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Alors que la démocratisation des Zones à Faibles Émissions (ZFE) accélère la transition énergétique des professionnels, Automobile Propre revient sur la stratégie de Citroën sur le segment des utilitaires électriques. Entretien avec Thierry Pinot, responsable marketing VU au sein du groupe Stellantis.
Quelles sont les principales forces de la gamme d’utilitaires électriques Citroën ?
Thierry Pinot : Avec les autres marques du groupe Stellantis, Citroën est la seule marque à couvrir avec son offre électrique l’ensemble des trois segments utilitaires aujourd’hui : small, medium et large.
Le second atout, c’est que nous sommes parvenus à adapter nos utilitaires thermiques en électriques sans diminuer le volume ni la charge utile. Que vous achetiez un ë-Berlingo Van ou un ë-Jumpy, il n’y a pas de compromis ! L’autonomie est également au rendez-vous : avec plus de 200 kilomètres sur la plupart de nos modèles, nous répondons largement aux besoins des professionnels.
Enfin, nous sommes en mesure de transformer l’intégralité de notre gamme électrique. Du ë-Jumpy benne au ë-Berlingo Van isotherme, la palette est large. À l’exception de quelques cas assez précis, cela nous permet de couvrir la plupart des métiers et des besoins.
À l’heure de la multiplication des Zones à Faibles Émissions, sentez-vous une accélération des commandes dans l’Hexagone ?
TP : Les ZFE arrivent dans 15 mois et seront autant impactantes pour les particuliers que pour les entreprises.
À fin août, l’électrique représentait 3,5 % des immatriculations d’utilitaires en France. En commandes, nous sommes désormais sur 7 à 10 % en électrique voire 15-16 % sur le segment « small ».
Chez Citroën, nous avons aujourd’hui 10 000 clients qui possèdent un utilitaire thermique en crédit-bail qui doivent renouveler leurs véhicules entre le 1er octobre 2022 et le 31 décembre 2023. Pour beaucoup d’entre eux, on va devoir pousser l’électrique compte tenu de l’arrivée des ZFE. Citroën a un devoir vis-à-vis de son réseau et de ses clients d’alerter sur ces sujets. Nous ne voulons pas vendre des utilitaires thermiques qui ne pourront plus accéder au cœur des villes.
Le critère TCO est primordial pour les pros. Quels arguments mettez-vous en avant ?
TP : Le TCO (Total Cost of Ownership ndlr) reste le nerf de la guerre pour inciter nos clients à passer à l’électrique. Il prend en compte toutes les variables et notamment celle du coût de l’énergie. Même si le prix diesel diminue, l’électrique reste beaucoup plus abordable. On intègre aussi dans ce TCO les coûts d’entretien et les coûts d’assurance qui restent moins élevés sur l’électrique que sur le thermique.
On tient également compte des différentes aides. L’État a mis en place un bonus écologique, mais aussi un dispositif fiscal de suramortissement pour compenser le surcoût via une déduction d’impôt.
Pour mieux tenir compte de ces différentes composantes, on fournit à nos points de vente des outils qui les intègrent dans les offres de financements. Pour construire ses offres, le réseau peut aussi passer par le Stellantis Professional Center qui lui est dédié. On voit d’ailleurs que le poids des dossiers liés aux utilitaires électriques ne cesse d’augmenter.
Qu’en est-il des délais de livraison avec les pénuries de pièces ?
TP : Nous sommes très impactés avec 8 à 10 mois d’attente selon les modèles. Notre force reste toutefois d’appartenir à Stellantis et de profiter des synergies et des optimisations déployées par le groupe à l’échelle européenne. En simplifiant nos gammes et en alignant nos prix d’un marché à l’autre, nous avons gagné en flexibilité. Cela permet de mieux répartir nos productions en fonction des besoins des différents marchés et de limiter les retards.
Aujourd’hui, le 100 % électrique reste limité pour certains usages et certaines professions. Envisagez-vous également d’autres solutions technologiques comme l’hybride ou l’hybride rechargeable ?
TP : Sur l’hybridation, le sujet n’est pas simple puisque l’intégration de deux motorisations va impacter la charge et le volume de chargement. C’est en réflexion, mais il n’y a rien de concret pour le moment.
Au-delà de l’électrique pur, Citroën a ouvert depuis le 1er juin les commandes de la version hydrogène du Citroën ë-Jumpy avec 450 km d’autonomie et un plein en 3 minutes. Comme sur notre gamme 100 % électrique, le volume et la charge utiles restent préservés. Les prix restent élevés (plus de 100 000 € NDLR), car on reste pionniers sur ce sujet. À date, on ne traite qu’avec de très grands comptes, mais n’importe qui se rendant dans le réseau peut demander une offre et passer commande. Comme pour l’électrique, il faut bien avoir à l’esprit que le marché va basculer !
Comment imaginez-vous le développement du marché de l’utilitaire électrique en France à l’horizon 2025-2030 ? Quelle part pourrait représenter l’électrique dans le mix de ventes VUL de Citroën ?
TP : On pense que la bascule va être à la fois rapide et forte. Pas forcément sur la même trajectoire que celle du véhicule particulier (VP).
Avec la démocratisation des ZFE, les obligations imposées aux flottes et l’ensemble des aides gouvernementales fiscales et locales, on estime qu’on sera sur un mix électrique de 15 – 20 % à horizon 2025 et que cela continuera à augmenter rapidement.
Sur certains modèles, on observe déjà un poids de commandes en électrique qui dépasse les 20 %. Entre les contraintes du gouvernement et l’offre des constructeurs, le consommateur n’aura plus le choix !
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