La suite de votre contenu après cette annonce
Après vous avoir informé tout au long de l’année, Automobile Propre fait son bilan de 2022. A tour de rôle, les membres de la rédaction partagent coups de coeur et coups de gueule… et commencent à jeter un oeil sur 2023. On continue avec Philippe.
Ceux qui me connaissent bien seront sans doute surpris que je distingue une Renault comme voiture électrique ayant positivement marqué l’année 2022. C’est la Megane E-Tech. Elle m’a rappelé le lancement des R9 et R11 respectivement en 1981 et 1983. La ligne de la première était banale, c’est vrai. Mais en la conduisant on pouvait sentir que le Losange venait de passer un cran nettement au-dessus dans le plaisir de conduire et dans l’instrumentation. Enfin une boîte de vitesses franche avec une grande facilité pour passer la marche arrière.
La Mégane E-Tech donne cette même impression de passer un cran au-dessus après 10 ans de Zoé. La Twingo apporte un vrai plus dans le segment inférieur. La Mégane, elle, est une véritable compacte qui a su séduire même des chauffeurs de taxi. Mais aussi des automobilistes qui avaient pris l’habitude d’acheter des voitures de marques étrangères pour bénéficier d’une meilleure finition et/ou d’un équipement plus intéressant. Elle plaît, et c’est parfaitement justifié.
Assis à son volant, la modernité de la Megane électrique apparaît évidente. On peut la considérer en quelque sorte comme la cheffe de la nouvelle famille E-Tech, rôle que la Zoé a très bien tenue pour l’ancienne Z.E. Le tableau de bord avec son enfilade de 2 écrans numériques est réussi, avec même la possibilité de surfer sur le Web. Le confort à bord est bon, la voiture est dotée de tout ce qu’il faut pour être dynamique, sans excès.
Des palettes permettent de jouer sur la puissance de régénération et d’obtenir des consommations plutôt bien serrées, en dessous des 15 kWh/100 km. Ca change des chiffres qui s’envolent allègrement vers les 20 kWh et même au-delà. En outre, Le moteur à rotor bobiné fabriqué à Cléon (76) n’embarque pas de terres rares. En remplaçant l’aimant par du cuivre, le courant peut être modulé, ce qui joue positivement sur la conso. Et puis la Megane E-Tech est fabriquée à Douai… comme les R9 et R11. Joli clin d’œil.
Je réserve mon coup de cœur 2022 à toute l’équipe des e-Garages Revolte. J’ai déjà cette chance d’être géographiquement pas très éloigné des 2 lieux d’implantation, d’abord à Rennes et désormais en périphérie de Nantes. Ce qui m’a permis de croiser sa route 4 fois en un semestre. Un vrai garage pour réparer et entretenir les véhicules électriques d’un peu toutes les marques, ça manquait vraiment. Surtout lorsque des constructeurs osent produire des devis à plus de 17 000 euros pour remplacer une batterie de 14,5 kWh loin d’être entièrement hors service.
Il est vraiment rassurant qu’une enseigne se crée pour cela au bon moment, avant que les VE de plus de 10 ans demandent massivement des interventions qui pourraient obliger à les abandonner, alourdissant l’empreinte environnementale de l’électromobilité au point de créer un nouveau scandale automobile. Autre raison d’être serein avec cette nouvelle enseigne, c’est la Revolte Académie. Elle forme déjà les futurs réparateurs de VE qui vont se déployer un peu partout en France.
L’équipe est volontaire, fraîche, juste ce qu’il faut de déjantée parfois pour vraiment faire avancer les choses tout en prenant soin de ne pas se mettre en péril. Elle compte exploiter aussi sa notoriété pour donner des coups de pouce afin d’aider l’économie circulaire à démarrer dans différents domaines, même s’ils n’ont pas un lien direct avec la mobilité.
Pour un journaliste qui réalise des interviews et des reportages sur le terrain, c’est toujours très magique de voir naître et se développer une nouvelle voie très prometteuse de nature à faire avancer vraiment les choses. Surtout quand on observe tant d’aspirateurs à subventions finalement trop stériles. Pour dépasser leurs objectifs, les acteurs et actrices de Revolte doivent se mettre pas mal de pression sur les épaules. Bon courage à vous tous, et prenez soin de vous aussi, c’est important pour tenir dans la durée.
À lire aussiReportage – Réparation, entretien et formation aux e-Garage Revolte, le chemin capital vers la pérennité de l’électriqueDes coups de gueule, je pourrais en passer plusieurs. J’ai déjà la possibilité de le faire assez facilement à travers mes articles. Toutefois, ici, c’est davantage une inquiétude doublée d’une interrogation que j’aimerais déposer. Il s’agit de l’arrivée des voitures électriques chinoises. Toutes les marques ne sont pas à loger la même enseigne. Nio, par exemple, en apportant son expérience réussie en stations d’échanges des batteries est parfaitement légitime. De son côté BYD, déjà pour les poids lourds et bientôt pour les voitures, fait l’effort d’ouvrir en Europe et aux Etats-Unis des usines pour ces marchés. C’est bien.
Mais je n’ai certainement pas envie de voir débarquer en France 20, 30 ou 40 marques de voitures chinoises, de qualités inégales, avec le risque d’isoler et fragiliser à l’extrême les européennes. Est-ce seulement légitime de penser ainsi ? Après tout, dans certains pays, il n’y a pas de constructeur automobile. Du coup les particuliers, entrepreneurs et collectivités achètent ce qui leur convient sans trop se poser de questions.
Le Japon nous a fait peur dans les années 60, 70 et 80 en envoyant chez nous leurs très convaincantes Cherry, Cedric, Celica, Land Cruiser, Colt, Tercel, Civic, etc. Bénéfique ou destructeur ce long épisode pour l’Europe ? Et les voitures coréennes qui montrent l’exemple de ce que des constructeurs généralistes peuvent réaliser de fiable, efficient et salivant en électrique ?
Est-ce différent pour les chinois ? Je pense que oui, du fait du nombre des marques qui veulent s’implanter au plus vite en Europe. Certaines proposent d’ailleurs de très jolis modèles. Mais est-ce bien nécessaire qu’un simple levier de vitesses, par exemple, soit composé d’une dizaine de pièces réalisées dans des matériaux différents ? C’est bien, mais notre planète peut-elle supporter que la norme accessible à l’automobiliste moyen soit plus élevée aujourd’hui que le premium d’il y a seulement 10 ans. Est-ce cela la mobilité durable qui doit nous aider à réduire le dérèglement climatique et à tous vivre de façon acceptable ?
Ce que j’espère pour 2023, ce n’est pas forcément une nouvelle voiture électrique. Si je devais toutefois me résoudre à citer un modèle, ma fibre nostalgique me soufflerait : « La future Renault 5 électrique ». En fait, j’espère de façon aussi élevée deux choses.
Tout d’abord un tarif unifié à l’échelle nationale pour la recharge en courant alternatif sur les bornes développées dans l’espace public par les syndicats de l’énergie. C’est simple, aujourd’hui, selon les départements et les moyens de paiement utilisés, on peut très bien régénérer une batterie 50-60 kWh pour quelques euros ou plus d’une centaine. Ce n’est absolument pas acceptable alors que l’Etat pousse les automobilistes à passer à l’électrique.
L’autre nouveauté que j’aimerais voir aboutir, c’est un allégement profond des procédures pour le rétrofit des voitures thermiques. Il ne devrait pas être beaucoup plus difficile administrativement d’effectuer une telle conversion que de passer à la bicarburation essence/gaz. Que ce soit plus cher, oui, forcément. Mais le fait d’imposer des procédures lourdes d’homologation empêche un nombre considérable de véhicules en bon état mécanique à connaître une seconde vie.
Sommes-nous oui ou non dans un état d’urgence climatique ? Si oui, alors le rétrofit doit être clairement facilité au niveau de l’homologation pour ceux qui préfèrent une solution moins lourde au niveau environnemental pour rouler durable.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Faites le plein d'infos, pas d'essence !
S'inscrire gratuitement