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Alors que le prix de l’électricité atteint des sommets en France, le coût de la recharge à domicile perd de son attractivité. Il est loin le temps où le kilowattheure était facturé moins de 15 centimes d’euro au tarif de base. Un chiffre qui fait rêver aujourd’hui, sauf si vous habitez de l’autre côté de l’Atlantique.
Tous les pays ne sont pas égaux lorsqu’on parle du prix de l’électricité. Si la France s’en est toujours bien sortie face à ses voisins européens, la tendance est en train de s’inverser. Il devient ainsi de plus en plus facile de trouver un pays où rouler en électrique s’avère plus intéressant. Cela est d’autant plus vrai si on s’autorise à quitter le Vieux Continent pour jeter un œil du côté du Canada. Et plus exactement au Québec, l’une des 10 provinces du pays. Là-bas, la voiture électrique a le vent en poupe.
« Regardez le nombre de véhicules électriques qu’on a sur nos routes, aujourd’hui, versus il y a deux ans à peine. Il y a une électrification importante. Il y a une demande importante pour l’électricité, qui dépasse ce qu’on avait anticipé. » Cette phrase a été prononcée par Julie Boucher, vice-présidente d’Hydro-Québec, en novembre 2023 lors d’une commission parlementaire. Il faut dire que l’année dernière, plus d’une voiture vendue sur cinq était électrique. Il s’en est ainsi immatriculé plus de 80 000 en 2023, contre seulement la moitié en 2022. Résultat, il y a aujourd’hui plus de 250 000 VE sur les routes du Québec. Et la demande est telle que les délais de livraison s’allongent. Mais comment expliquer cet attrait soudain ? Comme chez nous, le prix des véhicules électriques n’a pas tellement baissé, mais c’est surtout celui des véhicules à essence qui a explosé, rendant l’électrique bien plus compétitif.
Si la France a le nucléaire, les Québécois, eux, ont l’hydroélectrique ! Avec ses 61 centrales d’une puissance installée de 37 GW, Hydro-Québec, le principal producteur d’électricité au Canada, représente l’un des plus grands producteurs mondiaux d’hydroélectricité. En effet, le Québec possède un vaste réseau de cours d’eau, dont une partie est exploitée pour produire de l’électricité. De fait, près de 99 % de l’énergie produite au Québec est renouvelable, tout en garantissant des émissions de gaz à effet de serre faibles, voire nulles. Une vraie force dans la lutte contre le réchauffement climatique. Autre avantage, et pas des moindres : grâce au coût de production très bas des grands barrages, le Québec (et le Canada plus généralement) bénéficie de prix d’électricité très inférieurs à ceux des États-Unis et de l’Europe par exemple.
Oubliez le Tarif bleu EDF pour l’électricité des particuliers, au Québec, il s’agit du Tarif D fourni par Hydro-Québec. Il diffère du nôtre dans la mesure où le prix du kilowattheure (kWh) n’est pas le même en fonction de sa consommation. Ainsi, si les 40 premiers kWh de la journée sont facturés 4,5 centimes d’euro (0,06509$) le kWh, une seconde tranche s’applique une fois cette quantité dépassée, passant à 6,9 centimes d’euro (0,10041$) le kWh. À cela s’ajoutent également 15 % de taxes fédérales et provinciales, ainsi que des frais journaliers d’accès au réseau d’environ 30 centimes d’euro (0,43505 $).
Concrètement, si on prend l’exemple d’une consommation de l’ordre de 1833 kWh par mois (une valeur moyenne pour le Québec en maison individuelle sans piscine ni climatisation), le kWh revient à environ 6,6 centimes d’euros (0,096 $), soit une facture d’électricité mensuelle qui s’élève à 120 € (175 $) toutes taxes comprises. Pour rappel, en France selon le tarif bleu EDF avec l’option base, le kWh est facturé 0,2516 €, peu importe la consommation. À cela s’ajoute le prix de l’abonnement, soit 15,79 € /mois pour un compteur d’une puissance de 9 kVa. Autrement dit, dans les mêmes conditions, le montant de la facture grimpe à 470 €. L’électricité au Québec coûte donc près de 3,9 fois moins chère qu’en France.
Dans le cas d’un propriétaire de voiture électrique qui recharge à domicile le soir, il faut prendre en compte le fait qu’il aura vraisemblablement déjà consommé plus de 40 kWh d’électricité pour son foyer. On peut alors supposer que le coût du kWh pour sa recharge se situe, au pire, dans la seconde tranche, soit 6,9 centimes d’euros (0,10041 $). À ce prix, il ne faut pas oublier d’ajouter les taxes, ce qui amène le coût du kWh à 7,9 centimes d’euro (0,11544$). En prenant l’exemple d’une Tesla Model 3 propulsion qui consommerait 17 kWh/100 km de moyenne sur l’année (en conditions réelles au Québec), on arrive alors à un coût aux 100 km de 1,35 € (environ 2 $).
À un tel tarif, les Québécois auraient vraiment tort de se priver de rouler à l’électron, car même si outre-atlantique le prix du litre d’essence est bon marché (environ 1,50 $ le litre, soit 1 €), une thermique consommant 7 l/100 reviendrait à 7,22 €/100 km (10,5 $), soit plus de 5 fois plus cher que l’électrique. En France, dans les mêmes conditions, c’est plutôt 4,30 €/100 km pour l’électrique et 12 € pour le thermique. Au passage, même avec une option comme Tempo qui permet de baisser sa facture d’électricité de 36 %, la différence reste significative avec le Québec. Et ce d’autant qu’il est aussi possible de réduire sa facture d’électricité là-bas en souscrivant à un tarif spécial (appelé Tarif Flex D), avec un kWh moins cher la plupart du temps, sauf durant les heures de pointe. On peut donc clairement dire que, comparé à la France, rouler en voiture électrique au Québec est particulièrement bon marché ! De plus, si on regarde du côté des aides à l’achat, on s’aperçoit qu’ils sont également bien lotis !
Comme en France, il est possible de toucher des aides lors de l’achat d’une voiture électrique neuve. Deux programmes sont ainsi cumulables : le programme iVZE du gouvernement fédéral (5000 $), et le programme Roulez Vert du gouvernement provincial (7000 $). Cumulées, un Québécois peut ainsi toucher jusqu’à 8 250 € (12 000 $) d’aide à condition que le modèle qu’il achète fasse bien partie des véhicules éligibles aux deux programmes. Si l’offre des constructeurs n’est pas aussi riche que chez nous, on retrouve néanmoins les principaux modèles. C’est le cas de la Tesla Model 3 propulsion vendue 37 124 € (53 990 $) qui sera finalement facturée 28 872 € (41 990 $) à son propriétaire. Dans l’hexagone, le même modèle coûte 42 990 € et n’est plus éligible au bonus écologique. Avec cet exemple, on comprend combien l’électrique est attractif alors même que le coût de la vie est 16 % plus important au Québec qu’en France.
En résumé, avec des prix à l’achat intéressants et un coût de l’énergie particulièrement bas, le Québec est une terre promise pour la voiture électrique qui a toutes les chances de s’imposer face au thermique dans les années à venir. Seul bémol : des hivers rudes qui mettent à mal l’autonomie de manière significative et freinent les ardeurs de certains automobilistes. Un inconvénient qu’on peut espérer voir disparaître dans le futur avec l’évolution des technologies de batteries.
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