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Il y a environ 200 usines de batteries pour véhicules électriques en construction ou en projet dans le monde. La plupart en Europe. Mais seuls 8 % des équipements et des technologies pour fabriquer ces usines sont d’origine européenne.
Dans un rapport intitulé « Battery Manufacturing 2030 : Collaborating at Warp Speed », des chercheurs du Porsche Consulting et de la Germany Engineering Federation (VDMA) se sont penchés sur l’état du marché des batteries pour les véhicules électriques. En 2024, le secteur des batteries est encore très localisé, principalement regroupé en Chine, avec de grandes entreprises locales qui se développent rapidement pour dominer le marché.
Les leaders du marché sont CATL, Panasonic, Samsung, Gotion, Svolt ou encore SK Innovation. Mais la situation pourrait évoluer au cours des prochaines années. Les auteurs constatent dans leur étude que de nombreux sites de production sont en passe de voir le jour. Environ 200 partout à travers le monde, dont une bonne partie sur le sol européen. Une capacité de 3 800 GWh est sur le point de voir le jour.
À lire aussiUne nouvelle grande usine de recyclage de batteries de voitures électriques ouvre en EuropeÀ première vue, c’est plutôt flatteur pour l’Europe. Toutefois, la réalité est trompeuse. Si de nombreuses usines de batteries vont bien voir le jour en France (comme celle de Verkor à Dunkerque) et dans d’autres pays européens, les entreprises asiatiques (et surtout chinoises) sont à la manœuvre. Pour chacune de ces usines, des technologies de production de plusieurs milliards d’euros sont nécessaires. Et selon l’étude, ces technologies sont majoritairement originaires d’Asie.
On peut lire que « les entreprises chinoises de construction mécanique sont actuellement la référence en tant que fournisseurs complets dans le domaine des batteries pour voitures électriques ». Seuls 8 % des équipements de haute technologie de ces usines proviennent actuellement d’Europe. Une part beaucoup trop faible pour avoir une influence sur le développement technique des batteries à travers le monde.
Les chercheurs estiment qu’il faudrait au moins que cette part de marché soit portée de manière permanente à 20 %. L’étude propose également des solutions possibles pour prévenir la menace d’une dépendance technologique trop forte dans ce domaine. Une idée principale ressort de leurs conclusions : la coopération entre les acteurs européens jouera un rôle décisif pour se défaire des fournisseurs chinois.
À lire aussi« Giga Test Centre » : un centre de tests des batteries pour véhicules électriques ouvre dans le Pas-de-CalaisConcrètement, ce n’est que si les entreprises européennes de construction mécanique parviennent à proposer ensemble des solutions industrielles intégrées qu’elles pourront s’imposer face à la concurrence asiatique. Gregor Grandl, associé principal chez Porsche Consulting et co-auteur de l’étude, estime que « des entreprises chinoises proposent déjà des usines de batteries clés en main ». Et c’est particulièrement vendeur.
L’entreprise qui met sur pied une usine de batteries apprécie ce genre de solutions. Selon les chercheurs, « cela réduit le nombre d’interlocuteurs, ainsi que les délais et les risques de pertes financières pendant la construction ». Autre piste : pour participer à cette course, les chercheurs estiment que les entreprises européennes doivent aussi envisager de travailler avec des tiers, y compris dans le domaine public.
Dans leurs conclusions, les auteurs du rapport estiment que l’industrie européenne de la construction mécanique est bien consciente de sa situation. Si rien ne change, il y a un vrai risque que les fournisseurs asiatiques englobent la totalité du marché. C’est simple, si l’Europe veut maintenir sa part de marché de 8 % (une part déjà particulièrement faible) en tant que fournisseur de technologies pour fabriquer des batteries, un taux de croissance annuel de 33 % serait nécessaire.
Le marché est en pleine effervescence. De nouveaux projets voient le jour régulièrement, mais les capacités de l’Europe semblent limitées contrairement à celles des concurrents asiatiques. Pour atteindre une part de marché de 20 %, comme le préconisent les chercheurs, les fournisseurs devraient « croître plus rapidement que le marché ». Ce qui semble totalement inenvisageable. Une augmentation des ventes d’environ 50 % par an serait nécessaire pour atteindre cet objectif.
À lire aussiACC : le géant français de la batterie pour les voitures électriques sécurise 4 milliards d’eurosEnfin, les chercheurs précisent que le volume du marché pour les fabricants de machines et d’installations dans le secteur des batteries s’élèvera à 300 milliards en 2030. Les fournisseurs européens ont encore un coup à jouer, mais il faut se réveiller maintenant.
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