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Je brûlais d’envie de la voir cette Volkswagen Coccinelle convertie à l’électrique par un professionnel, Jérémy Cantin, de Brouzils Auto ! Prêt à remonter ses manches pour qu’une telle opération soit réalisable à plus grande échelle, un peu comme il est possible d’installer un système d’alimentation GPL sur une voiture à essence, il n’hésite pas à interpeller les élus. Ainsi au Vendée énergie Tour, cette année.
J’étais dans la confidence de cette conversion depuis février 2017, promettant à la fois à Jérémy Cantin et à Pascal Houssard, DG du SyDEV qui espérait déjà que le résultat soit révélé au Vendée énergie Tour, de garder le secret.
Quatre mois de patience pendant qu’une bonne partie de l’équipe de Brouzils Auto, y compris les jumeaux de Jérémy âgés de 8 ans, – Florine et Bastien -, s’activaient sur la bestiole allemande en dehors des heures d’ouverture. Des Coccinelle et des Combi électrifiés, disons-le tout de suite, il y en a déjà plusieurs dizaines dans le monde ! Mais cette Cox-là a quelque chose de plus : elle témoigne de la volonté d’un professionnel de la mécanique de faire bouger les choses. Un cadre légal permettrait que ne finissent pas à la casse des voitures encore en bon état mais rendues indésirables par les enjeux environnementaux et de santé publique actuels.
Jérémy Cantin a repris il y a une douzaine d’années le garage multimarque Brouzils Auto. Sa passion de l’automobile ancienne, et notamment de la Cox et de ses dérivées (Combi, Buggy, Karmann Ghia, etc.), lui a valu de voir arriver les premiers clients intéressés par ses talents et ceux de son équipe. Cette dernière est passée de 2 à 10 personnes. « J’ai du personnel dédié pour intervenir sur ces voitures », commente Jérémy Cantin.
Pour répondre à la demande, il a fait venir plusieurs engins d’origine VW depuis les Etats-Unis. Un scénario qui l’a naturellement amené à devenir aussi un spécialiste des américaines. « Brouzils Auto est toujours un garage multimarque, avec, en plus, une spécialisation dans l’importation et la restauration de véhicules anciens », confirme-t-il.
« Mon idée de convertir des voitures à l’électricité date d’il y a à peu près 2 ans, avec la fameuse affaire du dieselgate », avoue Jérémy Cantin.
« Je me suis demandé comment proposer un choix alternatif de mobilité », poursuit-il. Cette question, il l’a justifiée au Vendéspace, en une articulation en 3 points, aussi bien devant tous les électromobiliens venus des 4 coins de France et d’ailleurs pour participer au Vendée énergie Tour, qu’à l’attention des différents élus présents, dont messieurs Alain Leboeuf, Bruno Retailleau, et Yves Auvinet, respectivement présidents du SyDEV, du conseil régional des Pays de la Loire, et du conseil départemental de la Vendée. Tous se tenaient autour de l’engin converti, encore caché sous une housse noire masquant cependant difficilement les formes et l’identité de la Cox, et trônant au beau milieu de la route solaire Wattway installée par Colas l’année dernière.
En premier point, Jérémy Cantin indique avoir « pris conscience que l’automobile et les moyens de mobilité sont actuellement en cours de mutation », anticipant que « l’interdiction des diesel en centre-ville va probablement déstabiliser le marché de l’occasion au point d’être inondés de véhicules rendus obsolètes et dont plus personne ne voudra ».
Sur ce sujet, avec beaucoup d’humilité, notre interlocuteur prend bien soin de ne pas imposer son point de vue. « C’est juste mon avis », précise-t-il. Cet avis, justement, l’amène à se poser une autre question : « Pourquoi détruire des véhicules sains alors qu’une conversion à l’électrique est possible ? ». Selon son schéma, on réduirait déjà et immédiatement l’impact sur l’environnement de l’utilisation des voitures concernées, mais en plus on économiserait l’énergie consacrée à la démolition de modèles en état de rouler et celle de fabrication de leurs remplaçants.
Avec sa dernière articulation, Jérémy Cantin « pense que transformer des véhicules déjà existants à l’énergie électrique est une possibilité d’activité » nouvelle qui permettra « à tous les artisans de la mobilité de rester acteurs de l’avenir automobile de notre pays ». En disant cela, il pointe les décisions que subissent les professionnels comme lui de la part des constructeurs.
Pour exemple, il cite le système de géolocalisation eCall voulu par la Commission européenne mais qui porte en lui nombre de dérives possibles, et les formules de LOA avec entretien inclus. « L’homologation est une difficulté dans notre pays. Aujourd’hui, il n’existe pas de cadre juridique pour transformer un véhicule en électrique », a-t-il rappelé à tout l’auditoire rassemblé au Vendéspace.
Dans son allocution, Jérémy Cantin a lancé un appel « à celles et ceux qui souhaiteraient [l]’aider à créer un groupe de travail dont le but sera de proposer un cadre légal et de permettre la création d’une nouvelle branche de l’artisanat automobile afin de développer une économie artisanale et locale ».
En s’adressant plus particulièrement aux personnalités politiques rassemblées autour de lui, il a mis en avant, avec « cette solution simple de conversion à la technologie fiable et maîtrisée », la possibilité d’accentuer la place de pionnier que le département de la Vendée et la région des Pays de la Loire endossent actuellement aux sujets du développement durable et d’une mobilité plus douce pour l’environnement. Plus clairement, il imagine des offres de « circuits touristiques verts afin de faire découvrir le patrimoine du territoire à bord de mythiques Combi électriques ».
A la fin de son intervention, Jérémy Cantin a alors reçu de Pascal Houssard le petit signe que tout le monde attendait : celui l’invitant à lever le voile sur la superbe Volkswagen Coccinelle 1302 dorénavant équipée d’une chaîne de propulsion électrique. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que tout a été étudié minutieusement. « En 48 heures, il est possible de replacer les éléments de motorisation et de transmission d’origine », certifie notre interlocuteur.
Pourquoi une Cox ? « Je m’étais dit que ce serait bien de convertir une Coccinelle, pensant d’abord à un cabriolet », répond l’artisan. Il imaginait alors, en particulier, un marché auprès des personnes qui disposent d’une résidence secondaire en Vendée.
Finalement, Jérémy Cantin a décidé d’exploiter une berline qu’il avait à disposition. « Suite à un problème de boîte de vitesses, son ancien propriétaire souhaitait s’en séparer, faute de moyens pour la réparer et effectuer les autres travaux nécessaires », nous confie-t-il. « Cette Cox n’avait jamais été accidentée, mais, après démontage complet et sablage, nous avons dû remplacer les 2 longerons et les bas de panneaux arrières », détaille-t-il.
Le bloc thermique, le réservoir à essence et la ligne d’échappement ont été écartés. Parmi les innovations apportées à l’engin, outre un poste radio qui semble d’époque mais équipé d’un kit main libre bluetooth et d’une prise USB : des freins à disques. Cet élément de sécurité n’a pas été le seul à bénéficier d’une attention particulière. La suspension complète a été remise à neuf et 4 pneus XZX série collection de Michelin ont été montés, offerts par le manufacturier français. La restauration intérieure est également parfaite, avec la réfection des sièges confiée à un artisan local : Ludovic Michel, sellier tapissier installé près de Montaigu.
Avec une batterie lithium-ion d’une capacité de 22 kWh en alimentation d’un moteur électrique d’à peine 40 kW, l’ElectroCox disposerait d’une autonomie de 250 kilomètres, selon les estimations de Jérémy Cantin.
« Il n’y a pas de consommateurs importants telles une direction assistée, ou une climatisation ; même les ampoules pour tout l’éclairage avant et arrière sont des prototypes Philips », liste-t-il. Afin d’assurer une répartition des masses optimum, les 37 éléments de la batterie sont répartis en 12 unités à l’avant et 25 à l’arrière, pour un poids respectif de 45 et 94 kilos.
Au total, l’engin a pris une centaine de kilos sur la balance. La recharge s’effectue en 16 ou 32 A. « L’installation d’une borne d’une puissance de 7 kW serait l’idéal » en prévision de la livraison d’une voiture convertie par Brouzils Auto.
« Ce prototype est proche d’une version commerciale définitive, même si nous allons encore l’améliorer », certifie Jérémy Cantin. La conversion de la Cox a été facilitée par l’implication de différents partenaires, parmi lesquels Vendée Expansion, le SyDEV, CER France, la CCI, la Chambre des métiers, le service homologation de Volkswagen France, et Michelin. Le manufacturier en pneumatiques ne s’est pas contenté de fournir les XZX d’époque. Il « a l’habitude de soutenir l’emploi et les jeunes professionnels basés dans un rayon de 50 kilomètres autour de ses usines », souligne un de ses responsables locaux.
« C’est le cas, depuis 1990, avec celle de La Roche-sur-Yon, spécialisée dans la fabrication des pneumatiques pour les poids lourds. En 2016, comme en 2017, l’entreprise est à l’origine de la création d’une centaine d’emplois », poursuit-il. Pour l’ElectroCox, par exemple, « Brouzils Auto a reçu 30.000 euros », chiffre-t-il.
Pour les conversions à venir, Jérémy Cantin n’a pas arrêté un business plan précis, car trop dépendant de pas mal d’inconnues encore. Mais il sait que sa responsabilité sera engagée dès lors qu’il acceptera de travailler sur une ancienne. « C’est pourquoi la conversion débutera par une restauration complète, avec sablage, de la voiture », prévient-il. Impossible, dans ces conditions de fournir une estimation du coût des opérations qui seront obligatoirement personnalisées. Que ce soit pour la transformation de modèles diesel de 10 ans d’âge ou de voitures dites de collection, « la solution existe, il s’agit de mettre en rapport un budget face à un cahier des charges détaillé », lâche-t-il.
Le souhait ce notre interlocuteur : « Que le client flashe déjà sur une base à convertir ». Il précise : « C’est déjà ainsi que l’on procède pour la restauration au plus proche de l’origine pour les anciennes ». Prochaine conversion à effectuer par Brouzils Auto ? Peut-être un diesel… ou une autre ancienne, très différente. Et pourquoi pas une Ford Taunus TC1 bis GXL automatique de 1975 ? Un fantasme ? Surtout une histoire entre mon fils de 16 ans et Jérémy Cantin !
Automobile Propre et moi-même remercions vivement Jérémy Cantin pour son implication dans la conversion à l’électrique de véhicules très divers, et son impulsion dans la réalisation d’un cadre légal pour ce type d’opérations.
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