Distributeur d'hydrogène

Déjà très basses, les immatriculations de véhicules électriques à pile hydrogène ont chuté de 34,1 % dans le monde au premier semestre 2024. Deux zones connaissent tout de même une tendance inverse : le Japon et l’Europe.

Des baisses qui profitent à la Chine

Seulement 5 621 véhicules électriques à pile hydrogène ont été immatriculés dans le monde au premier semestre 2024, contre 8 524 sur le même période de l’année dernière. Ces chiffres reposent en apparence sur très peu de modèles au final. Chez Hyundai, le SUV Nexo et l’autobus Elec City affichent globalement une baisse de 42,6 % en passant d’une année à l’autre de 3 198 à 1 836 immatriculations.

Même phénomène chez Toyota avec ses Mirai et Crown : – 44,9 % pour un volume de seulement 1 284 véhicules en 2024 contre 2 330 sur la même période du précédent exercice. Est apparu cette année en Chine un nouveau modèle équipé d’une pile à combustible fournie par Toyota et décliné d’un monospace. Ce Haima 7X-H a fait son entrée avec 23 unités enregistrées.

Le tableau est complété par 2 478 véhicules utilitaires chinois. Ils étaient 2 996 en 2023, soit une baisse de 17,3 % les concernant. Ces fléchissements ne bouleversent cependant pas l’ordre établi : le groupe coréen reste sur la première marche du podium. Toutefois sa part décroit de 37,5 à 32,7 %. Un scénario partagé par Toyota juste derrière, avec une représentation qui s’est érodée de 27,3 à 22,8 %. Les deux constructeurs pèsent toujours plus de la moitié du marché : 55,5 % en 2024, contre 64,8 % l’année dernière. L’orientation des chiffres profite à la Chine.

Constructeurs 1S2023 1S2024 Variation
Hyundai 3 198 1 836 -42,6 %
Toyota 2 330 1 284 -44,9 %
Haima 0 23 Non signif.
Util. chinois 2 996 2 478 -17,3 %
Total 8 524 5 621 -34,1 %

Immatriculations des véhicules à hydrogène par constructeurs

Là où les véhicules hydrogène reculent

Au premier semestre 2023, avec respectivement 2 996 et 2 992 immatriculations enregistrées, la Chine et la Corée affichaient une part similaire de 35,1 % concernant les véhicules électriques à pile hydrogène. Un an plus tard, le coup de frein donné en Corée laisse s’envoler la Chine. Elle pèse désormais 44,5 % contre seulement 31 % pour le pays de Yoon Seok-Youl. Ce qui se traduit par respectivement 2 501 et 1 742 véhicules nouvellement immatriculés, en recul de 16,5 et 41,8 %.

C’est cependant aux Etats-Unis que la chute apparaît la plus vertigineuse : – 82,4 %. Plus que 322 enregistrements contre 1 825. D’où une part sur le marché qui tombe de 21,4 à 5,5 %. Plus qu’ailleurs, l’amélioration de l’autonomie des voitures électriques à batterie, le prix de l’hydrogène et la difficulté à effectuer le plein se fait ressentir outre-Atlantique. Même les importantes remises proposées aux Etats-Unis par les constructeurs n’ont pas empêché de faire plonger les chiffres au niveau de ceux de 2015.

On imagine mal un rebond actuellement aux Etats-Unis, d’autant plus qu’un recours collectif d’utilisateurs de Mirai a porté plainte contre Toyota au sujet de problèmes récurrents pour effectuer le plein des réservoirs. L’abandon par Shell de son projet de déploiement de stations en Californie a envoyé un message particulièrement négatif aux automobilistes.

Zones 1S2023 1S2024 Variation
Chine 2 996 2 501 -16,5 %
Corée 2 992 1 742 -41,8 %
Europe 489 594 +21,5 %
Etats-Unis 1 825 322 -82,4 %
Japon 202 440 +117,8 %
Autres 20 22 +10,0 %
Total 8 524 5 621 -34,1 %

Immatriculations des véhicules à hydrogène par zones

Les zones où l’hydrogène progresse encore

D’une manière générale, le marché des véhicules à hydrogène est baissier. En cause principalement le manque d’infrastructures d’avitaillement avec un coût de la molécule H2 verte qui reste trop élevé. Au Japon, les nouvelles immatriculations progressent toutefois. Avec des volumes plutôt faibles – 440 véhicules en 2024, contre 202 l’année précédente -, la courbe affiche presque avec insolence + 117,8 %.

Le pays bénéficie de l’introduction de la Crown qui a été enregistrée à 384 exemplaires au premier semestre. Un empattement plus long qui améliore l’espace à bord et un tarif qui la rend plus abordable que la Mirai expliquent ce succès relatif dont on peine aujourd’hui à envisager la pérennité. La part du Japon passe grâce à cela de 2,4 à 7,8 %.

Celle de l’Europe progresse également, de 5,7 à 10,6 %. Avec 594 véhicules immatriculés cette année, contre 489 au premier semestre 2023, la courbe connaît une ascension de 21,5 % essentiellement emportée par la Toyota Mirai (578 unités).

Pour l’ancien continent, il faudra dès le prochain semestre faire de la place au constructeur polonais d’autobus Solaris. Depuis le début de cette année, il a enregistré des commandes pour plus de 160 Urbino à hydrogène 12 et 18 mètres à livrer en Europe, notamment en Allemagne, à partir du semestre prochain. Plusieurs ordres enregistrés en juillet laissent penser à une progression qui s’installe. Dans ce marché qui reste fragile, on ne peut cependant pas effectuer de projections définitives, juste envisager des tendances.

Source : SNE Research

Avis de l'auteur

La mobilité hydrogène a-t-elle un potentiel ? En 2014, j’ai essayé la Hyundai ix35 FCEV et il y a deux ans la Toyota Mirai. Pourtant je pense que l’électrique à batterie est bien plus adapté aux véhicules légers tels les voitures particulières et les fourgons.

En revanche la décarbonation à haute vitesse ne peut reposer seulement sur une seule solution dès lors que l’on inclut les poids lourds, les engins agricoles, les avions, les bateaux, etc. Il est donc nécessaire d’envisager un mix énergétique, ou d’accepter un fort glissement sur les calendriers.

Avec l’hydrogène, les inconvénients sont nombreux avec beaucoup de craintes autour. Par exemple les risques d’explosions. J’ai pu suivre à ce sujet une intéressante formation donnée par GRDF où l’un des intervenants était aussi sapeur-pompier volontaire expert, attaché au SDIS 44. Le risque zéro n’existe pas, mais le maximum est fait pour y tendre, en particulier en apprenant des observations à travers le monde.

Le plus gros espoir de ce vecteur énergétique pour la mobilité, c’est l’hydrogène blanc. J’en défendais la cause alors que la filière ne voulait pas encore en envisager le potentiel. La situation a changé depuis que des chercheurs et des universitaires ont travaillé dessus. La bonne nouvelle, c’est que l’on a réussi à reproduire en laboratoire le mécanisme de formation de l’hydrogène blanc. Ce qui est un point très encourageant.

Revient aussi à haute vitesse l’hydrogène dans les moteurs thermiques. Avec son lot de difficultés spécifiques, comme la dépollution ici nécessaire.

Même en étant très renseigné, personnellement, je ne sais pas si l’hydrogène a ou pas un avenir pour la mobilité. Mais il y a suffisamment de signaux encourageants pour s’y intéresser vraiment.