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L’électro mobilité est apparue avec le besoin de rouler sans consommer de pétrole et sans émettre des gaz à effet de serre (GES). La Californie a, par exemple, rendu obligatoire les véhicules électriques suite au refus des USA de Bush de signer le protocole de Kyoto. La nécessité de diminuer nos émissions de GES a conduit à la lente apparition des VE, des transitions énergétiques, en corrélation avec le changement climatique qui a vu une augmentation de la température moyenne de la planète de 0,85°C (source : GIEC) en 130 ans. Mais si le changement climatique s’emballait ? Alors nos modes de vie seraient profondément bouleversés…
L’emballement climatique frappe à nos portes depuis 2015. Il va pulvériser notre mode de vie. Explications ?
Du protocole de Kyoto (1997) à la COP21 de 2015, tous les pays affichent un accord sur la nécessité de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (GES). 18 années se sont écoulées. L’impact sur notre mode de vie n’a pas été vraiment significatif. Certes l’industrie automobile (entre autres) se voit bouleversée par les impératifs de diminuer les émissions de GES mais, en pratique, cette transition est particulièrement lente.
Et si le changement climatique s’aggravait, que se passerait-il ? Est-ce que nos sociétés modernes auraient la volonté d’évoluer bien plus vite vers de nouveaux paradigmes ? Seraient-elles capables de le faire ? Le présent article présente une menace climatique forte émergente. En résumé : le réchauffement climatique quitte la corrélation « émissions de CO2 influent sur le réchauffement » vers une nouvelle : « les émissions de CH4 (le méthane) influent très fortement sur la hausse des températures ».
Dame Nature prend en compte la surcharge en GES de notre atmosphère : le réchauffement suit sa progression plus ou moins heurtée depuis 130 ans. :+0,85° de 1880 à 2010 pour faire simple.
Réchauffement climatique ? Ne serait-il pas temps de parler du début d’un emballement climatique ? Depuis de nombreuses années, les scientifiques craignent un effet « turbo » auto alimenté où le réchauffement s’entretiendrait de lui-même en libérant des GES par simple réchauffement.
L’emballement climatique sera plus rapide, plus brutal, plus menaçant que l’actuel changement climatique relativement lent.
Emballement climatique : cela résume le terme plus scientifique d’« emballement de l’effet de serre ». Un point de bascule est atteint lors de la hausse de la température moyenne de la planète. Le réchauffement climatique s’auto-entretien par libération de GES sous la chaleur puis le changement accélère jusqu’à trouver un nouveau seuil d’équilibre potentiellement incompatible avec le fonctionnement de nos sociétés et l’existence de 7 milliards d’humains.
Il y a divers GES, deux vont nous intéresser. Le bien connu CO2 et surtout le discret CH4, le méthane.
Le méthane était donné, pour faire simple, comme ayant 21 fois plus d’effet de serre à volume égal que le CO2 lors du protocole de Kyoto (en fait il est de 34 minimum désormais). Ce n’est pas aussi simple : l’ efficacité du CH4 en tant que GES par rapport au CO2 est en fait de facteur 84 (les 20 premières années à partir de son émission) à facteur 34 et non plus 21 (100 ans à partir de l’émission) pour continuer à décroitre ensuite. La part du CH4 dans le changement climatique a été fortement sous évalué lors du protocole de Kyoto.
Un premier point clé est à garder en mémoire : l’impact radiatif (c’est à dire la capacité à produire un effet de serre) des GES n’est pas linéaire à la concentration. Dit autrement, en doublant le tonnage de CH4 dans l’atmosphère, on ne double pas son effet radiatif et donc son action sur l’augmentation des températures par effet de serre. On l’augmente certes mais pas du double.
Un deuxième point clé : au fil des années, le CH4 se dégrade et se décompose en divers autres éléments ayant un effet GES (impact radiatif) bien plus faible comme le CO2. La moitié du CH4 arrivé dans l’atmosphère disparaît en 20 à 50 ans.
Nos émissions de méthane sont en hausse constante en parallèle de l’élévation du taux de CO2 de 1880 à 2010. Nous dépassons la capacité de la planète à absorber ce méthane sur numéraire. A partir de 2010-2014, il y a une accélération des émissions de méthane dans le Grand Nord (Canada, USA, Groenland, Norvège …). On passe d’une augmentation de quelques nmol (une nano mole vaut 10 puissance -9 mole soit un milliardième de mole) annuelles à 10 nm par an dans plusieurs stations de mesure situées dans le Grand Nord ! En cause : les dégazages de CH4 via le réchauffement de l’océan et le dégel du permafrost.
Les émissions de méthane d’origine humaines sont issues de l’élevage, de l’agriculture et de l’industrie (pétrolière et chimique). La courbe du CH4 est en hausse constante depuis le milieu du 18ème siècle. A ces émissions de CH4, on peut désormais y ajouter les dégazages issus du réchauffement de CH4 solidifié.
Tout tonnage de CH4 dégazé s’ajoute aux tonnes de CO2 et CH4 déjà en fort excédent, émis chaque année. Cela constitue un accélérateur de réchauffement climatique. À partir du moment où le réchauffement climatique est capable de dégazer en atmosphère à 100% des milliards de tonnes de CH4 annuel, même en passant nos émissions de CO2 à 0, ce qui est impossible, le réchauffement sera auto entretenu et continuera de croître. On pourra à la rigueur tenter de jouer sur les émissions de CH4 pour tenter de freiner l’emballement.
Plusieurs constats :
D’où vient le méthane réchauffé ? De deux sources : la première, ce sont les hydrates de méthane stockés sous forme solide au fond des océans par l’eau froide et la pression. Ci-dessous une image via un sonar.
Ci-dessus nous voyons une colonne de méthane dégazée depuis un fond marin de 515 m. : à priori à 180 m de profondeur , le haut de la colonne s’est totalement dissous dans l’eau et le CH4 s’est décomposé en d’autres éléments, ce qui entraine une catastrophique acidification des océans. Les scientifiques menant ces campagnes de mesures affirment qu’il est fort probable mais hélas à ce jour impossible à mesurer avec précision, qu’une partie de ce méthane va au final se dégager de l’océan et se retrouver dans l’atmosphère sous forme de CH4.
Remarque : on voit sur la photo que cela dégaze juste quand le sol passe de bleu sombre à bleu clair . Là où le sol se réchauffe, le méthane dégaze ! Augmenter la température de l’eau et du fond des océans d’un simple degré entraine le début du dégazage du méthane solidifié depuis des milliers d’années.
La deuxième source de méthane est la fonte du pergélisol (permafrost). Ce méthane part à 100% directement dans l’atmosphère. Rien que pour la région subarctique de la Sibérie occidentale les scientifiques annoncent 70 milliards de tonnes de méthane en cours de libération dans l’atmosphère.
Le réchauffement climatique déclenche depuis quelques années le dégazage de CH4, solidifié depuis des milliers d’années. Ce CH4 a un effet de serre d’un facteur 34 à 80 fois plus grand que le CO2. On parle de centaines de millions de tonnes de CH4 supplémentaires par an qui s’accumulent avec les autres sources (humaines) de CH4 et au CO2 émis lui en milliards de tonnes annuelles.
100 à 250 milliards de tonnes de CH4 sont stockés dans le permafrost du grand nord en cours de dégel progressif. 1000 milliards de tonnes d’hydrate de méthane sont stockés en zones sous marines réchauffées. Il y a de quoi tout simplement rendre la planète inhabitable.
La vitesse de dégazage est en nette accélération.
Un outil mise à disposition par la NOAA permet de consulter de nombreuses mesures sur le CH4 et le CO2 émis dans le grand Nord dans les multiples stations de mesure US, Canadiennes et européennes. On passe de +5 à +10 nmol de progression annuelle à + de 20 nmol ; disons que l’on trouve une accélération d’un facteur 3 à partir de 2010 et 2014 / 2015 selon les points de mesure !
Faisons un zoom sur 2010 / 2015. Le CH4 émis s’emballe, les températures aussi ! Les émissions de CO2 sont stables. La hausse des températures se corrèle sur la hausse des émissions de CH4 !
Il a fallu 20 ans, de 1980 à 2000, pour avoir une augmentation de +0,4°. Il a fallu 14 ans pour avoir une augmentation de 0,2°C de 2000 à 2014 et un an pour +0,2°, de 2014 à 2015. Et 2016 sera plus fort que 2015.
4 agences gouvernementales distinctes (NOAA, NASA, Met Office, Météo France) corrèlent ces courbes, quoique avec des valeurs légèrement différentes ! La tendance est à l’accélération forte de la hausse des températures ces dernières années. Les scénarios que l’on peut en déduire pour le futur sont les suivants :
1 ) augmentation partiellement linéaire donc une augmentation plus forte que lors des 130 dernières années, mais « limitée » à 0,1° annuel => on serait à + 1,6° en 2020, à +2,5°C en 2030. Ce scénario est le plus probable d’après les mesures de ces dernières années. Les mesures des années à venir de 2017 à 2020 vont confirmer ou non ce scénario qui est déjà catastrophique !
2) exponentielle plus ou moins partielle. On passe à +0,2 / 0,4°C par an dans les années à venir car les dégazages augmentent fortement. => +1,8 à 2°C en 2020 et +3° en 2025. +4°C en 2030. Ce scénario est actuellement peu probable mais possible.
Ces scénarios mènent à des catastrophes écologiques, climatiques et économiques. Dans le domaine du transport, maîtriser le réchauffement climatique passe par des actions drastiques qui vont bien au-delà des simples carburants alternatifs. Il ne s’agira pas seulement d’abandonner sa voiture thermique au profit d’une voiture électrique mais bien de revoir et de restreindre la mobilité des biens et des personnes. Une transition qui pourrait aboutir à la mort progressive du véhicule personnel. Quant aux poids-lourds, encore très dépendants du pétrole, d’autres alternatives comme l’hydrogène devront s’imposer.
De manière globale, tout ce qui brule du pétrole ou du gaz doit arrêter le plus vite possible et être remplacé par une EnR quels qu’en soit le prix ou la complexité. Il n’est plus temps de discuter de rendement, de prix de revient. On discute de l’arrêt définitif d’un mode de transport et de son remplacement par un moyen sans GES mais nettement plus cher.
La production de gaz / pétrole de schiste doit être arrêtée du fait de ses fortes émissions et fuites de CH4 liées au principe même des mécanismes d’extraction.
Le carbone facile à la demande est terminé. Les transports en commun de tous les pays sont obsolètes et inadaptés à des portions importantes de la population. Faciliter l’utilisation des transports en commun, mettre en place le chainon manquant domicile vers gare la plus proche avec des VAE (véhicules autonomes électriques), des transports en commun autonomes opérationnels 24/24 permettront un réel usage des transports en commun et une réelle disparition des voitures particulières et des besoins de pétrole / gaz / CH4 liés à leur usages.
Bien sur, je me doute bien des commentaires : impossible, trop cher, pas assez rentable etc. Ils seront hors de propos. Le fond de la discussion porte sur le maintien en vie de milliards d’humains et sur le maintien en place d’une partie de nos sociétés modernes en changeant profondément et rapidement nos habitudes. Ou pas…
Encore plus largement, ces mauvaises habitudes polluantes en CO2 ou en CH4 devront être remises en cause. Il faudra limiter l’utilisation du chauffage et de la climatisation, caler sa consommation sur les EnR ou encore supprimer tout élevage émetteur de CH4.
Nous sommes tous concernés, sans exception. Les dégâts écologiques, économiques menaceront tout notre système français, européen et mondial : emploi, social, santé. La restriction sévère des ressources nécessaires à la vie d’un pays (nourriture, eau) vont amener de redoutables embargos sur la nourriture et un combat pour accéder à l’eau douce. Ajoutons-y les massives migrations climatiques, et nous aurons la porte ouverte à de meurtriers conflits en tout genre à une échelle encore plus élevée que ce que nous connaissons aujourd’hui.
L’emballement climatique en cours de démarrage est pointé aujourd’hui prudemment par quelques scientifiques. Mais à la vitesse où il progresse, les états vont devoir réagir face à la menace qui pèse sur la vie des populations.
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