Panne sur la Ford Mustang Mach-E de Luiz

Véritable passionné de la marque Ford, et électromobiliste depuis plus de dix ans, Luiz a fait le choix d’une Mustang Mach-E quand la famille a adopté un chien. En panne depuis mi-mai 2024 pour un connecteur haute tension défaillant, le SUV nécessite un rapatriement vers la concession la plus proche habilitée pour intervenir sur les véhicules électriques. Ce que Ford France n’a toujours pas décidé de faire. Pourtant, un client comme lui, d’habitude, on fait tout pour ne pas le contrarier.

Ford, une histoire de famille

A cinquante ans, Luiz est un personnage passionné et passionnant qui vit aujourd’hui une mésaventure qui le dépasse. Brésilien d’origine, il est installé depuis des années en Bretagne comme enseignant-chercheur. Son entourage professionnel est donc composé de scientifiques, de professeurs et de nombreux étudiants qui l’apprécient en général beaucoup.

« Je suis venu en France, d’abord à Grenoble, pour produire ma thèse et effectuer un doctorat. Marié à une Française, j’exerce aujourd’hui comme maître de conférence. Ford est une marque profondément inscrite dans mon histoire familiale. Mon père avait toujours des Ford. Ça a commencé par une Belina réservé au marché brésilien. Il a eu ensuite un Maverick », précise notre lecteur.

En France, la Belina n’est pas connue. Il s’agit d’un break à trois portes dérivé de la Corcel produite dès 1968. Curieux, non, ce faux-air de Renault 12 ? Cette famille s’appuie bien sûr la française, embarquant même un moteur Cléon adapté pour fonctionner avec les carburants du Brésil.

Les déclencheurs du passage au véhicule électrique

Les Ford anciennes, Luiz les collectionne avec son frère Leonardo resté au Brésil. Un patrimoine qui roule utilement à l’occasion : « Nous avons commencé par une Ford Galaxie de 1967. Il s’agit d’une longue berline noire avec intérieur rouge qui a appartenu au gouverneur de l’Etat du Parana. C’est le premier modèle construit par Ford Motor do Brasil. Elle a servi de voiture de mariage à des collègues pour transporter la future mariée ».

Cette voiture, il l’a toujours : « Elle a été rejointe par une Ford de 1929 et une Fairlane 1955. Elles servent toutes pour des mariages. En France, j’ai un pickup F-150 de 1997 bien pratique pour transporter pas mal de choses, car je ne peux pas garer une remorque chez moi ».

Deux événements ont décidé notre lecteur à passer à l’électrique : « Ce qui m’a fait m’intéresser aux VE, c’est le film de Chris Paine ‘Qui a tué la voiture électrique ?’ sorti en 2006. C’est le véritable déclencheur pour moi, mais ce qui m’a permis de concrétiser, c’est l’arrivée des premières bornes de recharge à Lannion en 2013 ».

D’abord une Nissan Leaf

Luiz a alors cherché ce qu’il pourrait acheter comme VE : « Il y avait à cette époque la Renault Zoé et la Nissan Leaf. Les concessions de ces marques se font face à Lannion. Chez Renault, on ne connaissait pas trop le produit en 2014. Je suis en revanche tombé chez Nissan sur quelqu’un de bien mieux informé. J’ai donc pris une Leaf en LOA. Les bornes de la ville étant en panne une fois sur deux, j’ai dû trouver un moyen pour recharger depuis chez moi ».

Des galères à répétition ont décidé notre lecteur à effectuer une petite réorganisation en famille : « En hiver, on n’avait que 120 km d’autonomie. C’était compliqué d’aller ne serait-ce qu’à Rennes ou Brest. On n’avait parfois pas assez de courant pour des trajets imprévus pas forcément très longs. J’ai connu plusieurs fois le mode tortue. Mais cette voiture nous plaisait vraiment. Ma femme l’a récupérée et j’ai cherché autre chose pour pouvoir effectuer des déplacements plus importants ».

Les BMW i3 et Chevrolet Volt chez Luiz

Il avait déjà une idée du modèle : « Je voulais une Chevrolet Volt ou une Opel Ampera. Première difficulté, ces modèles étaient difficiles à trouver. Il m’aurait fallu aller à Paris ou Nantes. À 45 000 euros, c’était aussi trop cher. Et puis je suis tombé sur une occasion de quatre ans à seulement 15 000 euros ».

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Voyager plus loin et avec un chien

La Chevrolet Volt s’est montrée fiable : « Elle n’a connu qu’une seule panne, un capteur de refroidissement qui a provoqué son immobilisation pendant deux mois. Nous avons toujours cette voiture que j’utilisais en électrique localement et en thermique uniquement pour les longs déplacements. À 170 000 km aujourd’hui, les plaquettes de frein sont d’origine et je n’ai effectué que deux fois la vidange du moteur. Je n’ai pas senti de perte d’autonomie. Passant actuellement son permis, c’est ma fille de 17 ans qui va la récupérer ».

Quand la LOA sur la Nissan Leaf est arrivée à terme, il a fallu chercher un autre VE pour la Maman : « Nous avons trouvé en 2019 une BMW i3 d’occasion avec les options recharge rapide et Rex. Ce prolongateur d’autonomie permet en cas de panne d’une borne de recharge de rejoindre la suivante. Nous sommes allés jusqu’au Puy du Fou avec. Les longues distances, c’est quand même pas si simple avec elle. Nous avons toujours cette citadine ».

Une nouvelle voiture électrique s’imposait en remplacement de la Chevrolet Volt : « Nous avons besoin de rejoindre la région de Quincampoix, dans les Hauts-de-France, d’où est originaire ma femme. Et puis nous avions besoin d’un coffre pour le berger australien que nous avons adopté. Il nous fallait cinq places, alors que la BMW i3 et la Chevrolet Volt n’en proposent que quatre. Afin de bénéficier d’un réseau pour l’entretien et en cas de panne, j’ai préféré prendre un Ford Mustang Mach-E plutôt qu’un Tesla Model Y ».

En panne depuis le 18 mai 2024

Sa nouvelle voiture électrique, Luiz est allé la chercher à Nice, à 1 200 km de chez lui : « Selon le système du Mach-E qui a bénéficié d’un reset lors de l’achat, grâce à l’autonomie estimée de 500 km, trois recharges auraient dû suffire. Mais il en a fallu davantage. En outre, j’avais oublié mon badge Chargemap. Du coup, en payant avec une carte bancaire, j’ai eu une facture de 30 euros pour une recharge qui n’a pas fonctionné chez Lidl, trois débits de 73 euros sur mon compte bancaire chez Shell avec une borne défaillante, et chaque fois 40 euros chez TotalEnergies où ça ne marchait pas toujours non plus ».

Le temps de retour a été plus long : « J’ai mis quatre heures de plus que prévu pour rentrer en Bretagne, roulant toute la nuit et la matinée. Là, je me suis dit que c’est toujours la même galère aujourd’hui qu’il y a dix ans. J’étais prêt à lâcher l’électrique. Puis j’ai reçu ma carte Ford pour la recharge et le système s’est étalonné. Le planificateur d’itinéraires ne s’est ensuite jamais planté ».

Et puis survient la panne : « J’allais chercher ma fille et ça s’est mis à biper de partout avec des voyants rouges qui se sont allumés. En cause, un connecteur à haute tension défaillant. Ma voiture est immobilisée depuis le 18 mai à la concession de Lannion qui n’est pas habilitée à intervenir sur les véhicules électriques ».

Un problème d’autorisation

Qu’est-ce qui coince ? « Mon Mach-E devait être dirigé vers Saint-Brieuc où la concession attendait du matériel pour réparer les véhicules électriques, mais finalement c’est Rennes maintenant qui serait le garage le plus proche capable d’intervenir. J’ai donc demandé à Ford le remorquage de ma voiture, mais, à Lannion, on me dit que l’établissement n’est pas habilité à transporter des voitures électriques. Bref, on en est au même point qu’il y a dix ans ! ».

Le chercheur-enseignant voit clairement de la mauvaise foi dans la situation : « Le concessionnaire ne veut pas prendre en charge le transfert et ça traîne. À un moment, j’ai appelé Ford France tous les jours. Là, on m’a évoqué un problème d’autorisation. Dans le film de Chris Paine, en 2006, on voit que le VE ça marche. Pourquoi ça ne va plus aujourd’hui ? Est-ce de la mauvaise foi de la part de Ford ? ».

Luiz tient pourtant à sa voiture : « Cette Mustang, je l’adore ! Je la trouve très confortable et puissante. J’ai la version à motricité intégrale à 351 ch. J’aime bien la sono et le tableau de bord. Elle a de la gueule cette voiture, mais Ford France ne sait pas gérer son réseau. Ce que j’espère aujourd’hui, c’est que la panne va pouvoir être réparée et qu’après je serai tranquille longtemps, comme avec la Chevrolet Volt ».

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Blocage chez Ford France ?

Ford France voudrait que Luiz ramène lui-même la voiture en la faisant rouler : « J’ai des voyants rouges qui s’allument. Dans ce cas, c’est clair, il ne faut pas rouler. Le concessionnaire de Lannion me confirme que ce serait une bêtise de le faire, que la voiture pourrait s’arrêter d’un moment à l’autre sur la quatre-voies. Rennes est à plus de 160 km de chez moi. J’ai écrit une lettre à Ford France pour parler de ma passion pour la marque et de la situation que je vis actuellement : pas de réponse ».

Et en passant par l’assurance ? « Je pourrais bénéficier d’un forfait de 200 euros, mais le rapatriement coûterait bien davantage. Je paye 500 euros de crédit par mois pour cette voiture, j’espère donc une prise en charge sérieuse et désormais une compensation en raison de la durée d’immobilisation et de la gêne occasionnée ».

En conclusion, il résume : « C’est Ford France qui doit déclencher le rapatriement à Rennes, mais ne le fait pas. C’est bloqué ! J’ai l’impression d’un retard de dix ans chez eux. Leur base reste très fragile. Bien sûr, je n’ai pas de voiture de courtoisie. Heureusement que je peux encore utiliser la Chevrolet Volt ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Luiz pour son témoignage, son excellent accueil et sa sympathie à l’égard de notre média.

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Avis de l'auteur

Sans doute les amateurs de modèles réduits auront-ils visualisé au début de l’interview la Ford Galaxie 1967 de Luiz et Leonardo, un modèle reproduit par Dinky Toys avec beaucoup de détails.

Concernant la position de Ford France, elle m’apparaît vraiment incompréhensible face à un enseignant-chercheur qui bénéficie d’un très large réseau de connaissances, dont des étudiants qui pourraient conserver longtemps la mémoire de l’incident.

Demander à un automobiliste de prendre le volant sur plus de 160 km avec une voiture électrique qui a plusieurs voyants rouges allumés, c’est quand même particulièrement imprudent et inconcevable.

Si ça devait vraiment se faire, j’ai proposé à Luiz de le suivre. S’il devait connaître la moindre anomalie, au moins nous serions là pour sécuriser l’opération et ne pas le laisser seul au bord de la route. Nous ferions alors un reportage détaillé du rapatriement

Ce serait en revanche très certainement une très mauvaise publicité pour Ford France de devoir en arriver là. La balle reste donc dans le camp du constructeur.