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Les SUV ont aussi les faveurs de ceux qui optent pour l’électrique. Lame de fond ou simple étape de la transition énergétique vers des véhicules plus « vertueux » ?
On le sait, et nombre d’entre vous ne se privent pas pour le rappeler régulièrement dans les commentaires : le SUV c’est mal. C’est même LE mal en matière d’automobile. Gros, lourd, encombrant, taillé comme une armoire normande donc très peu efficient en matière d’aérodynamique, et offrant souvent un rapport taille/habitabilité pas très favorable, il coche à peu près toutes les cases du mauvais élève en matière de transition énergétique et écologique.
Cela c’est pour la théorie, et en théorie nous sommes tous absolument irréprochables, c’est bien connu.
En pratique, c’est légèrement différent. Car il faut bien se rendre à l’évidence : les SUV sont plébiscités par les consommateurs, et les constructeurs en proposent tous un ou plusieurs à leur catalogue. Mieux (ou pire), ces engins représentent souvent leurs meilleures ventes. Reste à savoir si les constructeurs proposent des SUV parce que la demande est forte, ou si les clients achètent des SUV parce que les constructeurs en proposent. La poule et l’œuf, tout ça…
Il faudra aussi s’entendre sur la notion même de SUV. Pour le grand public, pas toujours très au fait des choses de l’automobile, c’est ce truc haut sur pattes, un peu carré et au look vaguement baroudeur, qu’on appelait avant « 4×4 ». Sauf que les choses évoluent, et qu’aujourd’hui les voitures adoptent des lignes hybrides entre berline, monospace et SUV, justement. Difficile par exemple de savoir dans quelle catégorie classer un Hyndai Ioniq 5, une Kia EV6, une Tesla Model Y ou même une Dacia Spring. D’ailleurs il suffit de lire les commentaires et forums ici et ailleurs pour constater les empoignades sur le sujet, en vue de faire rentrer l’un de ces modèles dans une case. En gros, personne n’est d’accord. Sauf peut-être sur cette dénomination un peu fourre-tout de crossover.
Toujours est-il que c’est une réalité de marché, et que, pour le moment en tout cas, il faut faire avec. Les SUV ou assimilés ont la côte, puisque même les sociologues s’en mêlent, et cette tendance concerne aussi – et peut-être encore davantage – le marché de la voiture électrique. Si l’on observe l’offre actuelle, le segment SUV est pléthorique. Inutile de se lancer dans un inventaire exhaustif pour comprendre : Audi e-tron, Audi Q4, Mercedes EQ(x), Hyundai Kona (un mini-SUV qui est probablement plus sobre que nombre de berlines électriques), Kia e-Niro, MG Marvel R, Ford Mustang Mach-E, BMW iX, Škoda Enyaq iV, Nissan Ariya, sont seulement quelques exemples les plus connus d’un marché qui semble avoir la grosse faveur des clients. Une déferlante qui se confirme côté chiffres, puisque les SUV (thermiques et électrifiés) représentaient fin 2021 43 % des ventes de véhicules neufs. C’est énorme.
L’électrique n’échappe pas à cette tendance de fond qui fait du SUV la nouvelle familiale, perçue comme plus pratique, plus confortable, et – peut-être à tort – plus sécurisante. Sans parler du côté statutaire, mais pas trop ostentatoire que proposaient auparavant les berlines, tombées depuis quelque peu en désuétude. Autant de facteurs qui possèdent peut-être une dimension commune avec la propulsion électrique, en tout cas chez de nombreux électromobilistes, à savoir la fameuse conduite apaisée induite par le silence et par les contraintes d’autonomie et de recharge. Car à part avec un Cayenne Turbo ou un Lamborghini Urus, qui a envie de concourir pour le Championnat du monde des feux rouges ou du cramer de pneus sur départementale avec un bon vieux crossover familial rempli d’enfants, de poussettes et d’animaux de compagnie ? Probablement pas grand monde, et c’est sur ce point aussi que le SUV emporte les suffrages, démontrant que les consommateurs sont progressivement passés de la voiture passion à la voiture pratique. Avec en prime le pied léger pour atteindre la prochaine borne de recharge.
Que l’on approuve ou qu’on le déplore, le SUV, si on peut encore l’appeler ainsi, correspond à cette nouvelle forme de mobilité à laquelle aspire l’électromobiliste. Il y a aussi une raison technique pour laquelle les constructeurs proposent en priorité des SUV électriques dans leur catalogue « vert » : la taille, le poids et l’encombrement des batteries sont moins visibles – et moins gênants – dans une auto plus grande et plus haute. Ce qui réduit le ratio encombrement des batteries versus taille du véhicule. Il est en effet plus aisé de caler 100 kWh de batterie dans une Tesla Model X que dans une Renault Zoé. Et aussi une raison financière : les marges sont meilleures sur les voitures plus chères.
Alors, le SUV est-il le passage obligé pour une transition des consommateurs vers la voiture électrique ? C’est en tout cas peut-être une étape incontournable avant d’orienter massivement le marché vers des véhicules plus adaptés à la transition énergétique, donc plus légers, mieux profilés et moins gourmands en énergie. Mais si possible, toujours spacieux et pratiques.
L’exemple américain est peut-être un peu extrême, mais il est certainement aussi significatif. Contre toute attente, et à l’encontre de certains préjugés, il semblerait que les Américains, pourtant friands de grosses mécaniques fumantes (dit-on par ici en tout cas) et de pick-up V8 grands comme un terrain de basket, soient aussi disposés à passer à l’électrique, à condition qu’on leur fournisse des engins correspondant à leur mode de vie. Quelques premiers constructeurs s’y essaient, et c’est carton plein. Le carnet de commandes du Ford F150 Lightning ne désemplit pas, idem pour le Tesla Cybertruck, et il se dit que même l’aberrant Hummer électrique fait un carton. De quoi électrifier le parc en dehors de celui des CSP+ californiennes déjà acquises depuis longtemps à la cause de tonton Elon.
Tous les moyens sont-ils bons pour inciter le public à passer massivement à l’électrique ? En tout cas, il semblerait que l’étape SUV en soit un, même si cela fera hurler ceux qui appellent à une transition énergétique plus radicale et plus rapide. On dit que le marché a toujours raison, même s’il faut parfois savoir le brusquer un peu.
Il se pourrait que ce que l’on nomme SUV aujourd’hui ne soit que le symbole d’une profonde mutation de l’objet automobile, et que cette dénomination disparaîtra avec l’électrification massive du parc automobile. De toute façon, les gouvernements ne se priveront pas d’orienter le marché, par exemple en créant des taxes indexées sur le poids (et bientôt l’emprise au sol ?) des voitures particulières, taxes qui, contrairement aux actuelles, concerneront aussi les voitures électriques.
Dépêchez-vous d’investir, tout ce qui va peser plus de 2 tonnes et mesurer plus de 5 mètres pourrait bientôt devenir collector.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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