Lors de notre passage à Shanghai, nous avons pu découvrir la Nio ET5 et sa déclinaison break, la Nio ET5 Touring. Une voiture électrique qui nous a séduit sur de nombreux points, mais qui souffre d’un défaut majeur.

La Chine, c’est un peu comme un Kinder Surprise. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. Cela a été le cas pour Nio. Passant par hasard à côté d’une concession de la marque, il était difficile de ne pas faire une halte pour vous présenter la Nio ET5, proposée en format « berline » mais aussi dans une déclinaison « break » Touring très intéressante.

Pour rappel, Nio fait partie de ces néo-constructeurs chinois qui ont fait de l’électrique leur spécialité. Après des débuts en Formule E au début des années 2010, le constructeur s’est ensuite lancé sur le segment de la supercar avec la Nio EP9 avant de lancer une nouvelle gamme « grand public ». Particularité de la marque : un système de batteries amovibles associé à des stations dédiées permettant de “faire le plein” en seulement quelques minutes.

Nio ET5 côté style : une « vraie » rivale de la Tesla Model 3

Si elle n’est pas encore lancée en Europe, la Nio ET5 n’est pas réellement une nouveauté. Présentée fin 2021, la berline du constructeur chinois est déjà largement distribuée sur le marché chinois et nous avons pu en croiser une multitude dans les rues de Shanghai.

Côté esthétique, la voiture électrique de Nio est facilement repérable grâce à une face avant très spécifique, marquée par des optiques très effilées. De quoi la distinguer sur un marché chinois où toutes les voitures électriques tendent à se ressembler. En matière de gabarit, on est sur un format plus compact qu’une Xiaomi SU7 ou d’une Huawei Luxeed S7. Avec 4,79 m en longueur, 1,96 m en largeur et 1,5 m de hauteur, la Nio ET5 se rapproche davantage d’une Tesla Model 3, qui cumule 4,72 m en longueur. Petite mention spéciale à l’ouverture des portes. Intégrées à la carrosserie, celles-ci s’ouvrent à partir d’une commande tactile.

Mais le plus intéressant reste la présence d’une déclinaison « break », segment où l’offre est encore rare dans le domaine de la voiture électrique. Introduite en 2023, cette Nio ET5 Touring hérite des mêmes dimensions que la berline, mais avec un profil naturellement moins élancé. Évidemment, la grosse différence se joue au niveau du coffre. Là où la berline se contente de 385 litres, cette déclinaison Touring grimpe à 450 litres. C’est bien, mais loin de la Model 3 qui atteint des sommets avec 682 litres ! Les deux versions de la Nio ET5 héritent toutefois d’un hayon, plus pratique pour transporter du « gros volume ».

Au niveau des places arrière, pas de différence entre les deux versions. Forte d’un empattement de 2.88, les Nio ET5 et Nio ET5 Touring offrent un confort royal avec trois places et l’absence de tunnel central. Les versions exposées comptent également deux ports USB-C.

“Hello Tamagoshi !”

Avec son intérieur mauve, la Nio ET5 Touring est juste un gros orgasme visuel

À l’intérieur, l’ambiance est plutôt premium. Une fois installé derrière le volant, le siège se règle automatiquement à la position pré-enregistrée. L’accueil à bord passe également par ce petit écran circulaire qui, installé au centre de la planche de bord, nous accueille avec quelques mots (en chinois, évidemment) et un joli sourire. Cela rappelle un peu les Tamagoshi, ces sortes d’animaux virtuels qui ont fait un véritable carton à la fin des années 90. Baptisé NOMI, celui-ci s’en approche, dansant ou souriant selon ses humeurs (sauf qu’il ne faut pas lui donner à manger et qu’il ne peut, à priori, pas mourir) tout en faisant office d’assistant vocal. Un petit compagnon aussi drôle que parfaitement inutile, mais qui a le mérite d’apporter une touche d’humanité. Une approche intéressante alors que les (vraies) IA sont appelées à s’inviter dans nos autos dans les prochaines années.

Sans pour autant faire l’impasse sur les boutons physiques, notamment au niveau des commandes au volant, Nio centralise les réglages des différentes fonctionnalités de la voiture sur un grand écran central. Moins imposant que celui embarqué à bord d’une Xiaomi SU7, il adopte un format portrait avec 12,8 pouces de diagonale. Une configuration qui n’est pas sans rappeler celle de la Renault Mégane électrique ou même de certains modèles de Mercedes. Comme sur une Tesla, on retrouve différents menus, certains liés à la navigation, d’autres au système multimédia ou au réglage de la voiture. L’ensemble est à la fois clair et fluide.

Cet écran central est complété par une instrumentation numérique. Plutôt riche en informations, celle-ci reprend spécifiquement le système de « scan » des voitures électriques de Tesla, matérialisant les piétons et les voitures qui précédent la voiture.

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En matière de finitions, la Nio ET5 fait un quasi sans faute. La sellerie cuir mauve que l’on retrouve à bord de l’ET5 Touring est tout simplement incroyable et rappelle à quel point les constructeurs chinois ont progressé au cours des dernières années, se rapprochant (et dépassant peut-être) des modèles des constructeurs européens.

Côté technique : transmission intégrale et deux batteries disponibles

Dans la mesure où toutes les infos techniques sont déjà répertoriées dans notre guide des voitures électriques, on ne va pas s’épancher sur les capacités de la voiture de Nio.

Elle est aujourd’hui déclinée en deux versions de batteries, 75 ou 100 kWh pour des autonomies respectives de 456 et 590 km en cycle WLTP (un peu moins pour la version Touring). Elle hérite d’une transmission intégrale avec deux moteurs : le premier sur le train avant offre 150 kW et 280 Nm tandis que le second, à l’arrière, cumule 210 kW et 420 Nm. Au cumul, la puissance atteint 360 kW pour un 0 à 100 km/h abattu en 4,3 secondes en Sport+.

Côté recharge, les deux modèles embarquent un chargeur AC de 11 kW. Pour la recharge rapide en courant continu, la version « Long Range » grimpe à 180 kW là où la déclinaison de base atteint 140 kW. Comme expliqué plus haut, Nio propose également un service d’échange de batteries avec des stations dédiées. Pour en bénéficier, il faudra toutefois souscrire à un abonnement qui dissocie la batterie du reste de la voiture (comme les premières Renault ZOE). On vous explique en fin d’article !

Version Base Long range
Batterie 75 kWh 100 kWh
Autonomie WLTP 456 km 590 km
Puissance 360 kW 360 kW
Couple 700 Nm 700 Nm
Charge AC 11 kW 11 kW
Charge DC 140 kW 180 kW

À préciser que le constructeur a également annoncé en début d’année une troisième batterie. Grimpant à 150 kWh, celle-ci porte l’autonomie portée à plus de 1000 km (en cycle chinois). Pour l’heure, cette version ne semble pas commercialisée sur le marché chinois.

La Nio ET5 dans sa version Touring

Un prix démentiel pour l’Europe

Si Nio annonce depuis quelque temps déjà son intention de se lancer en Europe, force est de constater que cette arrivée reste très progressive. Pour l’heure, le constructeur n’est présent que sur certains marchés européens dont l’Allemagne, la Suède, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas. À ce stade, la France n’est pas encore concernée.

Côté tarif, c’est un peu la douche froide. Contrairement à la réputation “abordable” des voitures chinoises, cette Nio ET5 n’est clairement pas donnée ! Sur le marché allemand*, elle est indiquée à 47 500 € hors options, la version Touring arborant le même tarif. Surtout, ce tarif n’intègre pas la batterie qui pourra être soit achetée, soit louée.

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En cas d’acquisition, il faudra compter 12 000 € de plus pour la version 75 kWh et 21 000 € pour la déclinaison 100 kWh, soit respectivement 59 500 et 68 500 €. Si vous optez pour la solution locative, il faudra respectivement débourser 169 et 289 €/mois. Assez salée, la formule vous permet toutefois d’accéder au réseau d’échanges de batteries de la marque, qui en compte une petite trentaine en Europe, répartie dans les pays où elle est présente.

A titre de comparaison, une Tesla Model 3 est facturée 48 990 € dans sa version grande autonomie à transmission intégrale. De quoi mettre un sérieux coup de frein au développement de cette Nio ET5 sur le marché européen. Dommage…

* Si vous souhaitez aller plus loin dans les équipements, ici le doc de référence (en allemand)