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En 2024, l’Éthiopie est devenu le premier pays au monde à interdire l’importation de véhicules non électriques sur son territoire. Si l’initiative est louable, les premiers résultats sont mitigés. Approvisionnement irrégulier en électricité, pénurie de pièces détachées, tout ne s’est pas déroulé comme prévu dans ce qui apparaît comme étant une transition précipitée.
En début d’année, Alemu Sime, le ministre des Transports et de la Logistique, a surpris tout le monde en annonçant la fin du thermique sur le sol éthiopien. Une décision d’une « priorité absolue » selon lui, alors que le pays rencontrait de grandes difficultés à « accéder à des ressources en devises étrangères ». Une situation qui a contribué à son « incapacité à continuer d’importer de l’essence et du diesel ».
Contre toute attente, l’Éthiopie est donc devenu le premier pays au monde à interdire l’importation de voitures thermiques sur son sol. Selon les autorités, plus de 100 000 voitures électriques sont désormais importées chaque mois. Pour suivre les directives du gouvernement, plusieurs habitants ont décidé de faire l’acquisition d’une voiture électrique. Mais évidemment, tout ne s’est pas passé comme prévu.
Les électromobilistes sont confrontés à plusieurs problèmes. « Recharger ma voiture est un véritable défi », raconte un habitant. Il y a un manque cruel d’infrastructures de recharge, un approvisionnement irrégulier en électricité (même à la capitale), mais ce n’est pas tout. Les pièces détachées importées de Chine sont chères et peu de mécaniciens qualifiés sont capables de réparer les véhicules électriques.
À lire aussiSeuls les taxis électriques sont désormais autorisés à rouler dans cette capitale européenneSans compter que leur valeur de revente est particulièrement médiocre en Éthiopie. Le gouvernement tente de trouver des solutions pour rassurer les habitants du pays. Un grand barrage est en cours de construction sur le Nil. Il devrait permettre au pays d’augmenter sa capacité énergétique. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré que ce barrage serait capable de produire de 5 000 mégawatts d’ici un an.
Selon les autorités, cela devrait « faciliter la transition vers les véhicules électriques ». Mais en attendant, de nombreux habitants d’Addis-Abeba, une ville de 5 millions d’habitants, ont des doutes sur la stratégie du pays. Les quelques garagistes capables de réparer les voitures électriques en panne se disent « débordés » et les clients affirment que les prix des réparations sont très élevés à cause de l’offre restreinte.
« Seulement 2 ou 3 garages sont capables de réparer des véhicules électriques en Éthiopie », explique Yonas Tadelle, mécanicien à Addis-Abeba. Mais même ceux qui sont en mesure de prendre en charge ces voitures manquent de pièces détachées et de savoir-faire. Plusieurs centaines de voitures électriques sont actuellement garés dans des parkings en attendant des pièces qui doivent venir de Chine.
Faisant fi de la situation chaotique vécue par les électromobilistes éthiopiens, le ministre des Transports assure de son côté que le pays va devenir une « nation modèle » en donnant la priorité aux véhicules électriques. Il a promis d’investir dans des stations de recharge publiques et de construire une usine de batteries en Éthiopie afin de « réduire la dépendance à l’égard des importations chinoises ».
Il y a également des initiatives pour tenter de produire des voitures électriques dans le pays. L’athlète olympique Haile Gebreselassie a par exemple essayé de s’associer au constructeur sud-coréen Hyundai. Mais la collaboration a échoué en raison « de problèmes d’approvisionnement ». Malgré tout, Samson Berhane, économiste basé à Addis-Abeba, reste optimiste quant à cette transition à marche forcée.
Selon lui, « l’Éthiopie est tout à fait capable de fournir de l’électricité aux 500 000 véhicules électriques attendus chaque mois au cours de la prochaine décennie, tout en réalisant ses ambitions industrielles ». Mais pour le moment, il constate que « peu de personnes sont prêtes à sauter le pas », à cause des nombreuses raisons évoquées. Avec tout cela, le marché d’occasion de véhicules à essence se porte bien.
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