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Alors que les premières livraisons de la berline survoltée de Tesla remontent à 10 ans, il est bon de se rappeler l’effervescence et les attentes qui entouraient la Model S, notamment en France, dès lors que les automobilistes intéressés ont appris son prochain lancement. Chez Automobile Propre, nous pouvons témoigner de cet engouement.
Ça bouge chez Tesla en 2008. C’est l’année de lancement de la production du Roadster, débutée en mars. Trois mois plus tard, Elon Musk communique déjà sur le développement de la Model S qui devra lui assurer sa rentabilité. Même saut de puce sur l’échelle du temps et l’on apprend que la marque ne sortira que des voitures électriques.
Marrante cette régularité des annonces : mars 2009 date la présentation du premier prototype de la Model S lors d’une conférence de presse, et le mois de septembre suivant signe le lever de voile au Salon automobile de Francfort ouvert du 17 au 27. Hasard du calendrier, quelques pionniers de la mobilité électrique sont réunis à Créhange (57) quelques jours plus tôt, dans le cadre de la Bourse d’échanges annuelle de voitures anciennes.
Nous y sommes avec nos VE à batteries nickel-cadmium ou au plomb. Sont exposées une Baker Electric de 1909, une Dauphine Henney Kilowatt de 1960, une Citroën Dyane convertie, mon propre Renault Kangoo Elect’Road… et un roadster Tesla présenté par un passionné mandaté par le constructeur américain. Mon fils de 8 ans a la chance de pouvoir prendre place à bord. La future grande berline électrique d’Elon Musk est déjà au cœur des conversations.
En France, à cette époque, les pionniers de la mobilité électrique ont principalement dans la tête deux futurs modèles dont ils suivent les étapes avant leur arrivée sur le marché : la Renault Zoé et la Tesla Model S.
La première, autour de laquelle l’enthousiasme est également palpable, est une suite logique aux Renault Clio, Citroën Saxo, Peugeot 106 et autres modèles à batteries nickel-cadmium qui sont alors notre quotidien. On y croit sans problème : ce sera une bonne voiture électrique, certainement très pratique à l’usage.
Pour la Tesla Model S, c’est tout différent. On veut y croire, mais on ose à peine, tellement il apparaît difficilement imaginable qu’une telle voiture nous arrive en France. Une véritable passion l’entoure. La véritable crainte est qu’Elon Musk ne puisse pas aller jusqu’au bout de son projet. On sent déjà s’exprimer des hostilités de la part de constructeurs.
En revanche, nombreux sont les automobilistes pionniers de la mobilité électrique à effectuer des simulations financières. Et plusieurs ont finalement abandonné la Zoé pour l’Américaine. Le comportement du Losange envers les utilisateurs de son ancienne génération de VE a même été un bon catalyseur pour cela.
Construites dans l’ancienne usine californienne d’assemblage de General Motors à Fremont, les 10 premières Tesla Model S sont livrées le 22 juin 2012. C’est cet anniversaire que nous célébrons à travers le présent article. À l’époque, la production n’atteint pas la centaine d’exemplaires par mois.
Les clients européens doivent attendre encore un peu. Pour rassurer ceux qui avaient déjà réservé leur exemplaire contre quelques milliers d’euros, un « Get Amped Model S Tour » est organisé au début de l’année 2013, avec 5 escales : Munich (Allemagne), Zurich (Suisse), Anvers (Belgique), Hambourg (Allemagne) et Copenhague (Danemark).
J’étais alors modérateur pour le forum VehiculesElectriques.fr. L’un des membres avec lequel j’avais tissé des liens amicaux s’était déjà engagé pour la berline familiale sportive. Il pouvait proposer à trois personnes de l’accompagner pour essayer le véhicule. Voilà comment nos fils respectifs de 11 ans ont été parmi les premiers enfants français à découvrir sur route européenne cette fabuleuse voiture.
C’était à Anvers, début février. Nous étions partis de Bretagne et avions affronté la neige et le verglas pour nous rendre au Crowne Plaza Hôtel où le rendez-vous avait été fixé par Tesla.
Fin 2013, Maxime Fontanier était aussi sur le coup, avec une interview de James Morlaix, bien connu des amateurs de la marque américaine. C’était à l’occasion d’un Marseille-Paris réalisé en 14 h 30 avec une recharge intermédiaire à Lyon.
Quelle sensation à pleine accélération ! Au même niveau que certaines attractions de fête foraine. « Alors là, mon p’tit gars, je me suis dit : “toutes les autres voitures, on peut les mettre à la casse !” ». Cette citation n’est pas de moi, ni même dirigée vers la Tesla Model S.
À lire aussiLa Tesla Model S Plaid affronte la Porsche Taycan Turbo SC’est le ressenti en 1955 du journaliste Roger Brioult, fondateur de la Revue technique moto, et directeur de publication de son équivalent pour l’automobile (RTA), après un essai de la Citroën DS. Elle pourrait parfaitement s’appliquer à l’Américaine branchée. Elle possède l’architecture et l’histoire pour se placer durablement en légende de l’automobile, à un niveau plus planétaire que la Française.
Les 2 voitures ont finalement pas mal de choses en commun, jusqu’à l’anecdote. Ainsi des vitres latérales sans montant, et des volants non conventionnels qui ont fait débat : une branche imposée pour la DS, et le Yoke mal accepté pour la Model S. Et plus sérieusement : un centre de gravité très bas qui empêche de partir en tonneau, ce mélange de luxe/sobriété, des lignes épurées, etc.
Et surtout, elles sont chacune nées de la volonté d’hommes passionnés qui ont refusé de se limiter au faisable, au conventionnel.
La Tesla Model S a surpris pas mal de monde à ses débuts. En plus de l’accélération phénoménale, d’une autonomie flirtant sur le papier avec les 500 km et dépassant même les 600 km réels avec certains conducteurs, c’est le grand écran tactile 17 pouces implanté en mode portrait qui attirait l’attention, permettant d’effectuer de très nombreux réglages. Et même d’ouvrir le capot abritant déjà un frunk de 150 litres, en complément d’un coffre de 745/1 645 l.
Et puis il y avait ce savant mélange de luxe et de sobriété. Enfin, cette voiture devenait concrète pour nous. En septembre de la même année, j’ai pu assister aux premières livraisons à Paris, le 26 septembre 2013, après les quelques exemplaires servis auparavant à Aix-en-Provence. C’était à la Villa Maillot, dans le 16e arrondissement. Les journalistes n’étaient pas invités.
J’ai pu bénéficier d’une faveur, par l’intermédiaire de cet ami breton early adopter que je remercie encore. J’avais pu interviewer un couple de Grenoblois qui était venu par le train récupérer sa P85. Le mari m’avait expliqué le montage financier de son projet : il avait en particulier abandonné son 4×4 pour le vélo afin de se rendre au travail quotidiennement pendant 4 ans, avant de recevoir sa Model S. L’économie réalisée était loin d’être négligeable.
En 10 ans, la Tesla Model S a connu pas mal d’évolutions. Entre l’éphémère propulsion 40 des débuts et une récente Plaid à 3 moteurs, la puissance passe de 173 à 750 kW (235 à 1 020 ch). La vitesse de pointe est presque doublée (177 vs 322 km/h), et le temps pour réaliser le 0 à 100 km/h est divisé par 3 (2,2/6,5 secondes). Le plus gros écart d’autonomie EPA est de 427 km : 225 km pour la propulsion 40, contre 652 km avec l’actuelle Grande Autonomie à motricité intégrale que nous attendons.
En 2016, la Model S perd son museau noir. C’est l’année où la Model 3 est présentée au public. Cette petite berline (par comparaison) va permettre à de nombreux automobilistes de vivre un rêve porté par la Model S depuis des années. Les ventes explosent. Nous l’avions bien pressenti. Le constructeur a montré de quoi il était capable, ignorant les avertissements des oiseaux de mauvais augure.
La familiale qui sait se faire sportive n’a plus à se faire très accessible aujourd’hui. D’où l’actuel recentrage sur les 2 modèles les mieux dotés de sa carrière encore en devenir, et que nous avons déjà évoqués (Grande Autonomie à motricité intégrale, et Plaid).
Pour les journalistes en automobile qui ont cru très tôt à la mobilité électrique et les pionniers du VE, l’histoire de la Model S et de Tesla est trop belle pour laisser indifférent. C’est avec plaisir que nous célébrons à notre manière cet anniversaire.
À lire aussiTesla Model S Plaid : Elon Musk confirme l’option 7 placesLa Tesla Model S a fait rêver nombre d’automobilistes et a inspiré le passage au véhicule électrique d’une génération. Elle a été la première à démontrer que l’on pouvait faire de longues distances en voiture électrique, notamment en conjugaison avec le réseau de superchargers.
En tant que propriétaire d’une Model S 75D depuis près de 6 ans, j’apprécie toujours autant cette voiture. Elle reste d’actualité avec les mises à jour des logiciels ; le vieillissement côté matériel et mécanique est honorable.
Je la remplacerai prochainement par un Model Y, Tesla n’étant malheureusement pas en mesure des livrer des Tesla Model S en France depuis des mois. Espérons que cela change prochainement !
Mon essai en 2011 du Tesla Roadster, qui reprenait un châssis Lotus, avait déjà révélé une maîtrise indéniable de la propulsion électrique par la jeune marque américaine d’alors. Cependant, la Model S était un tout autre challenge, puisqu’entièrement développée en interne, destinée à un public plus large, avec une production à grande échelle et marchant sur les plates-bandes du tout puissant premium allemand.
Mais quelle claque cela a été quand j’ai pris le volant d’une version P90D à l’occasion de son restylage de 2016 : une autonomie réelle supérieure à 400 km qui reste toujours compétitive six ans plus tard, un dynamisme remarquable malgré la masse conséquente grâce au positionnement des batteries garantissant un centre de gravité bas et un confort extraordinaire, même si on pouvait regretter à l’époque une finition parfois approximative.
Mais c’est surtout la première fois que j’ai pu ressentir l’Accélération avec un A majuscule, celle qu’on lie désormais aux voitures électriques et qui se traduit par une poussée violente et instantanée à la limite de l’inconfort pendant laquelle on a l’impression que sa vision se trouble légèrement, comme si on était Luke Skywalker à bord de son X-Wing passant en hyperespace. Et c’est la raison pour laquelle je garderai toujours une tendresse particulière pour la Model S.
La Tesla Model S marque une véritable rupture technologique dans l’histoire de l’industrie. Si le marché automobile bascule et s’électrifie à la hâte aujourd’hui, c’est avant tout parce que la Model S a prouvé la pertinence de sa technologie sur le marché de la berline de luxe haut de gamme lors de sa sortie en 2012.
Après avoir pu essayer le roadster Tesla pour L’Auto-Journal, j’attendais la Model S avec impatience et j’ai réussi à contacter l’un des premiers propriétaires français (James Morlaix) pour réaliser le premier Paris-Marseille sur une journée en voiture électrique sans « Supercharger » à la fin de l’année 2013. Je vous invite d’ailleurs à visionner ma vidéo de ce reportage exclusif qui est toujours en ligne sur ma chaîne personnelle.
Cette vidéo a fait grincer des dents dans la presse automobile et m’a valu des déboires avec certains titres spécialisés qui ont dénigré mon travail sans me citer. Aujourd’hui, les critiques restent vives et souvent infondées sur les véhicules électriques, qui ne sont certes pas parfaitement propres, mais marquent un grand pas en avant face aux véhicules thermiques qui émettent du bruit, des vibrations et des émissions de gaz mortelles.
L’infrastructure détermine la superstructure, disait Marx, et la Model S en est un bon exemple. Les mesures politiques écologiques actuelles et le développement du marché du véhicule électrique ne sont que la résultante du lancement de la Tesla Model S qui demeure aujourd’hui plus aboutie que la plupart de ses concurrentes.
D’ailleurs, nombre de modèles de voitures électriques exploitent exactement la même architecture que celle de la Model S, à savoir une batterie intégrée dans le plancher et des moteurs dans les essieux. Mais personne n’a encore réussi à développer un système d’exploitation informatique, un planificateur et un réseau de recharge rapide aussi efficaces que ceux des Tesla.
La Model S, c’est la Nissan GT-R des électriques. Elle a jeté un pavé dans la mare en matière de performances en arrivant. C’est un dinosaure qui parvient à conserver son avance sur les autres sans changer ses fondamentaux, tout en réussissant à donner un gros coup de vieux aux précédentes moutures.
Mais alors que l’heure du renouvellement a sonné pour la Japonaise, la Model S peut encore continuer sa carrière. Surtout avec le dernier restylage, qui peut très sérieusement s’apparenter à une nouvelle génération, vu l’évolution de ses caractéristiques.
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