Selon lui, « le fait de se rallier en constituant une entité légale pourra certainement nous faciliter l’accès aux pièces et logiciels qui seront nécessaires à l’entretien de nos voitures au fil des années ». Car tout le problème est là ! Sans une chaîne d’approvisionnement digne de ce nom et avec une marque dont les bureaux et l’usine sont à l’arrêt, la gestion du service après-vente semble complexe. Ensemble, les propriétaires du Fisker Ocean espèrent donc avoir plus de poids pour pouvoir acheter des pièces et réclamer des mises à jour du logiciel quand cela sera nécessaire. Et ce jour viendra.

60 utilisateurs français se sont regroupés

En France, 60 propriétaires se sont regroupés pour constituer cette association. Ce qui constitue environ 25 % du parc automobile Fisker immatriculé en France selon les chiffres de la marque. Si ceux qui ne font pas encore partie du projet souhaitent rejoindre l’aventure pour renforcer l’action de la FOAF, c’est tout à fait possible. Pour cela, il est conseillé de rejoindre le groupe Facebook baptisé « Fisker Friends France ». Les administrateurs pourront ensuite vous aiguiller. Alors, que va-t-il se passer désormais ? Difficile à dire. Il semble en tout cas que les protagonistes ne veuillent pas se séparer de leur véhicule.

Le porte-parole de la FOAF me précise que « tous les propriétaires français du Fisker Ocean avec qui je discute sont très contents de leur voiture et souhaitent continuer l’aventure, mais dans les meilleures conditions possibles ». Quant à une éventuelle reprise, il n’en est pas question, « sauf à la valeur du prix d’achat ». Mais cela semble totalement improbable. Aux États-Unis, Fisker tente de se débarrasser de son stock. Les derniers 3 321 modèles sont à vendre pour la somme de 46,25 millions de dollars (soit environ 43 millions d’euros). Ce qui fait environ 13 000 euros par véhicule.

Objectif : palier aux problèmes du logiciel

Mais ce n’est pas gagné. En effet, tous les modèles de la marque font l’objet d’un rappel de la part de la National Highway Traffic Safety Administration en raison d’une pompe à eau défectueuse qui peut entraîner une perte de puissance. Un défaut déjà dénoncé dans divers rapports. Du côté des propriétaires français, pas de problème majeur à signaler. Le porte-parole de l’association m’explique qu’il y a « quelques bugs aléatoires au niveau du système capables de se régler avec un redémarrage de la voiture ». Il me confie au passage que le logiciel de la voiture « n’est pas complètement abouti ».

Il semblerait qu’une nouvelle mise à jour soit en cours de distribution. Peut-être a-t-elle été développée avant la fermeture définitive des bureaux de la marque. Celle-ci est attendue en France « au cours des prochains jours » et permettre d’activer « toutes les fonctions qui n’ont pas encore été activées ». Mais cela ne suffira peut-être pas. La Fisker Owners Association France réclame déjà une évolution supplémentaire du logiciel « de manière à exploiter tout le potentiel de la voiture ». Les utilisateurs souhaitent aussi une amélioration significative du système d’info-divertissement qui est actuellement « très limité ».

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Les membres de l’association n’ont donc pas perdu totalement espoir. Ils estiment que ces évolutions seront possibles « en partie avec le regroupement de tous les propriétaires et l’accès libre aux logiciels, pour la sécurité du véhicule et de ses passagers ». Il y a quelques mois, un Français a été obligé d’appeler les pompiers, car il était coincé dans son Ocean avec sa fille à cause d’un bug du système. Le véhicule ne voulait ne plus démarrer, les portières étaient bloquées et les vitres également. Le tout sous un soleil de plomb, il y a de quoi paniquer. À l’avenir, nous suivrons l’aventure de ces électromobilistes de près.