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Les loueurs, opportunité ratée de la voiture électrique

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Polestar
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Les loueurs de voitures ont certainement un rôle-clé à jouer dans la popularisation de la voiture électrique. Mais le font-ils vraiment ?

Le géant de la location de voitures Hertz a annoncé qu’il allait vendre 20 000 véhicules électriques, dont une grande partie de la marque Tesla, qu’il avait acquis en octobre 2021 dans le cadre d’un partenariat historique. En cause, des coûts d’entretien trop élevés, une dépréciation rapide et une demande insuffisante de la part des clients. Cette décision remet en question le rôle des loueurs dans la transition écologique du secteur automobile.

Un partenariat qui avait fait sensation

En octobre 2021, Hertz avait fait sensation en annonçant l’achat de 100 000 voitures électriques à Tesla, pour un montant de 4,2 milliards de dollars. Il s’agissait de la plus grosse commande de véhicules électriques jamais passée par un loueur. L’objectif était de proposer aux clients de Hertz des modèles Tesla Model 3, réputés pour leur performance, leur autonomie et leur design. Le partenariat avait également permis à Tesla de franchir la barre des 1000 milliards de dollars de valorisation boursière, rejoignant ainsi le club très fermé des entreprises “trillionaires”.

Le PDG de Hertz, Stephen Scherr, avait alors déclaré que ce partenariat était “une étape majeure dans la transformation de Hertz en une entreprise durable, innovante et centrée sur le client”. Il avait également affirmé que la location de voitures électriques était “une opportunité incroyable pour accélérer l’adoption de la mobilité électrique par le grand public”.

Un revirement qui fait débat

Moins de deux ans plus tard, le même Stephen Scherr a annoncé que Hertz allait se séparer de 20 000 voitures électriques, dont une grande majorité de Tesla et de Polestar. La raison invoquée est que les coûts d’entretien et de réparation des véhicules électriques sont trop élevés, notamment pour les pièces de carrosserie. En effet, les voitures électriques seraient plus souvent impliquées dans des accidents, avec des dommages matériels importants. De plus, la demande des clients pour ce type de véhicules serait insuffisante, malgré les efforts de promotion et de sensibilisation menés par Hertz, et la satisfaction constatée au début du partenariat.

Cette décision a provoqué une chute des actions de Hertz et de Tesla, ainsi qu’un débat sur le rôle des loueurs dans la transition écologique du secteur automobile. Certains observateurs estiment que Hertz a fait preuve de précipitation, voire de naïveté en s’engageant de la sorte avec Tesla, sans avoir suffisamment évalué les risques et les opportunités du marché de la location de voitures électriques. D’autres, au contraire, regrettent que Hertz renonce à son ambition de devenir un acteur majeur de la mobilité électrique, et soulignent le rôle-clé que les loueurs pourraient avoir dans la popularisation et l’adoption des voitures électriques par le public.

Il faut dire que la transition vers la voiture électrique chez les loueurs ne se fait pas sans douleur, ni si naturellement que cela. Déjà parce que – même si nous n’avons pas trouvé de données statistiques publiques sur ce point – une partie importante de la clientèle chez un loueur comme Hertz est constituée de professionnels se rendant à un rendez-vous ou un congrès, et que le mode de propulsion dans ce contexte est certainement le cadet de leurs soucis. D’autre part parce que même si l’on est en mode tourisme, aventure, découverte ou roadtrip, louer une voiture électrique quand on n’en a jamais conduit une relève quand même du grand saut dans l’inconnu, avec toutes les interrogations classiques et légitimes sur l’autonomie, le rayon d’action, et bien sûr, la recharge.

Encore de nombreux points de friction pour les loueurs et pour les clients

Autant de points de friction qui sont probablement amplifiés par le manque d’information, de formation ou de conseil sur l’utilisation et l’entretien des voitures électriques de la part des loueurs, qui peut générer des appréhensions ou des erreurs de la part des clients. On ne peut pas pour autant blâmer ces derniers, dont les agents de comptoir ne disposent souvent que de quelques minutes pour remettre les clés aux clients et leur indiquer le numéro de place sur le parking. De plus, dans les grandes stations de location aux États-Unis, notamment aux aéroports, le processus est largement automatisé et « industrialisé », et le client se débrouille seul pour récupérer sa voiture.

Ces problèmes constituent autant de freins à la location de voitures électriques, qui s’ajoutent aux préjugés ou aux réticences que certains clients peuvent avoir vis-à-vis de ce mode de transport. Certains clients peuvent ainsi hésiter ou refuser une voiture électrique en location, par crainte de :

  • Ne pas avoir assez d’autonomie pour effectuer leur trajet, ou devoir faire des arrêts fréquents et longs pour recharger leur batterie.
  • Ne pas savoir comment conduire, recharger ou entretenir une voiture électrique, ou de ne pas disposer des équipements ou des services nécessaires.
  • Et accessoirement, pour les plus réticents, trouver l’excuse de ne pas être en accord avec l’impact environnemental des voitures électriques, qui dépend notamment de la production de l’électricité et du recyclage des batteries.

Pour contourner ces freins, les loueurs, en première ligne, ont un rôle à jouer, comme informer, former et conseiller les clients sur les voitures électriques, en leur fournissant des informations claires et précises, en leur proposant des formations, des tutoriels ou des conseils pratiques, et en recueillant leurs feedbacks, leurs suggestions et leurs attentes. En mettant en œuvre ces solutions, il deviendrait possible de lever les obstacles à la location de voitures électriques, et de favoriser leur adoption par le grand public.

Quel avenir pour la location de voitures électriques ?

Malgré le revirement de Hertz, la location de voitures électriques n’est pas condamnée à l’échec. D’autres loueurs continuent à proposer des offres de location de voitures électriques à des prix attractifs, avec des modèles variés et adaptés aux besoins des clients. D’ailleurs, si vous commencez par une recherche sur internet, vous verrez que l’offre de location de voiture électrique reste pléthorique, sans même parler des plateformes de location entre particuliers comme Roadstr ou encore Getaround. Certaines plateformes comme Virtuo proposent une prestation intégralement automatisée, de la réservation sur internet à la récupération et au retour de la voiture sans aucun contact humain. L’expérience est assez impressionnante, mais c’est simple, efficace, et ça marche !

La location de voitures électriques présente en effet de nombreux avantages, tant pour les clients que pour l’environnement. Elle permet de faire des économies de carburant, et, pour les plus curieux, de découvrir les nouvelles technologies et les nouveaux usages liés à la mobilité électrique. Elle constitue également un levier d’information, d’acculturation et de pédagogie, en permettant aux clients de se familiariser avec les voitures électriques, de lever leurs éventuelles craintes ou réticences, et de les inciter à franchir le pas de l’achat.

Le rôle pédagogique des loueurs, ou pas

La location de voitures électriques n’est pas seulement un service, c’est aussi une expérience. En louant une voiture électrique, le client a l’occasion de tester, d’apprendre et de se faire une opinion sur ce mode de transport. C’est pourquoi les loueurs ont un rôle pédagogique à jouer, pour accompagner les clients dans leur découverte et leur appropriation de la mobilité électrique.

Les loueurs pourraient prendre plusieurs actions pour remplir ce rôle pédagogique, par exemple fournir des informations claires et précises sur les caractéristiques, les avantages et les inconvénients des voitures électriques, ainsi que sur les modalités de location, de recharge et de restitution, ou encore proposer des formations, des tutoriels ou des conseils pratiques pour apprendre à conduire, à recharger et à entretenir une voiture électrique, en tenant compte des spécificités de chaque modèle et de chaque situation. Et si certains ont un goût pour l’incitation à des déplacements sans émissions de CO2, ils pourraient même offrir des incitations, des réductions ou des cadeaux pour encourager les clients à louer des voitures électriques, à les utiliser de manière responsable et à partager leur expérience avec d’autres potentiels utilisateurs.

C’est avec ce type d’initiative que les loueurs pourraient contribuer à familiariser les clients avec la voiture électrique, et ainsi favoriser la transition vers une mobilité plus durable… et plus économique.

Mais est-ce vraiment leur rôle ? C’est toute la question.

Il n’en demeure pas moins que la location de voitures électriques est une opportunité à saisir, tant pour les loueurs que pour les clients. En ce sens, le partenariat entre Hertz et Tesla (mais aussi avec d’autres loueurs) aurait pu être bénéfique pour les deux parties, s’il avait été mieux anticipé. Le loueur américain aura probablement sous-estimé les coûts et les risques liés à la location de voitures électriques, mais aussi le potentiel et les besoins du marché.

Les loueurs de véhicules ont donc un rôle important à jouer dans la transition écologique du secteur automobile, à condition de proposer des offres adaptées, attractives et responsables. Le partenariat entre Hertz et Tesla, malgré son échec, a montré qu’il existait une volonté et une opportunité de développer la location de voitures électriques. De toute façon, il faudra bien s’y mettre d’une façon ou d’une autre en vue du couperet de l’interdiction des véhicules thermiques en 2035.

Autant le faire avec les bonnes armes, et les bons outils. Et sans tarder.

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