Hyundai Inster : voici pourquoi ce nouveau petit SUV électrique n'a pas droit à l'erreur

Le lancement du nouveau modèle qu’est la Hyundai Inster doit compenser le recul de la marque sur l’électrique.

Hyundai était en avance sur l’électrique. Hyundai est aujourd’hui en retard. Le lancement de la petite Inster (essayée par nos soins ici) sera décisif pour la marque coréenne sur le marché français.

D’abord parce que le millésime 2024 a été décevant pour le constructeur. « Cela n’a pas été une bonne année pour nous », admettait récemment Lionel French-Keogh, le patron de Hyundai France, lors d’un webinaire organisé par le site Auto Actu.

L’an dernier, Hyundai a immatriculé 45 451 voitures contre 49 400 en 2023. Soit une baisse de 4 000 ventes. La part de marché de la marque a ainsi reculé de 2,78 à 2,64 %, restant cependant dans les mêmes eaux que Ford, Fiat, Skoda ou le tandem Seat/Cupra.

Les Ioniq en panne

Surtout, la part de l’électrique dans ses ventes a dévissé. En 2022, 19 % des Hyundai immatriculées en France étaient des véhicules électriques. L’an dernier, ce chiffre est tombé à 14 %, passant ainsi sous la moyenne du marché (16,9 %).

Le patron de Hyundai France a expliqué cette baisse par deux facteurs majeurs.

Le premier, c’est la mévente des modèles « 800 volts ». « Nos Ioniq ont été exclues du bonus en décembre 2023, expliquait Lionel French-Keogh lors du webinaire. Ce sont de gros véhicules, fabriqués en Corée. Cela a eu un impact immédiat sur la vente de ces deux modèles ».

« Ne plus avoir ce soutien de l’État devient un bloqueur à l’achat, même si les voitures sont compétitives en termes de loyer », poursuivait Lionel French-Keogh. Chez MG, on connaît les mêmes turpitudes.

Le deuxième facteur, c’était un retard à l’allumage sur le leasing social. « Sur les 50 000 voitures concernées, nous avons fait 2 % des volumes » témoignait le patron de Hyundai France. Seul le Kona était éligible à l’aide concernant les foyers les moins favorisés.

Surtout, l’offre de la marque coréenne n’est apparue sur le site gouvernemental qu’après le pic de recherches internet des deux premières semaines de janvier 2024… Stellantis et Renault se sont taillés la part du lion sur ces immatriculations. Or, le leasing social a représenté un sixième des mises à la route de voitures électriques dans l’Hexagone l’an dernier.

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CAFE et pression

La mise en application des nouvelles normes CAFE et de ses éventuelles pénalités accroît aussi la pression sur Hyundai. « On doit abaisser de 20 grammes notre CO2 entre 2024 et 2025 » admettait Lionel French-Keogh lors du webinaire Auto Actu.

La banche européenne de la marque joue pour l’heure sa partition seule, n’ayant pas établi de pool avec sa cousine Kia. Le chaebol, désormais mené à l’échelle mondiale par l’Espagnol José Muñoz, n’entend pas payer de pénalités.

Pas facile. La marque est très dépendante des SUV, moins efficients côté CO2. Six Hyundai vendues en France sur 10 sont ainsi surélevées. Et le modèle numéro 1 de la marque est le Tucson. La version hybride de 215 ch est homologuée à 128 g/CO2 par kilomètre. Donc bien au-dessus de la cible.

Le Hyundai Inster à la rescousse

Il est donc urgent d’électrifier le mix. « On doit doubler nos volumes de voitures électriques, admettait récemment Lionel French-Keogh, soucieux de porter le VE à 25 % d’immatriculations. 80 % de ce volume va venir d’Inster ».

« Pour Inster, nous avons une ambition de vente à 5 000 voitures » nous précise Clémentine Antunes, directrice de la communication et du marketing de Hyundai France. Ceci placerait la puce de 3,83 m aux étiages des Citroën ë-C4 (5 316 unités l’an dernier), Volvo EX-30 (5 143), Volkswagen ID.4 (4 632) et Skoda Enyaq (4 523).

Chez nous, le potentiel de la catégorie est important. Un peu plus grosse que la Hyundai Inster, la Renault 5 a été immatriculée à 10 000 exemplaires sur les trois derniers mois de l’année dernière. Et ce, alors même que les versions les moins chères n’ont pas encore été lancées. Pour sa part, la Citroën ë-C3 s’est écoulée à 8 200 exemplaires sur l’exercice, malgré une phase de lancement compliquée.

« Arriver avec un nouveau modèle sur le plus gros segment français est une bonne nouvelle », se réjouit Clémentine Antunes. Pour séduire, ce modèle assemblé en Corée du Sud pourra compter sur une allure différenciante, un habitacle bien pensé et un prix d’attaque serré. Le tarif est aujourd’hui fixé à 25 000 euros hors bonus.

Mais il pourrait rapidement descendre avec l’éligibilité prochaine aux aides (voir encadré). La marque promet notamment un leasing à 129 euros par mois avec un apport de 3 400 euros, une fois le bonus maximal déduit.

Dans les showrooms, on tentera de séduire des consommateurs pas forcément tentés par l’électrique a priori. « Si l’on explique le prix d’achat, le coût de détention d’un véhicule électrique adapté à son usage, la Hyundai Inster peut être une alternative à l’i20, à une Polo, une Clio ou autre », raisonne Clémentine Antunes.

Les concessionnaires seront fortement incités à vendre de l’électrique : les marges arrières devraient récompenser les concessions qui participent à l’effort… L’arrivée de l’Inster permettra donc de soulager le Kona, seule locomotive électrique du groupe en 2024.

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Nids vides

Et quel profil vise l’Inster ? Il y a deux portraits-robots, selon Jean-Baptiste Naud, le chef de produit Inster : « Il y a ce que l’on appelle les empty nesters. Il s’agit de personnes qui ont la cinquantaine ou la soixantaine et dont les enfants sont indépendants. Ils n’ont plus besoin d’une grande voiture pour partir en vacances tous les étés ».

Le second profil est celui d’un client ou d’une cliente plus jeune : « Il y a aussi des gens plus jeunes, plus citadins, avec des moyens supérieurs à la moyenne de leur tranche d’âge. Ils pourraient avoir envie d’une voiture électrique pratique et à l’aise en milieu urbain » poursuit Jean-Baptiste Naud. La petite taille du véhicule pourrait aussi lui offrir une place dans des systèmes d’autopartage.

Les dimensions réduites faciliteront-elles la carrière de l’engin : « Inster devrait être un véhicule plus facile à vendre, explique Clémentine Antunes. Il s’agit d’un second véhicule pour le foyer. C’est beaucoup plus simple que de faire adopter l’électrique sur un véhicule familial ou unique ».