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Désormais en bonne forme, Lotus passe la vitesse supérieure : la marque anglaise dévoile l’Eletre. Rencontre exclusive avec ce nouveau SUV électrique.
Bentley, Lamborghini ou même Ferrari ont cédé aux sirènes hurlantes des SUV. Alpine non plus n’y fera pas exception. Ce segment, particulièrement porteur, permet à n’importe quel constructeur de s’offrir une santé financière de fer. Et ce n’est pas Porsche qui dira le contraire avec son Cayenne, lancé en 2002 et dont on connaît désormais l’histoire.
Dans ce monde qui rétrécit et où les voitures grossissent, Hethel semblait être l’un des derniers remparts face à l’envahisseur : reposant sur la philosophie de Colin Chapman, le fondateur de la marque, Lotus cultivait du mieux que possible le précepte du « Light is Right », que l’on peut aisément traduire par « La légèreté c’est le bien ».
Gagnant ses lettres de noblesse au fil des années, la firme anglaise tourne désormais une page de son histoire et dévoile l’Eletre. Connu depuis plusieurs semaines sous le nom de code Type 132, qu’il arborait encore lors de notre rencontre exclusive, le SUV électrique de Lotus se présente aujourd’hui sous sa forme définitive.
Le Lotus Eletre n’est autre qu’une concrétisation de plus dans le plan défini par le groupe chinois Geely, détenteur de la marque. Une vision qui, de nos jours, ne surprend presque plus personne. Pas même ceux qui avait hurlé au scandale en voyant arriver les propositions du visionnaire Dany Bahar en 2010 ou, un peu plus avant et de manière bien plus confidentielle, le Lotus APX Concept. Développé au sein du Lotus Tech Innovation Centre, mais fabriqué en Chine à Wuhan, le nouveau SUV a été esquissé en Angleterre dans les locaux du Lotus Tech Creative Centre.
C’est avec Peter Horbury que nous avons eu rendez-vous dans une zone industrielle anonyme d’Amsterdam il y a un mois pour découvrir de plus près l’Eletre. Un imposant SUV de 5,10 m de long, qui le place, avec le Tesla Model X, tout en haut de la hiérarchie. Même un Audi e-Tron de 4,90 m s’efface devant le Lotus, qui affiche aussi un empattement de 3,02 m. Mais avec un pavillon culminant à 1,63 m de haut, ce SUV présente une silhouette élancée. C’est l’une des volontés du designer, qui souhaitait avant tout conserver l’apparence habituelle des Lotus. D’après lui, ces pirouettes cosmétiques permettent d’avancer le poste de conduite comme sur les sportives à moteur central arrière, en réduisant au minimum la cote de prestige qui correspond à l’espace entre l’axe de la roue avant et la baie du parebrise.
La proue est sans nul doute la partie la plus expressive, et pourrait presque faire passer un Lamborghini Urus pour un timide SUV. Au regard froncé qui surplombe d’autres blocs optiques inférieurs, patte stylistique de Zeekr ou Lynk&Co, s’ajoutent des appendices aérodynamiques camouflés. Le panneau inférieur s’équipe de nombreuses ouvertures hexagonales qui laissent passer l’air selon les besoins, alors que le bouclier est ajouré de toute part : les extrémités laissent apparaître les pneus (des Pirelli P Zero de 285/35 ZR23 à l’avant), alors que le museau dispose de canaux d’air débouchant sur le capot, qui cache un frunk de 77 l (auxquels s’ajoute un coffre de 400 l). Le but étant de rendre ce mastodonte « air friendly », comme le précise fièrement Ben Payne en prenant comme référence la Lotus Evija.
Elle aussi ajourée selon les exigences des départements design et aéro’, la poupe est finalement plus fluide. Elle se distingue par la présence d’un bandeau lumineux, qui a aussi l’avantage de présenter le niveau de charge de la batterie à l’approche du conducteur. La malle cache un aileron actif, secondé par un spoiler de toit scindé en deux. Son objectif : permettre au capteur LiDAR déployable de faire son office.
C’est là l’une des technologies les plus avancées du Lotus Eletre qui proposera, selon les législations locales, un dispositif de conduite autonome de niveau 4. Dès sa sortie, il sera néanmoins bridé à un niveau 2. Lorsque le système sera activé, les caméras, capteurs et radars sortiront de leurs logements, situés dans les arches de roue et sur la cime du parebrise ou de la lunette arrière. Au chapitre vision, le SUV pourra être équipé de rétroviseurs par caméras avec une projection de l’image dans les panneaux de portes.
Difficile de se faire un avis sur l’ergonomie intérieure, mais les écrans dédiés à la rétrovision pourraient ne pas être des plus faciles à appréhender. Au contraire des autres commandes imaginées pour épurer l’ensemble. De rares touches subsistent sur la console centrale et sur le volant, mais la plupart des fonctions seront pilotables depuis l’écran tactile central de 15,1 pouces. Ce dernier est pivotable et peut se mettre en position plus horizontale pour ne pas gêner le conducteur sur la route. Ce dernier et le passager pourront alors lire les informations sur les fins bandeaux numériques installés sous les casquettes séparées. Écho au spoiler de toit, cette absence de matière s’explique par une recherche obsessionnelle des gains de poids.
Toujours à l’intérieur, évoquons aussi le choix des matériaux avec des considérations environnementales et durables. La sellerie est réalisée en microfibres synthétiques aux principaux points de contact, et avec un tissu en mélange de laine. Les surfaces dures sont façonnées dans des fracas de fibres de carbone compressées. Les équipes de Lotus affirment que, outre les considérations vertueuses, ce mariage de matières est plus léger que le cuir traditionnel de l’ordre de 50 %. Light is Right, c’est un fait, mais Light is Fair, aussi.
Mais si les considérations pondérales sont élevées au rang d’art chez Lotus, du moins sur les plaquettes, la marque n’a pas oublié de mettre le paquet en matière de technologies embarquées : tablette tactile de contrôle à l’arrière, bandeaux lumineux à affichage dynamique ou vision tête-haute en réalité augmentée, tout y est. On note même la présence d’un système audio haut de gamme en provenance de KEF, avec un système Reference à 23 haut-parleurs de 1 500 W, avec technologies Uni-Q, sound 3D Surround et Uni-Core, une première dans l’industrie automobile. De quoi écouter La Lettre à Elise de Beethoven avec une qualité de premier choix.
Pour les plus geeks, notez que le Lotus Eletre fait le plein d’aides électroniques comme aucune autre Lotus ne l’a fait auparavant. Ainsi, il s’équipe de le régulateur adaptatif (ACC), l’atténuateur de collision avant et arrière (CMSF et CMSR), l’alerte de panneaux de signalisation (TSI), l’avertissement à l’ouverture des portes (DOW), l’alerte de trafic avant et arrière (RCTA et FCTA), l’assistant au changement de file (LCA), l’alerte d’enfant à bord (CPD), l’aide au maintien dans la file avec fonction alerte franchissement (LKA+) et l’appel d’urgence (E-Call).
Le SUV disposera aussi d’une fonction mise à jour à distance Over The Air (OTA) pour garder tous ses équipements en bonne forme. La connectivité sera assurée par une puce 5G, qui permettra notamment aux utilisateurs de télécharger des applications supplémentaires.
Le Lotus Eletre repose sur une toute nouvelle plateforme. Elle se différencie toutefois de la LEVA maison, mais aussi de la SEA employée par la Zeekr 001 par exemple. Baptisée EPA, cette unité a permis à Lotus d’intégrer tous les éléments dynamiques, tels que les barres antiroulis actives, la suspension pneumatique variable et les roues arrière directrices. Le système de freinage est confié à des disques en carbone-céramique et pincés par des étriers à dix pistons.
Cette plateforme sous système 800V embarque une batterie de plus de 100 kWh. Lotus n’a pas précisé la capacité exacte, mais elle permettrait au SUV de viser un objectif de 600 km d’autonomie selon la procédure WLTP. Côté recharge, l’Eletre met le paquet : 350 kW en pic en recharge DC et 22 kW en recharge AC. C’est tout ce qu’il se fait de mieux, notamment en recharge rapide pour gagner 400 km d’autonomie en 20 minutes. La recharge se fait avec le duo Type 2/Combo CCS grâce à des trappes sur les ailes avant des deux côtés du SUV.
Au moment où nous nous trouvions devant le SUV, la marque anglaise n’était pas en mesure d’apporter de plus amples informations sur la dotation électrique de l’Eletre. Sait-on simplement qu’il dispose de deux moteurs électriques (avec une fonction Torque Vectoring), d’une puissance totale de plus de 600 ch. Ou du moins « à partir de » comme le précise le communiqué. De quoi lui permettre de rejoindre le « Two-Second Club », avec un 0-100 km/h en moins de 3,0 secondes.
Un constructeur n’annonçant jamais un « moins de 3,0 s » pour une voiture qui pourrait faire moins de 2,5 s, l’Eletre devrait donc graviter dans les eaux d’une Taycan Cross Turismo Turbo S (2,9 s) et d’un Tesla Model X Plaid (2,6 s). Une hiérarchie qui permet d’anticiper une masse gravitant entre les 2 200 et 2 300 kg. Car pour l’heure, Lotus se montre toujours timide à annoncer le poids de son nouveau SUV.
Car voilà l’énorme challenge pour la marque anglaise, qui jouit d’une image forte de ce côté du globe. Synonyme de petites sportives allant à l’essentiel pour procurer le maximum de plaisir, Lotus passe dans un tout autre camp : celui des SUV et des électriques, aux caractéristiques diamétralement opposées à celle de la feue Elise ou de la récente Emira. Soit un double coup à électrocuter les puristes.
De l’aveu des équipes de la marque, le Lotus Eletre saura se faire une place en Chine, où ces quelques considérations nostalgiques ont une dimension bien moins importante qu’en Europe. Mais pour ne pas tout mélanger et mieux préparer les esprits ancrés, Lotus dissociera ses activités avec une gamme Sport Cars et une gamme Lifestyle Cars. Des catalogues distincts donc, façon McLaren, qui permettra à l’Eletre de se faire accepter plus facilement. D’autant que les ambitions qui pèsent sur ses ailes sont grandes, puisqu’il est le premier d’une toute nouvelle ère. Il sera suivi sur les chaînes de montage à Wuhan par les Type 133 (2023, Type 134 (2025) et Type 135 (2026), cette dernière étant développée avec Alpine.
Les premières livraisons sont attendues courant 2023 en Europe, à un prix unitaire proche des 100 000 livres, soit près de 120 000 €.
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