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2024 promet d’être une année charnière pour la voiture électrique. Voici ce que nous voyons arriver dans les prochains mois.
Le marché de la voiture électrique continue de progresser et a même atteint des chiffres record en 2023, représentant 17% des immatriculations sur l’année, avec même une pointe à 20% en novembre et décembre, soit une voiture neuve sur cinq. La Chine fait encore mieux que nous puisque sur son marché domestique, une voiture neuve sur quatre est électrique.
La nouvelle année est donc l’occasion de nous livrer à un autre exercice de prospective, ou plutôt de prédictions, sur ce que nous voyons se profiler en 2024. Curieusement, l’exercice nous parait plus difficile que l’an dernier à la même date, ce qui au final est peut-être un signe encourageant, celui d’un secteur tellement vivace et foisonnant qu’il devient périlleux d’identifier des tendances marquantes.
Mais il en faut plus pour nous décourager, quitte à nous planter dans les grandes largeurs, voici donc nos 10 prédictions pour 2024. Quand je dis « nos », il s’agit d’une formule journalistique, car ce ce sont les miennes, et elles n’engagent que votre serviteur, pour le meilleur et pour le pire.
Cette fois on y croit (un peu) ! Quelques signaux nous indiquent que les tarifs pourraient réellement commencer à baisser, si l’on fait une moyenne sur l’ensemble des gammes disponibles sur le marché. Il y a tout d’abord le leasing social – ou la voiture électrique à 100 euros par mois – qui envoie un signal politique fort, une sorte de totem qui pourrait bien devenir un argument marketing derrière lequel vont essayer de se ranger les constructeurs. Il y a également l’annonce-choc de la fin du bonus écologique en Allemagne, qui va certainement inciter les constructeurs à baisser leurs prix pour ne pas subir un contre-coup trop violent dans leurs ventes. Ce qui démontrera alors qu’ils avaient un peu de marge. Volkswagen vient d’ailleurs d’ouvrir le bal, et il est probable que d’autres suivront, entrainant un effet vertueux de concurrence sur les prix.
Toutes ne seront peut-être pas disponibles avant la fin de l’année, mais elles seront en tout cas annoncées, avec leurs différentes versions et leurs tarifs, et il sera peut-être déjà possible de placer une pré-commande. Nous parlons de la Citroën ë-C3, de la Renault 5, de la Volkswagen ID.2 All (à moins que… ), de la nouvelle Dacia Spring ou encore de la Fiat Panda électrique. Ce qui fait déjà 5 modèles aux alentours de 25 000 euros prévus pour débarquer dans le courant de l’année. Parmi les citadines compactes on notera également l’arrivée en 2024 de la Lancia Ypsilon électrique ou encore de la BYD Dolphin, mais ces modèles seront très certainement au-dessus des 25 000 euros. Et la Tesla Model 2 (ou Model A) ? Elle ne sortira pas en 2024, mais elle sera peut-être annoncée et dévoilée à la fin de l’année. Avec Elon, une annonce ça ne mange pas de pain et cela n’engage que ceux qui y croient…
Cette catégorie pourrait venir compléter la précédente par le bas. Après la Renault Twizy et, plus récemment, la Citroën AMI qui ont popularisé le genre, doit-on s’attendre à une extension de cette catégorie de voitures électriques ? Les constructeurs ne sont pas très diserts sur le sujet, et hormis la Fiat Topolino, il vaut mieux regarder du côté des start-up « pure players » pour identifier les nouveaux modèles à venir. Une française d’abord, la Kate K1, dont les étonnantes et ambitieuses caractéristiques nous ont été dévoilées en exclusivité dans le dernier épisode de notre podcast avec l’interview du CEO de la marque. Il y a également la très minimaliste La Bagnole, dont les premières livraisons sont promises pour 2024. Nous avions déjà recensé les forces en présence, avec des projets vraiment alléchants, mais rien pour le moment ne nous autorise à penser que nombre d’entre elles débarqueront par ici dans un avenir proche. Nous sommes cependant convaincus que cela arrivera, même si ce n’est pas exactement en 2024.
Là c’est du sérieux et du solide. Il se dit même que la production de la nouvelle version de la Model 3 Performance serait déjà entrée en production quelque part en décembre à l’usine de Fremont. C’est pour le moment le secret le mieux gardé de Tesla, et on ne sait pas grand chose à son sujet, à part quelques conjectures étalées comme la confiture par les sites et blogs auto qui n’en savent pas plus que vous et moi mais qui sont quand même capables de faire des « scoops » de 1000 mots sur le sujet. Notre feeling sur cette nouvelle version n’a pas changé : nous pensons qu’elle sera encore plus performante que la version actuelle, avec un temps au 0-100 qui devrait descendre autour des 3 secondes (2,9 pour l’impact psychologique ?), et des améliorations tous azimuts. Nous craignons en revanche une augmentation sensible du tarif, au même titre que celui de la Model S Plaid par rapport à la version de base. Allez, on se mouille un peu : on parie qu’elle sera annoncée courant janvier pour une commercialisation au premier trimestre…
On l’a presque oubliée celle-ci, et pourtant, quel engin ! Maintenant que le Cybertruck est lancé et que la voie est libre, il se pourrait bien que le Roadster 2, dévoilé en 2017 et promis pour 2020, constitue le prochain gros lancement de la marque américaine. Nous verrions bien un timing dans la continuité du Cybertruck, à savoir une annonce en novembre et quelques premières livraisons au compte-gouttes avant la fin de l’année. Ce qui dégagerait à nouveau la voie pour la petite Tesla en 2025.
Elles ne se sont pas vraiment endormies, mais on peut dire qu’elles ont été quelque peu bousculées au cours des dernière années avec le développement du marché de l’électrique. Entre tarifs trop élevés, gammes qui visent essentiellement le premium et majoritairement constituées de SUV lourds et peu efficients, certaines marques européennes semblent un peu avoir perdu leur boussole. Le cas le plus flagrant est certainement Audi, qui semble ne plus trop savoir où elle habite. Mais tout cela devrait rentrer dans l’ordre en 2024, avec de belles perspectives, entre baisse des tarifs, arrivée des citadines compactes à 25 000 euros, et des modèles prometteurs chez de nombreux constructeurs. Les Français ne devraient d’ailleurs pas être en reste avec de nombreux et très alléchants modèles arrivant en 2024, comme la Renault Scenic E-Tech, la Renault 5, la Peugeot E-2008 ou encore la Citroën ë-C3. Côté Allemagne, des perspectives intéressantes aussi avec l’Audi Q6 e-tron, la Porsche Macan EV et la BMW iX2. Bref, je crois qu’on va se régaler.
Alors que notre collègue Andy David s’interroge sur le plaisir de conduire en électrique dans son dernier édito, quelques indices nous laissent entendre que celui-ci pourrait être de retour. C’est d’abord Hyundai qui réinvente le plaisir des sens avec son improbable Ioniq 5 N, qui reprend tous les codes d’une bonne vieille thermique sans la pollution qui va avec. C’est aussi l’arrivée imminente à l’été 2024 de la très attendue et superbe MG Cyberster, ainsi que celle, plus proche, de la nouvelle Tesla Model 3 Performance, dont on sait peu de choses mais que l’on suppose encore plus radicale que l’actuelle. C’est enfin la sortie prévue aussi en 2024 de l’Alpine A290, qui fait déjà frissonner d’impatience tous les amateurs de sensations et autres nostalgiques des petites sportives énervées.
La fameux tsunami des voitures électriques chinoises que l’on nous promet depuis quelques années a-t-il eu lieu ? Pas vraiment. Au mieux, on retrouve seulement deux voitures chinoises dans le top 20 des ventes de voitures électriques en France en 2023, et ce sont deux MG, dont la MG4 en sixième position. Il y a aussi la Dacia Spring, mais elle est sous blason français, donc ça ne compte qu’à moitié. Pour le reste, pas encore de BYD, ni de NIO, ni de Xpeng à l’horizon. En tout cas pour le moment. Il n’est pas question ici de nier l’importance et la diversité de l’offre de VE chinoises, ni la puissance de frappe de cette industrie, ni le danger qu’elle peut représenter sur le marché européen, puisque sur les vingt constructeurs qui ont écoulé le plus de modèles électrifiés entre janvier et octobre 2023 dans le monde, huit sont chinois. Mais il semble que malgré cette forte progression, les planètes ne soient pas encore alignées pour le Grand Soir. Les ventes de voitures chinoises en Europe restent confidentielles, les marques sont méconnues, n’ont pas encore de réseaux commerciaux propres à rassurer le consommateur, et surtout les constructeurs chinois n’attaquent pas le marché par leur angle habituel, celui des prix tirés et du low cost. Hormis la MG4, qui est un cas un peu à part puisqu’il s’agit d’une voiture conçue spécifiquement pour l’Europe et inconnue en Chine, toutes les autres offres des principaux constructeurs visent plutôt le premium ou le milieu de gamme, avec essentiellement des berlines positionnées sur le segment des Tesla Model 3 et Model S. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, une BYD Seal commence à 46 990 euros pour la version de base. Autres freins à l’invasion redoutée, les mesures protectionnistes voulues par l’UE, concrétisées entre autres par le nouveau mode de calcul du bonus écologique français, qui exclut de facto toute production chinoise de son champ d’éligibilité. La question est donc de savoir si, en dehors de MG Motor, une autre marque chinoise fera son entrée dans le top 20 des ventes de VE en France en 2024. Ce sera peut-être le cas (BYD ?), mais rien ne permet pour le moment de prédire cela avec certitude. Ou alors les voitures chinoises utiliseront le cheval de Troie de leurs filiales européennes pour forcer le passage, comme Geely avec Volvo, Polestar et d’une certaine façon, Smart.
Même si quelques effets d’annonce continuent à surgir de temps en temps – auxquels plus grand monde ne croit ou ne prête attention – il semble acquis qu’une sorte de consensus se soit établi sur la « bonne » autonomie d’une voiture électrique. On parle de 450 à 600 kilomètres de portée réelle en conditions de conduite conformes au cycle WLTP. Ce qui garantit dans tous les cas un bon 300/400 kilomètres à 130 km/h par tout temps. Avec le développement fulgurant des infrastructures de recharge et des voitures qui chargent de plus en plus vite, la question de l’autonomie ne se pose plus vraiment en usage quotidien, à part pour quelques Don Quichotte de la pédale droite pour qui abattre 1000 kilomètres d’une traite sans pisser semble être devenu le combat d’une vie. Il reste cependant quelques efforts à faire côté constructeurs pour améliorer encore les puissances de recharge, et viser 200 kW, qui devrait devenir une sorte de standard universel.
Il y a près de 120 000 points de recharge publics en France. Il devrait y en avoir 400 000 en 2030. De quoi aiguiser les appétits des entreprises spécialisées dans la fourniture d’énergie électrique. C’est déjà le cas, puisque en dehors des grands réseaux déjà bien établis comme Electra, Fastned, Bump, Driveco, Ionity et autres, on voit fréquemment émerger de jeunes challengers, souvent des start-up, qui misent sur l’innovation pour tenter de se faire une place au soleil. C’est un marché difficile, où les investissements sont lourds, et où le retour sur investissement est long. Il faut donc avoir les reins solides, et de bonnes relations pour obtenir des financements massifs en attendant les premiers bénéfices. Ce n’est pas donné à tout le monde, et il risque d’y avoir des morts. Ou alors des rachats et des fusions, dans une logique de consolidation du marché. Il ne nous étonnerait pas que les premières opérations de ce genre se produisent dans le courant de cette année.
Nous aurions pu évoquer également l’évolution des technologies, dans les batteries et les moteurs, le développement des offres de formation autour de la voiture électrique, ou encore le coup de boost attendu des solutions de recharge en habitat collectif, mais certains de ces points se concrétiseront certainement dans un temps plus long, au-delà de 2024. Rendez-vous en fin d’année, où nous ressortirons cet article pour le débriefer point par point.
En attendant, je vous souhaite une très belle année à toutes et tous !
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