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Avec l’arrivée de l’électrique, les voitures n’ont jamais été aussi bien équipées. Un paradoxe au temps de la recherche de sobriété et… d’économies.
Il y a quelques années, quand la première voiture au monde a été équipée de série d’Apple CarPlay, ce fut un petit événement dans le secteur, à tel point que de nombreux articles furent publiés dans la presse spécialisée pour saluer cette innovation. Dans la presse automobile, mais aussi – et surtout ? – dans les médias spécialisés dans les nouvelles technologies et le digital.
Il faut dire que la première marque à adopter CarPlay n’était pas n’importe qui, puisqu’il s’agissait de Ferrari, en toute simplicité. Confirmant ainsi que l’innovation arrive d’abord par le (très) haut de gamme avant de ruisseler vers la plèbe automobile.
Près de dix ans plus tard, la messe est dite, et les voitures électriques qui ne sont pas équipées de série d’un Apple CarPlay ou d’un Android Auto doivent se compter sur les doigts d’une main. C’est d’ailleurs à peu près le seul point commun entre une Dacia Spring à moins de 20 000 euros et une Porsche Taycan Turbo S à plus de 215 000 euros (sans options), quand on parle de système d’infodivertissement.
C’est allé très vite, comme souvent quand on parle d’innovation dans le secteur du numérique et des interfaces.
De par leur conception autour de l’informatique, les voitures électriques ont amplifié et banalisé ce mouvement vers des équipements pléthoriques qui ne concernaient jusqu’alors que le haut de gamme et le luxe. Avec cet avantage de pouvoir tout concentrer dans un seul écran tactile. Pour le meilleur ou pour le pire. A tel point que la tendance s’est presque inversée, et qu’une thermique de luxe aujourd’hui inclut parfois moins d’équipements qu’une banale berline électrique. Quelle voiture de marque propose par exemple en série un écran tactile pour les passagers arrière, leur offrant toute une variété de réglages, de personnalisation et de divertissements, incluant Netflix, comme le fait une Tesla Model 3 de base ? Sans parler des feux Matrix LED, qui étaient il y a encore peu l’apanage exclusif et coûteux d’une certaine marque allemande, et qui s’invite désormais à l’aide d’une simple mise à jour dans la même Model 3.
Un autre exemple ? Les premières voitures équipées d’un dispositif de lecture des panneaux et d’un régulateur de vitesse adaptatif étaient souvent des premiums allemands vus alors comme étant à la pointe de la technologie. C’était également il y a à peine dix ans. Aujourd’hui, la moins chère des électriques, la Citroën ë-C3, est dotée de ces raffinements de série.
Avec le digital et l’électrique, nous nous sommes habitués à ce « luxe », il est vrai également poussé par les réglementations autour de la sécurité, qui imposent notamment nombre d’aides à la conduite.
Mais paradoxalement, une petite musique se fait de plus en plus entendre. Celle qui consiste à réclamer davantage de sobriété dans l’équipement des voitures électriques. Et ce, essentiellement pour trois raisons.
Tout d’abord pour des raisons économiques. Quand on parcourt les discussions, forums, réseaux sociaux et toutes sortes d’échanges autour de l’électrique, la question du prix revient souvent dans les premières préoccupations. Nombreux sont alors ceux qui appellent de leurs vœux des voitures moins chères, donc moins « suréquipées » (ça y est, je parle comme un publicitaire), jugeant inutile et contreproductive la surenchère dans ce domaine.
Autre raison, la quête d’efficience. Partant du principe que l’autonomie reste encore un vrai sujet pour nombre de nos compatriotes, l’excès d’équipements est souvent assimilé – à raison ou à tort – comme contraire à la sobriété, puisque consommateur d’énergie et générateur de poids supplémentaire.
Enfin, dernier motif, celui de l’écologie, et éventuellement de la quête de décroissance qu’elle sous-entend. Dans ce contexte, proposer des voitures inutilement dotées d’équipements considérés comme superflus est une aberration en termes de consommations de ressources, avec tout ce que cela entraîne en termes de fabrication et de transport.
C’est ainsi que certaines marques, conscientes que la demande est guidée par le budget et va prioritairement vers de petits véhicules abordables, commencent à proposer des « anti-options », à savoir des versions de leurs véhicules auxquelles on retire un ou plusieurs équipements en échange d’un prix tiré. A cette différence près que, la technologie aidant, elles peuvent offrir un moyen de compenser ce sacrifice par une proposition de remplacement. C’est le cas par exemple de Citroën, qui, dans la version la moins chère de la ë-C3, supprime le grand écran central de 10,25 pouces au profit d’une station d’accueil pour smartphone assortie d’une application permettant au conducteur d’avoir sur l’écran de son téléphone l’essentiel des indications nécessaires à la conduite (vitesse, média, navigation…) [1].
Il s’agit d’un exemple parmi d’autres. Certains valident, d’autres ne veulent pas en entendre parler. Mais il est fort à parier que ce genre d’initiative risque de se répandre à l’avenir, permettant de proposer des voitures moins chères… et plus sobres.
Tout en étant plus technologiques et parfois mieux équipées que des berlines de luxe d’il y a 10 ou 15 ans.
[1] Nous en parlons dans les 2 derniers épisodes de notre podcast Watts Up :
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