La Commission européenne vient de confirmer la nouvelle : de nouveaux droits de douane sur les voitures électriques made in China seront appliqués à partir du 5 juillet 2024. Mais tous les constructeurs ne seront pas taxés de la même manière. Voilà à quoi doivent s’attendre les consommateurs européens.

Suite à l’enquête anti-subventions au sujet des voitures électriques chinoises, la Commission européenne a décidé d’augmenter les droits de douane aux frontières de l’Union. D’après le communiqué de presse de l’institution, de nouvelles taxes provisoires s’appliqueront à partir du 5 juillet 2024. Des droits de douane définitifs sont attendus pour novembre.

Des droits de douane personnalisés

Jusqu’ici, les constructeurs qui fabriquaient des modèles électriques en Chine devaient s’acquitter d’une taxe de 10 %. À partir de demain, ce taux va être revu à la hausse, mais il ne sera pas le même pour tout le monde.

Dans le cadre de son enquête, la Commission a sollicité les différents constructeurs de l’empire du Milieu. Ils ont été invités à coopérer et à être échantillonnés. Trois fabricants chinois ont d’ores et déjà passé ces deux étapes. Ils connaissent donc leur taux exact. C’est le cas de MG, une marque détenue par SAIC. Les MG électriques vont être taxées à hauteur de 47,6 %. Cela sera 29,9 % pour les véhicules appartenant à Geely (Volvo et Smart) et 27,4 % pour ceux du géant BYD. A noter que les taux ont légèrement baissé par rapport à la première annonce effectuée mi-juin.

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Les autres constructeurs chinois qui ont coopéré à l’enquête mais n’ont pas encore été échantillonnés seront soumis à une taxe moyenne de 30,8 %. Tandis que les entreprises qui n’ont pas coopéré se verront imposer un prélèvement fixe de 47,6 %.

La Chine a injecté 215 milliards d’euros

Ces taxes seront appliquées tant que Bruxelles et Pékin ne seront pas parvenus à un accord. Avec sa Model 3 fabriquée en Chine, Tesla va aussi figurer dans la liste des marques concernées par ces nouveaux droits de douane. La firme américaine a fait une demande pour être échantillonnée et la publication de son taux ne devrait plus tarder.

Les enquêteurs européens ont conclu que le gouvernement chinois avait subventionné son industrie automobile dans des proportions démesurées (environ 215 milliards d’euros). De quoi « causer un préjudice économique aux constructeurs automobiles de l’Union européenne ». C’est pour cette raison que l’Union a décidé de mettre en place cette nouvelle taxe provisoire.

Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne, précise que « nous continuons à discuter avec la Chine pour trouver une solution acceptable ». Selon lui, « quelle que soit la décision finale, elle devra répondre clairement et pleinement aux préoccupations de l’Union européenne et respecter les règles de l’OMC ».

L’Allemagne va tout faire pour trouver un compromis

Un récent rapport de l’Institut Kiel a montré que les droits de douane pourraient contribuer à réduire de 25 % les importations en provenance de Chine. Mais Pékin tente de diviser les États membres, dont les intérêts peuvent parfois diverger. L’Allemagne, le « berceau de l’automobile », fait pression sur la Commission pour tenter de trouver un compromis.

Le plus grand pays d’Europe (en nombre d’habitants) craint pour son industrie et veut à tout prix éviter des représailles pour ses constructeurs. En 2024, la Chine est encore le plus grand marché pour Mercedes, Volkswagen et BMW. Si Pékin venait à augmenter les taxes sur les modèles en provenance du Vieux continent, ce serait un véritable séisme en Allemagne.

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De son côté, le patron de Renault est plutôt favorable à la mise en place de ces nouvelles taxes sur les modèles électriques made in China. Luca de Meo a récemment appelé à une « mobilisation européenne ». Selon lui, la compétition est déséquilibrée. Il estime qu’il y a trop de différences sur les coûts de l’énergie et les salaires entre l’Union et la Chine.