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Voiture électrique : et si c’étaient les marchands de pelle qui s’enrichissaient le plus ?
OK, vous avez peut-être un peu de mal à voir le rapport entre voiture électrique et marchands de pelles. C’est pourtant une allégorie qui vient parfois à l’esprit quand on observe le marché.
Petit rappel historique. Au cours de la ruée vers l’or en Californie au milieu du XIXe siècle, de nombreux chercheurs d’or ont convergé vers l’ouest des États-Unis pour tenter de trouver leur fortune. Pourtant, c’est un groupe inattendu qui a finalement réussi à tirer le plus grand profit de cette période : les marchands de pelles.
Les chercheurs d’or étaient souvent des personnes qui avaient abandonné leur vie quotidienne pour tenter leur chance dans les mines. Ils étaient souvent mal équipés et mal préparés pour les dures conditions de vie dans les mines. Les marchands de pelles, quant à eux, étaient souvent des entrepreneurs expérimentés qui avaient compris que les chercheurs d’or avaient besoin d’outils et de matériel pour extraire de l’or des mines.
Les marchands de pelles ont donc commencé à vendre des pelles, des pioches, des tamis et d’autres outils nécessaires à l’extraction de l’or à des prix élevés, car ils savaient que les chercheurs d’or étaient prêts à payer cher pour les avoir. Certains ont même commencé à louer leur équipement aux chercheurs d’or, ce qui leur a permis de gagner encore plus d’argent.
En fin de compte, les marchands de pelles ont réussi à gagner beaucoup plus d’argent que les chercheurs d’or eux-mêmes, car ils ont compris que leur véritable richesse se trouvait dans la fourniture de produits et services nécessaires aux chercheurs d’or, plutôt que dans l’extraction de l’or elle-même.
Il se dit d’ailleurs que c’est ainsi qu’un certain Levi Strauss bâtit sa fortune, en fournissant le fameux denim increvable aux chercheurs d’or plutôt que gratter la terre lui-même, ce qui donna naissance au fameux jean Levi’s.
Vous voyez maintenant l’idée ?
Si on la transpose au secteur de la voiture électrique, disons que les constructeurs sont les chercheurs d’or qui passent le plus clair de leur temps dans la mine en quête des plus belles pépites. Autrement dit, ils cherchent à extraire de la richesse en produisant et en vendant des véhicules électriques. Alors que les marchands de pelles (ou de pioches, ou de jeans, comme vous voulez) sont les entreprises qui prospèrent en leur fournissant produits et services.
Qui sont-ils ? Il ne s’agit pas ici de dresser un inventaire de tout ce que le secteur compte comme acteurs et sous-traitants, mais il existe un écosystème qui pèse déjà probablement plusieurs milliards de dollars, qui – pour certains en tout cas – est né et gravite spécifiquement autour du marché de l’électrique, et dont certains acteurs très discrets sont pourtant clé dans le développement de ce secteur.
Ce sont par exemple, et en premier lieux les concepteurs et fournisseurs de solutions logicielles, et notamment de systèmes d’exploitation. Si certains constructeurs intègrent des solutions maison, avec plus ou moins de bonheur, d’autres ont fait le choix de confier le développement et l’intégration de leur OS à des prestataires extérieurs. C’est le cas notamment de Volvo et Renault (en tout cas pour la Megane e-Tech) qui font confiance à Google et son OS Android Automotive. On sait également qu’Apple travaille sur un dispositif similaire qui équipera probablement nativement d’autres marques, après avoir travaillé de concert pour implanter son OS, qui ne pourra pas être installé en surcouche à l’image d’un CarPlay. Chez les GAFAM, on a très bien compris l’opportunité fantastique que représentait le marché automobile pour continuer à développer son savoir-faire en matière d’extraction, de gestion et de redistribution de données. L’automobile est à cet égard une mine inépuisable, puisqu’une voiture est probablement l’un des objets grand public qui comportent le plus de capteurs.
La transition vers la voiture électrique induit de nouveaux usages et une prise en compte accrue des questions environnementales, qui vont jusqu’à celle du bien-être animal. C’est ainsi que, dans le sillage de Tesla, de nombreux constructeurs adoptent progressivement, de série ou en option, un habillage végan de l’intérieur de leurs modèles. Dans cette évolution, certains sous-traitant déjà existants, comme l’américan-japonais Ultrafabrics ou l’écossais Bridge of Weir, ont renforcé et diversifié leur offre et voient leur carnet de commande se remplir, alors que d’autres ont vu le jour récemment pour adresser ce marché particulier. Il y aura certainement de vrais nouveaux entrants sur ce marché prometteur, avec leur lot d’innovations visant à rendre les voitures électriques encore plus « propres », car la création de matériaux de synthèse à partir de produits recyclés constitue probablement un enjeu technologique de nature à attirer de jeunes entreprises. L’intérieur Race-Tex microfibre de la Porsche Taycan est par exemple habillé d’Econyl, une matière tirée essentiellement de filets de pêche recyclés.
Ce sont certainement ceux qui se frottent les mains le plus fort vu l’ampleur du marché, ses enjeux, et le coût unitaire des produits concernés, qui représente des milliers d’euros par voiture. CATL, LG, Panasonic, Samsung, BYD, CALB… Certains noms ne vous disent peut-être rien, mais chacun d’entre eux représente un groupe industriel majeur, avec une caractéristique commune : les 10 premiers fabricants de batteries pour voitures électriques sont tous asiatiques, majoritairement chinois, puis coréens et japonais. Dans un marché qui devrait représenter dans moins d’une décennie 95 milliards de dollars, ce sont probablement les marchands de pelles qui vont profiter le plus de la ruée vers l’or électrique. Ajoutons à cela quelques start-up spécialisées dans le développement de batteries solides, comme QuantumScape ou ProLogium.
Le BMS (Battery Management System) est à la batterie ce que l’OS est à l’ordinateur. Et les constructeurs automobiles délèguent pour la plupart cette compétence très pointue à des sociétés spécialisées, dont certaines se sont créées très récemment, alors que d’autres, comme le vénérable Texas Instruments, occupent la place depuis longtemps sur d’autres secteurs, et ont mis leur savoir faire en matière de micro-processeurs et de capacité de calcul au service des marques automobiles. Bosch quant à lui développe un nouveau service dans le Cloud pour les batteries utilisées dans les véhicules électriques, qui permet aux utilisateurs d’obtenir l’état de la batterie en temps réel et de l’optimiser en conséquence. Chez nous, une jeune pousse comme Moba (anciennement La Belle Batterie) travaille sur le secteur en mode SAAS, pour les particuliers et les professionnels. Un marché mondial qui devrait passer de 5,56 milliards de dollars en 2022 à 15,18 milliards de dollars en 2029 (d’autres sources indiquent… le double, mais on a l’habitude de se méfier des projections des analystes, disons que cela donne une idée).
Enfin, on pourrait citer en vrac les opérateurs de recharge, les concepteurs de planificateurs, les fabricants de boîtes de vitesses pour véhicules électriques (oui oui, ça existe, comme Bosch pour n’en citer qu’un) et même les sound designers et autres compositeurs appelés à la rescousse pour redéfinir la signature auditive des voitures électriques dans le cadre de l’AVAS, et de nombreux autres métiers participant à la chaine de valeur de la conception de véhicules électriques, ou encore :
En résumé, tout comme les marchands de pelles ont réussi à gagner plus d’argent que les chercheurs d’or en fournissant des produits et des services nécessaires à l’extraction de l’or, les entreprises qui peuvent fournir des produits et des services nécessaires à l’adoption de la voiture électrique auront plus de chances de réussir dans ce marché en croissance.
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