AccueilArticlesHausse des prix de la carte grise : est-ce la faute aux voitures électriques ?

Hausse des prix de la carte grise : est-ce la faute aux voitures électriques ?

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Le coût de la carte grise a augmenté dans la plupart des régions en 2025. Les voitures électriques sont pointées du doigt : exonérées, elles représentent un manque à gagner de plus en plus important.

Si la non adoption d’une loi de finances pour 2025 a évité aux acheteurs d’une voiture neuve un durcissement du malus, une autre taxe a été revue à la hausse pour de nombreux conducteurs : la taxe régionale sur les immatriculations. Autrement dit la carte grise. Celle-ci est décidée par les régions. Et plus de la moitié (7 sur 13) ont décidé de la revoir à la hausse en 2025.

Chez certaines, c’est même une flambée. En Corse, le cheval fiscal (CV) passe de 27 à 43 €, soit une augmentation de 59 %. En Normandie, c’est + 30 %, avec un CV qui passe de 46 à 60 €. Mais il était à 35 € en 2023 ! C’est désormais aussi 60 € dans le Grand-Est, au lieu de 48 €, ou encore en Bretagne, au lieu de 55 €. Mieux vaut habiter dans les Hauts-de-France, avec un CV à 36,50 € (inchangé en 2025).

Première raison évoquée : le besoin des régions de trouver de nouvelles ressources financières pour faire face à la baisse des dotations de l’Etat. La carte grise est un levier rapide à activer, et l’automobiliste reste une cible toujours facile !

Les régions font aussi face à une chute des recettes liées aux immatriculations. Déjà parce que le marché reste en berne, en étant loin des niveaux d’avant Covid. Alors que les ventes passaient la barre des 2 millions de voitures particulières avant la crise sanitaire, en 2024, elles en ont encore été loin avec 1,72 million.

La voiture électrique ne paie pas encore cette taxe

De plus, il y a un manque à gagner avec les voitures électriques, celles-ci étant exonérées (il reste juste les frais administratifs et d’acheminement). Or, elles sont de plus en plus nombreuses dans les ventes. L’électrique a représenté 17 % des immatriculations en France en 2024. L’arrivée de nouveaux modèles moins onéreux (Renault 5, Citroën C3…) devrait faire progresser ce chiffre en 2025.  Sans compter que le véhicule électrique le plus vendu reste le Tesla Model Y, dont un équivalent thermique rapporterait beaucoup côté carte grise. Par exemple, un Audi Q5 2.0 TFSI de 204 ch a une puissance administrative de 11 CV.

Que Choisir donne en exemple l’Occitanie. D’après un document de présentation du budget 2025 de la région, le « manque à gagner sur les cartes grises dû à l’exonération des véhicules électriques décidée par l’État » s’est révélé à hauteur de 14,4 M€ en 2023 et de 19 M€ en 2024.

Nathalie Troussard, secrétaire générale de la Ligue de Défense des Conducteurs, précise que « les immatriculations de voitures électriques, qu’elles soient neuves ou d’occasion, ont représenté 6 % des cartes grises de véhicules particuliers en 2024, soit 424 465 actes d’immatriculations.

Elle n’hésite pas alors à déclarer que « les 94 % d’automobilistes qui roulent encore avec des voitures thermiques financent la transition écologique de leurs voisins passés à l’électrique ! On pourrait leur dire merci… ».

Autant en profiter, non ?

A 6 % seulement, l’électrique fait un peu figure de bouc émissaire facile là. Et on n’est pas sûr qu’opposer les conducteurs soit la meilleure méthode, surtout quand il s’agit de défendre tous les conducteurs ! La « gratuité » de la carte grise est un geste pour inciter les automobilistes à passer à l’électrique, et donc prendre des véhicules moins polluants qui sont plus chers à l’achat. On peut d’ailleurs relever qu’une voiture électrique plus onéreuse rapporte plus de TVA…

Mais il est vrai que cet avantage peut commencer à être remis en cause au fur et à mesure que l’électrique se démocratise avec une baisse des prix. On imagine qu’il peut être gommé par pallier. En attendant, le fossé se creuse entre thermique et électrique… de quoi peut-être vous inciter à vous y mettre enfin à l’électrique. Il y a maintenant une large offre et des prix d’achat bien placés, grâce à des bonus et des remises.

L’électrification du marché va plus généralement poser un sacré défi fiscal. La Cour des Comptes avait déjà alerté sur cette situation de la carte grise en 2022, pointant une non-compensation pour les régions de la part de l’Etat. Il va aussi y avoir le moment où les ventes de carburant, véritables mine financière de l’Etat, vont baisser.

Il ne fait guère de doute que les futurs gouvernements trouveront d’autres moyens de taxer les conducteurs ! Les autos électriques ne resteront pas épargnées longtemps.

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