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(photo : Marco Verch – Flickr – Creative Commons)
Contre toute attente, le déploiement des bornes de recharge électrique semble connaître une nette accélération sur les parkings de grandes surfaces.
Toi qui roules électrique et qui as l’immense privilège de résider en habitat individuel, tu ne connais pas les aléas de l’électromobilité urbaine.
Car, nous l’avons déjà vu, vouloir rouler électrique en ville quand on réside en appartement, et pire, en immeuble sans parking, peut vite tourner à l’épreuve, voire au cauchemar. Et peut-être même vous décourager de passer à l’électrique pour encore de longues années.
Ou pire encore, vous faire revenir au thermique.
L’horreur.
Il y a d’une part les résidences avec parking, qui, malgré le droit à la prise, traînent des pieds pour installer des bornes de recharge, ou même seulement en autoriser l’installation en réunion de copropriété. Il y a les immeubles anciens qui ne possèdent tout simplement pas de parking, et il y a les parkings publics qui ne proposent pas de dispositifs de recharge, ou en nombre et de puissance insuffisants. C’est un peu gênant quand on sait que 50 millions de personnes – plus des trois quarts de la population française – habitent en ville, dont la moitié en habitat collectif, selon les données 2016 de l’Insee, alors que la recharge de véhicule électrique s’effectue à 90 % au domicile ou au travail. Du coup, seuls 7 % des Français vivant en copropriété disposent d’une borne de recharge dans leur parking.
En attendant que cette situation évolue dans le bon sens et que les opérateurs mettent enfin le paquet sur l’installation et l’accès facile à des points de recharge urbains, il se pourrait que l’électromobiliste trouve sur son chemin un allié inattendu, et finalement assez approprié : le supermarché, ou la grande surface spécialisée.
On sait que quelques enseignes ont déjà opportunément franchi le pas en installant des grappes de bornes de recharge sur leur parking. C’est le cas notamment de Leclerc, Lidl ou encore Ikea, pour ne citer que les plus connues. Mais c’est une tendance qui pourrait bien se confirmer dans les mois et années à venir.
Ainsi a-t-on eu la bonne surprise d’apprendre que Carrefour allait déployer plus de 2 000 points de charge dans ses magasins d’ici 2023, en partenariat avec l’opérateur néerlandais Allego. Une annonce qui fait écho à celle, un peu plus ancienne, de Leclerc et son objectif d’installer pas moins de 10 000 bornes de recharge supplémentaires d’ici 2025, et celle, plus récente d’Ikea et son un plan de déploiement de 2 200 points de charge sur la même période. Ces deux derniers s’inscrivant dans le fameux plan « 100 000 bornes » à fin 2021 du gouvernement français. Plan raté, soit dit en passant (ça étonne quelqu’un ?).
Si l’on additionne ces projets, on arrive presque à 15 000 bornes dans les 3 ans à venir. De quoi dépanner quelques électrocitadins en détresse…
Bref, ça s’affaire dans le milieu de la grande distribution généraliste ou spécialisée, et c’est plutôt une bonne nouvelle. Car finalement, ce bon vieux supermarché, que l’on dit en perte de vitesse, voire obsolète au temps du retour à la consommation locale, des confinements et de l’achat en ligne, pourrait retrouver de l’attractivité auprès des consommateurs en voie d’électrification avec cette offre de recharge.
Le supermarché coche en effet toutes les cases de l’électromobiliste citadin : il n’est pas trop éloigné du centre-ville, voire, pour les plus petites unités, en centre-ville (avec souvent un parking souterrain), on y passe généralement un peu de temps, soit entre une et deux heures si l’on n’est pas trop pressé, ce qui permet de récupérer jusqu’à 140 kilomètres d’autonomie selon l’installation, généralement des bornes de 22 kW. Un usage qui classerait presque ces lieux dans la catégorie des recharges à destination. Une recharge bienvenue qui fournit jusqu’à 4 jours de jus puisque le français parcourt en moyenne une trentaine de kilomètres par jour.
Alors bien sûr, cette solution ne conviendra pas à tout le monde, et tout le monde ne va pas faire ses courses au supermarché tous les quatre jours, certains citadins n’y mettant même jamais les pieds, préférant privilégier les commerçants de leur quartier. Mais c’est une solution à ne pas négliger, qui peut constituer un précieux dépannage quand la batterie est dans le rouge.
Reste à espérer que ces projets voient réellement le jour dans les délais annoncés, ce qui reste encore à démontrer, car l’on sait qu’en matière de déploiement de points de recharge, il y a encore souvent un gouffre entre les effets d’annonce et la réalité du terrain. Reste aussi à fiabiliser le matériel, à le rendre facile d’accès et de paiement, et si possible à le protéger contre le vandalisme. Et aussi éventuellement à imaginer des formules incitatives comme la charge gratuite sur présentation de la carte de fidélité (comme chez certains Leclerc par exemple).
Mais peut-être que les professionnels de la distribution, qui sont les champions incontestés de la logistique et de l’organisation des flux, nous réservent-ils de bonnes surprises quant à la mise en œuvre de leur feuille de route ?
Moralité : remplissez votre batterie pendant que vous remplissez votre frigo.
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