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Dans la trajectoire de quelques modèles de la gamme, le Nissan Ariya passe par les ateliers de Nismo. Le SUV se veut plus dynamique, mais est-ce suffisant ?
À lire aussiEssai – Nissan Ariya e-4ORCE : un second moteur et quatre roues motrices pour servir le confortLes temps changent. Et les références aussi. Et cela se ressent à chaque présentation d’une nouvelle voiture électrique aux ambitions dynamiques. D’emblée, les porte-paroles du fabricant en question attirent l’attention de l’assemblée sur le caractère GT de leur dernière création, plutôt que de la qualifier pour une sportive. Une réserve systématiquement, entendue de l’Audi e-Tron GT RS Performance à l’Alfa Romeo Junior Veloce, en passant par le MG Cyberster. Si la branche sportive de Nissan n’a évidemment pas produit que des sportives pures comme une R32 Gr.A et dures comme une R34 Z-Tune, la marque freine d’emblée ceux ayant passé trop de temps à mener une R33 400R sur console, ou une R35 Nismo dans le monde réel.
Pour consoler les piqués, la marque rappelle à juste titre que le traitement appliqué à l’Ariya n’a rien de nouveau aussi. De notre côté du globe, on se souviendra de celui qu’on a tous un peu oublié, le Juke Nismo. Au Japon, la majorité des modèles de la gamme passent par les ateliers d’Omori Factory, depuis l’Aura e-Power à la Leaf, en passant par le Serena. Même le Nissan Patrol a droit à ses bandes rouges au Moyen-Orient. Le Nissan Ariya n’allait donc pas y échapper.
Le SUV compact électrique adopte alors un traitement cosmétique au préparateur maison. Chacun appréciera le plastique du SUV, qui se compose d’un bouclier avant aéré et d’appendices aérodynamiques frappés du badge Nismo. A l’arrière poussent un petit baquet ainsi qu’un imposant diffuseur doté d’un antibrouillard central, en référence à la Formula E où Nissan est engagée. Comme de coutume avec les ingénieurs japonais, tout n’est pas totalement gratuit. Ainsi, les appendices allongent le SUV de six centimètres et permettent de réduire le coefficient de portance de 40 %. Le coefficient de trainée aérodynamique (Cx), plus courant, ne bouge pas (0,297 vs 0,300 sur le Nismo).
Côté châssis, le SUV, paradoxalement présenté comme une vraie Nismo par ses géniteurs, souffle le chaud et le froid. Fidèle à la philosophie Kaizen, le Nissan Ariya évolue par petites touches. Les ressorts spécifiques, plus fermes (3 % à l’avant, 10 % à l’arrière) et la barre stabilisatrice avant majorée (15 %), contribuent au meilleur maintien de la caisse. Le calibrage de la direction, plus légère à basse vitesse pour améliorer la maniabilité, et plus ferme à haute vitesse pour privilégier la stabilité, a été revu sans toucher au rapport de démultiplication.
Les jantes de 20 pouces exclusives fournies par Enkei, sont désormais enrobées de pneus Michelin Pilot Sport EV (255/45 R20). A ce chapitre, le SUV fait l’effort de quelques modifications. Mais il n’adopte pas d’un système de freinage plus imposant, ce qui peut paraître étonnant pour un véhicule Nismo qui, d’habitude, récupère les plus exclusives pièces du catalogue du préparateur maison. Nissan indique que les pneus et l’ABS retouché suffisent à raccourcir la distance d’arrêt (100-0 km/h) de 8 %, et ce, sans alourdir le SUV ou, à l’inverse, en se passant de pièces bien plus chères. Voilà qui peut faire sourire avec un SUV de 2 220 kg sur la balance au sein duquel a été retiré la console centrale et le tiroir électrique pour ces mêmes considérations.
Dès les premiers tours de roues, la différence est notable avec le Nissan Ariya civilisé. Un gain relativement facile, tant ce dernier se montre particulièrement confortable et conciliant avec ses passagers. Nettement plus rigoureux sur ses amortisseurs, l’Ariya Nismo prend donc le large. Mais, tant que le bitume n’est pas parfaitement plat, les passagers sont assez remués à bord, alors que les trépidations se font régulièrement sentir. Rien d’inconfortable pour autant, mais il ne faudrait pas pousser plus loin les potentiomètres. Aussi, la position de conduite trop haute (acceptable dans une version normale, plus étonnante dans un cocon aux ambitions sportives) et le faible maintient des sièges n’invitent pas à hausser le ton.
À lire aussiEssai – Nissan Ariya 87 kWh : les consommations, autonomies et performances mesuréesPeu sous-vireur à moins de trop en faire derrière le volant, il n’est pas amusant pour autant malgré la promesse d’un contrôle de stabilité débridé et la possibilité d’envoyer jusqu’à 75 % du couple sur le train arrière. Comme toutes les Nismo, il privilégie l’efficacité froide et implique de faire les choses proprement. Et c’est d’autant moins engageant avec la propulsion électrique où le silence est impeccable, même sur autoroute. Mais comme toutes les voitures de son genre, il veut simuler pour mettre un peu plus le conducteur en condition, ici grâce à une bande son façon soucoupe volante en mode Nismo. Heureusement, elle n’est pas si envahissante, mais il aurait été préférable de pouvoir la désactiver. Au rayon freinage, nous n’avons pas décelé de faiblesses lors de notre essai. Toutefois, si on imagine que le puissant mode e-Pedal qui va jusqu’à l’arrêt serait un très bon complément pour éviter la surchauffe, les freins aux dimensions inchangées pourraient vite s’avouer vaincus.
Pour justifier son rang, le Nissan Ariya Nismo reprend l’architecture E-4ORCE. Elle se compose d’une paire de machines électriques identiques (code AM67), capables de délivrer chacune 218 ch (160 kW) pour 300 Nm de couple. Au total, la cavalerie grimpe à 435 ch (320 kW) pour 600 Nm de couple. Vous n’aviez pas besoin de nous pour indiquer que c’est supérieur aux 340 ch du Volkswagen ID.4 GTX. En revanche, il faut préciser que l’Allemand ne peut délivrer la puissance maximale que pendant 30 secondes, si la charge est supérieure à 88 % et si les cellules sont à plus de 23 °C ! Autrement dit presque jamais comme nous l’avions remarqué avec l’ancienne mouture du Skoda Enyaq RS. De son côté, Nissan n’a pas précisé la durée de disponibilité de la puissance, mais a indiqué que toute la cavalerie pouvait être disponible jusqu’à 60 % de charge. C’est mieux.
Nous n’avons pas eu l’occasion d’effectuer des mesures à 80 % et sur sol sec. Cependant, avec 65 % de charge restante et une chaussée détrempée, nous avons enregistré un 0-100 km/h en 5,7 s et un 80 à 120 km/h lancé en 2,8 s. C’est un tout petit peu plus que ce qu’annonce le constructeur (5,0 et 2,4 s respectivement), mais la tendance est là. L’accélération n’impressionne pas, tant pas les chronos pour une voiture de ce rapport poids/puissance, que par la sensation de poussée totalement gommée par le cocon confortable. A l’inverse, les reprises sont parfaitement à la hauteur, avec même 2,9 s sur le 80-120 km/h en mode Normal. Un Maserati Grecale Folgore ne fait pas mieux et l’Ariya Nismo vient, juste pour mettre en perspective, chatouiller une Porsche Taycan propulsion.
La fiche technique du Nissan Ariya peut étrangement ressembler à celle du Renault Scenic e-Tech, avec lequel il partage la plateforme CMF-EV développée par Nissan pour l’Alliance. Mais il ne faudrait pas faire l’erreur de croire que ces deux cousins partagent tout. Côté moteur, les deux reposent sur une technologie synchrone à rotor bobiné et les machines électriques peuvent délivrer un maximum de 218 ch (160 kW) pour 300 Nm de couple. Cependant, les codes moteurs diffèrent, avec 6AM (ou ePT-160 kW) du côté de Renault, et AM67 du côté de chez Nissan. Interrogées indépendamment, les marques ne nous ont jamais apporté de précision, préférant cultiver le flou. Mais on se rappellera qu’un Juke Nismo embarquait un moteur MR16DDT, qui n’était rien d’autre qu’un M5Mt de Renault Clio RS (seule la gestion électronique changeait). Bref, c’est sans doute qu’une histoire de code.
En revanche, malgré des caractéristiques communes, les batteries de 87 kWh de capacité nette sont différentes. Pour le Scenic e-Tech, Renault a fait confiance à des cellules LG Chem (192 unités réparties en 12 modules). L’Ariya a préféré un pack CATL composé de 384 cellules réparties en 16 modules. L’accumulateur du Scenic est plus léger, avec 520 kg contre 578 kg chez Nissan. La question se pose donc : verra-t-on un jour un Renault Scenic e-Tech avec quatre roues motrices ? Sans doute pas. Mais l’Alpine A390, qui reposera sur la même plateforme CMF-EV, disposera de deux machines électriques et devrait grimper à 360 ch. Soit un cran en dessous du Nissan Ariya Nismo, dont la batterie serait à son pic de puissance maximal. L’Alpine A390 devrait donc vraisemblablement récupérer l’accumulateur CATL du Scenic e-Tech.
Toutes les améliorations apportées au Nissan Ariya Nismo ne sont pas sans effets sur la consommation et donc sur l’autonomie. Crédité de 515 km WLTP dans sa déclinaison e-4ORCE de 306 ch, l’Ariya tombe à 417 km d’autonomie homologuée avec cette version Nismo. La perte de 98 km n’est négligeable, le Volkswagen ID.4 ne perdant que 18 km en enfilant sa tenue de sport.
Les conditions n’ont pas permis de revenir avec des valeurs de consommations représentatives d’une utilisation normale. En revanche, dans le cadre d’un usage Grand Tourisme comme le veut le cahier des charges de ce SUV (ce qui ne veut rien dire, je vous l’accorde), la moyenne s’est stabilisée à 28,2 kWh/100 km au terme d’un parcours de plus de 320 km. essentiellement routier et sous la pluie. Sur autoroute, il faudra s’attendre à une moyenne de près de 27,0 kWh/100 km, soit 320 km d’autonomie totale théorique en prenant en compte la capacité totale de 87 kWh. Ou de 205 km de 80 à 10 % de charge puisque d’après nos constatations, la jauge du SUV ne serait pas parfaitement linéaire à cause d’une généreuse réserve de 99 à 100 % de charge.
Voilà qui peut donc fausser le véritable temps de recharge de 10 à 80 %. En tout état de cause, l’exercice habituel s’est montré un peu mieux à la hauteur que lors de notre Supertest d’un exemplaire fraîchement débarqué en France, où nous n’avions pas pu dépasser les 115 kW de puissance. En allant chercher son pic annoncé ou presque (129 kW constaté, contre 130 kW annoncé), le SUV a pu boucler le 10-80 % affiché en 31 minutes, à une puissance moyenne à la borne de 108 kW. Si l’on prend en compte les différents décalages, la moyenne tomberait autour des 103 kW. Pour situer, cela serait entre un Renault Scenic e-Tech (101 kW) et une Tesla Model 3 Grande Autonomie (106 kW). En matière de recharge AC, la version Nismo est équipée en série du chargeur de 22 kW qui permet de réaliser le 10-100 % en 5 h 00.
Si l’on pouvait s’attendre à une simple version prétendument sportive avec des pics de puissance plus importants que sur les autres versions de la gamme, le Nissan Ariya Nismo va un peu plus loin que ses concurrents, à l’image des Skoda Enyaq RS ou Volkswagen ID.4 GTX. Mais il n’est pas pour autant un SUV sportif comme peuvent l’être les Hyundai Ioniq 5 N ou Tesla Model Y Performance. Et ce même si le natif de Yokohama est capable de boucler un tour du circuit de Tsukuba en 1’08, soit moins de dix secondes derrière la GT-R Nismo (59 »360). Il se positionne au juste milieu, avec une configuration spécifique et plus complète que le haut de gamme Evolve+ qu’il remplace désormais, mais tout en faisant des petits efforts techniques, avec des retouches logicielles et l’apparition de quelques pièces pour améliorer son comportement.
Bref, il ne galvaude pas le blason sportif simplement pour ajouter une finition de plus au catalogue, et apporte un peu plus de dynamisme sur la route. Par rapport à la version civilisée, l’écart est sensible et il arrivera certainement à satisfaire la majorité de la clientèle visée. En revanche, les plus passionnés pourront rester sur leur faim, avec un SUV plus rigoureux qu’amusant, puissant mais pas percutant, tapageur mais dénué de pièces performances. Bref, il est à l’esprit Nismo ce que la pâte de raifort est au véritable wasabi : il n’a pas l’authenticité d’une sportive d’Omori Factory, en tout cas pas celle que l’on attend d’une Nismo qui brandit 435 ch, mais il sait faire l’illusion, jusqu’à ajouter un peu de colorant pour évoquer les vraies (le Gris Shinobi est spécifique à toutes les Nismo). Côté tarif, le Nissan Ariya Nismo est affiché au prix de 59 300 €, soit 3 500 € de plus que la version Evolve e-4ORCE. Le surcoût est modéré, et une remise de 6 000 € permet d’abaisser la note à 53 990 €, soit à peine moins qu’un Volkswagen ID.5 GTX.
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Voiture électrique27 décembre 2024
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