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Stellantis fait des promesses à l’Italie… et à la France

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La Fiat 500 restera à Mirafiori, assure Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis Europe.

Rassurer le plus vite possible. À peine huit jours après le départ de Carlos Tavares des commandes de Stellantis, l’un des principaux dirigeants du numéro 5 mondial de l’automobile a évoqué publiquement sur l’avenir de sa maison, sujette ces temps-ci à de nombreuses turbulences.

Lundi dernier, Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis Europe, s’est ainsi exprimé en duplex de Turin dans le cadre de l’émission d’actualité XXI secolo, diffusée sur la télévision publique italienne Raiuno.

Cet entretien était programmé à quelques jours d’un rendez-vous important de l’autre côté des Alpes. Le ministre du Made in Italy, Adolfo Urso, recevra, en effet, aujourd’hui 17 décembre les parties prenantes de l’industrie automobile. Ces derniers mois, Carlos Tavares et le poids lourd de l’exécutif Meloni avaient bataillé autour de l’emploi et du futur du groupe dans la Botte.

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L’Italie au centre

« L’Italie est au centre de la stratégie de Stellantis, a assuré Jean-Philippe Imparato dans la langue de Dante. Je donnerai un plan industriel pour chaque usine. Je suis en train de l’évaluer actuellement, afin de donner des réponses simples au ministre Urso ».

« Je ne veux pas de promesses intenables, a poursuivi le patron de Stellantis Europe. Si je dis quelque chose lors de la table ronde le 17, ce sera prêt, basé sur des choses concrètes, sur des modèles qui arrivent, des moteurs qui arrivent, sur un plan industriel au bon niveau ».

Sites d’assemblage majeurs de Stellantis en Italie en 2024

  • Cassino (Alfa Romeo Giulia & Stelvio, Maserati Grecale)
  • Melfi (Jeep Renegade, Jeep Compass)
  • Modène (Maserati MC20)
  • Mirafiori (Fiat 500e, Maserati Granturismo)
  • Pomigliano d’Arco (Alfa Romeo Tonale, Fiat Panda)
  • Val di Sangro (Fiat Ducato, Peugeot Boxer, Citroën Jumper)

Si le fond ne change pas trop – Carlos Tavares avait, par exemple, présenté un plan pour l’ensemble des sites transalpins aux syndicats ou lors de sa récente audition au Parlement italien – la forme est plus douce.

« Chaque usine a son plan produit, a expliqué Jean-Philippe Imparato. Donc, Stellantis n’abandonne pas l’Italie, absolument pas. Nous le monterons à tout le monde la semaine prochaine ». Aujourd’hui donc.

La Fiat 500 hybride arrive

Le cas de l’usine de Mirafiori, à Turin, retient particulièrement l’attention en Italie. La mévente de la Fiat 500e pousse à de longues période de chômage technique. Au-delà, c’est toute la capitale historique de l’automobile italienne qui subit les conséquences avec de nombreux licenciements chez les sous-traitants.

« Nous voulons des modèles, de la production, expliquait Giovanni Mannori, représentant du syndicat FIOM Federazione Impiegati Operai Metallurgici, au micro de la RAI dans la même émission. Ces voitures sont fabriquées, mais fabriquées à l’étranger plutôt qu’en Italie ou à Mirafiori. Nous voulons travailler ».

Jean-Philippe Imparato a répondu aux salariés : « Je vous le dis de manière très claire : Mirafiori vivra et Mirafiori sera développé (…) D’ici à quelques mois, nous aurons l’hybride sur la 500 et au-delà, nous travaillons déjà sur la future 500 qui arrivera sur le marché un jour. Le plan doit être consolidé, mais je vous dis que nous ne lâchons pas Mirafiori ou Turin ».

Les ingénieurs de Stellantis travaillent actuellement sur la plateforme de la 500 – originellement prévue en 100 % électrique – afin de l’adapter à une chaîne de puissance hybride. Un apport de volume crucial sur un marché Italien où la part de VE dans les immatriculations est repassée sous la barre des 4 %.

« Vous savez tous qu’on pousse à fond sur l’hybride, a poursuivi le patron de Stellantis Europe. Je vous l’amène le plus vite possible, quelque part autour de novembre 2025. Et après, on retrouvera des niveaux autour de 100 000 voitures annuelles (à Mirafiori, ndlr.). Enfin, nous mettrons le futur de la 500 dans cette usine, ce qui nous amène à 2032-2033 ».

Le fantôme de Tavares…

Il est des absences qui se voient. Pendant les 12 minutes d’interview du patron de Stellantis Europe sur la première chaîne publique italienne, le nom de Carlos Tavares n’a pas été prononcé une seule fois. Son départ faisait pourtant la une des actualités transalpines…

Un silence d’autant plus étonnant que Jean-Philippe Imparato était l’un des plus fidèles disciples de l’homme d’affaires portugais, occupant successivement les fonctions de directeur général de Peugeot puis d’Alfa Romeo, essuyant notamment le psychodrame autour de l’appellation Milano.

« Si la méthode Tavares devait être résumée par un homme, c’est bien Jean-Philippe Imparato » écrivait ainsi il y a quelques semaines à peine Le Journal de l’automobile. Interrogé au Mondial de l’automobile sur la succession de son mentor, alors prévue pour 2026, l’intéressé déclarait son absence d’ambition devant les journalistes (dont l’auteur de ces lignes) :

« Je suis ici parce qu’un jour de janvier 2014, j’ai un mec (Carlos Tavares, ndlr.) qui a sorti un chef des ventes de quelque part, c’était moi et il m’a dit : « tu prends les ventes de PSA et tu me le mets de négatif à positif ». Sans Carlos, je ne suis pas là. Je me rase le matin, mais je ne pense pas à ça du tout. Je n’ai ni la compétence, ni l’ambition de faire ce job (celui de patron de Stellantis, ndlr.). Je ne suis pas fait pour cela. Qu’on soit clair : moi je bosse pour lui. J’ai décidé ça en 2014 et je ne changerai pas ».

Parfois, les circonstances modifient les plans les plus solides. Mais le fait que Jean-Philippe Imparato soit exposé aux médias italiens, se confronte au réseau dans des échanges « francs et directs » ou soit envoyé à la table ronde du ministre Urso la semaine prochaine démontre que le conseil d’administration du groupe compte visiblement sur lui pour éteindre les incendies à court terme. Et à long terme ?

La semaine dernière, John Elkaann, le président du groupe, rendait pour sa part visite aux joueurs de la Juventus à la veille de leur match de Ligue des Champions contre Manchester City avant d’aller rencontrer ce mardi Robin Zeng, le patron de CATL, afin de signer le contrat de co-entreprise pour une usine de batteries à Saragosse, en Espagne. Il n’a en revanche pas répondu à l’invitation du Parlement italien à donner des éléments sur l’avenir de Stellantis.

Un Stellantis plus italien

C’est d’ailleurs de Turin que Jean-Philippe Imparato pilotera Stellantis Europe : « Avoir la gestion des opérations européennes en Italie, en plus de la partie commerciale, plus la 500 hybride, plus le futur de la 500 à Turin, c’est un signal ».

« L’Italie deviendra le deuxième pays en matière de production de Stellantis en Europe en 2029 », a d’ailleurs indiqué le dirigeant sur la RAI. Carlos Tavares refusait jusqu’ici de donner publiquement un chiffre de ce type à l’opinion italienne ou au gouvernement de Rome.

L’exécutif de coalition entre droite et extrême droite, mené par Giorgia Meloni, entend ramener la Botte à un étiage d’un million de véhicules produits chaque année.

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Jean-Philippe Imparato a ouvert des portes : « Nous demandons à qui peut nous aider d’aider le secteur à aller vers une situation qui sera à la fin celle du 100 % électrique. Vous voyez bien la Chine. Ce pays est sur la route des 90 % d’électriques d’ici à 3 ans. Ceux qui pensent qu’on peut s’en protéger se trompent. Nous devons appuyer sur le fait d’être compétitifs, rapides (…) et être unis de manière à rendre ce coût le plus léger possible ». Un appel à un climat plus calme et à des aides étatiques plus conséquentes.

De manière plus tranchante, Carlos Tavares avait jusqu’ici pointé des soucis de compétitivité de ses établissements italiens, notamment en raison de coûts d’énergie élevés. La facture d’électricité est « doublée » par rapport à une usine espagnole, expliquait encore l’homme d’affaires portugais lors de son audition à Rome il y a quelques semaines.

Assemblage de véhicules Stellantis en Europe (2023)

  • Espagne : 1 003 000 unités
  • France : 730 000 unités
  • Italie : 567 000 unités
  • Slovaquie : 264 000 unités
(Chiffres : Stellantis, El Economista, FIOM/CGIL, Slovak Spectator)

Dans l’interview, Jean-Philippe Imparato n’a pas précisé si la production italienne doublera celle de l’Espagne ou celle de la France. Ces derniers mois, de nombreuses incertitudes ont émergé autour de l’avenir du site Stellantis de Poissy (Yvelines).

Stellantis cherche aussi à éteindre cet incendie et à rassurer la France. Ce lundi, John Elkaan a été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron. Selon le communiqué de la présidence, le chairman de Stellantis a « souligné sa volonté de continuer à soutenir les usines où le groupe est implanté ». L’engagement à propos du site de fabrication de batteries ACC à Douvrin (Pas-de-Calais) est maintenu.

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