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En comptant les modèles à batterie nickel-cadmium, on peut dire que Renault produit des Kangoo électriques en version 5 places depuis un peu plus de 20 ans. Si l’autonomie a bien progressé, est-elle enfin satisfaisante aujourd’hui pour transporter une famille avec 2 ou 3 enfants pour toutes ses activités ?
Vingt ans de Kangoo 5 places électriques : Renault détiendrait-il en France le record de longévité pour les ludospaces branchés ? Ses potentiels concurrents Peugeot Partner et Citroën Berlingo n’existaient encore de série qu’en utilitaires au tout début des années 2000. Reposant sur la base du Maxi Z.E., le Kangoo électrique de deuxième génération était toutefois considéré comme un utilitaire, donc pas vraiment un ludospace.
Il le redevient en intégrant la famille E-Tech, et retrouve des dimensions plus conformes à un usage familial : 4,49 x 1,86 m, pour une hauteur de 1,89 m. Quel que soit son millésime, l’engin à batterie a toujours chipé la plateforme sur laquelle repose les modèles thermiques du moment.
A proximité de la pompe à chaleur, le moteur à rotor bobiné et à balais est à rechercher sous le capot. Il active les roues avant avec une puissance de 90 kW (120 ch), pour un couple maximal de 245 Nm. Il est alimenté par une batterie lithium-ion de type NMC (nickel, manganèse, cobalt) d’une capacité énergétique de 45 kWh utiles. Ce qui nous apparaît d’emblée assez chiche.
Seulement deux niveaux de finition s’affichent sur le catalogue en ligne : Equilibre et Techno. C’est le haut de gamme que nous avons pu essayer. Son nom développé : Renault Kangoo E-Tech EV45 DC 80 kW. Vous aurez sans doute déjà associé à juste titre le « 45 » à la batterie. Du reste on en déduit que l’engin est doté de la recharge rapide en courant continu avec une puissance pouvant grimper jusque 80 kW.
De série, le ludospace est livré avec une robe blanc minéral, troquée pour nous contre un effet rouge carmin métallisé facturé 650 euros. Avec la finition Techno, il est possible, comme sur le Kangoo à notre disposition, et à la place du 16 pouces imposé sur l’Equilibre, d’obtenir ces jantes alliage Verestre en 17 pouces. Elles sont montées en pneus Continental EcoContact 6 de dimensions 205/55. Notre exemplaire bénéficie à l’avant de blocs optiques Led.
Lorsqu’il est déployé, l’immense hayon peut se révéler très pratique pour grignoter ou boire un café au sec et debout à l’abri de la pluie. Derrière lui se cache un volume de 850 litres, sous la tablette qu’il est possible de faire glisser astucieusement contre le dossier de la banquette. Les chiffres grimpent alors à 950 l. Pour comparaison, les versions essence et diesel en offre davantage : 1 200 l.
Pareil en configuration 2 places : 2 500 contre 2 800 l, et même 3 500 l en rabattant le siège du passager avant, ce qui n’est par permis sur la déclinaison E-Tech. Cette différence de volumes est due au pack lithium-ion placé sous les sièges arrière et la zone de coffre. Ce qui a imposé de relever le niveau du plancher.
Le seuil de chargement demeure cependant très bas, facilitant, par exemple, la montée d’un landau ou de vélos. A noter qu’une fois rabattu le dossier en 2 parties de la banquette, le plancher ne sera pas plat de bout en bout. Un coffre additionnel peut être ajouté sur le toit. Le ludospace est aussi capable de tracter une remorque freinée jusque 1 500 kg, et 750 si elle ne l’est pas. Renault propose une rotule d’attelage qui se démonte rapidement et sans outil. Le pré-équipement avec précâblage est facturé 300 euros en option.
A l’arrière, l’accès à bord est facilité par les deux portes coulissantes latérales. L’espace aux jambes est particulièrement généreux, d’autant plus qu’il est possible de reculer ou d’avancer sur 14 cm la banquette fractionnable en 2/3-1/3. En revanche l’assise est trop proche du plancher, relevant les genoux de façon pas vraiment agréable pour les adultes.
Avec toute la hauteur disponible sous le pavillon, la banquette aurait pu être surélevée pour davantage de confort. A noter que l’inclinaison des dossiers n’est pas réglable. Pour un véhicule qui cible les familles, il est dommage de ne trouver que deux fixations Isofix afin d’installer des sièges destinés aux tout jeunes enfants.
La finition techno apporte des vitres électriques qui descendent presque jusqu’en bas, à la place d’une ouverture par entrebâillement avec compas. Pour le confort, les trois passagers ont à leur disposition de petits espaces de rangement dans les contreportes et en aumônières, deux tablettes façon avion de ligne à déployer depuis les dossiers des sièges avant, deux buses de ventilation, et trois prises (deux USB + une 12 V).
Grimper aux places à l’avant s’effectue par de grandes portes qui s’ouvrent à 90 degrés, facilitant l’accès aux personnes à mobilité réduite. En tout, le Kangoo offre 49 litres de rangements répartis un peu partout dans l’habitacle. Notamment avec la capucine disponible au dessus des têtes du conducteur et du passager assis à sa droite, la grande boîte à gants s’ouvrant en tiroir, la profonde soute sous l’accoudoir, et la trappe derrière l’afficheur d’instrumentation qui abrite la prise 12 V et deux USB.
Une fois installé au volant, on remarque de suite la modernité du tableau de bord due en partie à l’afficheur numérique bien lisible et spécifique aux modèles électriques. Situé sous le levier de sélection de marche, le chargeur à induction pour smartphone est une option à 200 euros, et un support additionnel pour cet appareil coûte 100 euros.
Pour obtenir le système de navigation sur l’écran central Easy Link 8 pouces, il faut débourser 500 euros de plus. Il est toutefois possible de s’en passer grâce à la compatibilité Apple CarPlay et Android Auto en Bluetooth.
Le modèle que nous essayons bénéficie d’une sellerie chauffante avec réglage en hauteur aussi bien pour le conducteur que pour le passager. Une dotation que nous ne retrouvons sur le site du constructeur lors de la rédaction du présent article (16 décembre 2022). La brochure n’est pas non plus un modèle d’information. Les épais sièges se montrent d’emblée confortables. Davantage de maintien latéral aurait été apprécié.
La carte d’accès et de démarrage mains libres proposée avec la finition Techno facilite l’utilisation du Renault Kangoo E-Tech. Avant d’effectuer nos premiers tours de roues avec lui, nous réglons le volant en hauteur et en profondeur.
« Le levier n’est pas d’une précision extrême. Il n’est pas facile à manipuler avec ses crans très marqués ». La caméra de recul, une excellente visibilité procurée par les grands rétroviseurs extérieurs et la lunette du hayon, ainsi qu’un diamètre de braquage correct à 11,11 m aident à effectuer les manœuvres. Les ralentisseurs qui se présentent rapidement à nous montrent la souplesse de la suspension à basse vitesse. Avec une garde au sol de 16 cm, le véhicule peut évoluer au besoin et sans trop de craintes sur les chemins forestiers.
La vitesse maximale du Renault Kangoo E-Tech est de 135 km/h. Elle tombe cependant à 110 km/h avec le mode de conduite Eco, tandis que la puissance est bridée à 56 kW : « Ca marche pas mal quand même. Comme avec tous les modèles électriques, on a un couple immédiat. Pour un usage quotidien, ça suffit ». Sur revêtement dégradé, la suspension filtre plutôt bien. En revanche, déjà en roulant tranquillement, les bruits de roulement sont relativement élevés.
En revenant à un mode de conduite normal, la voiture se fait un peu plus réactive. Le Losange communique sur une durée de 12,6 secondes pour boucler le 0 à 100 km/h. « La suspension est plutôt bien calibrée, pas rebondissante. Le véhicule ne se vautre pas complètement dans les virages, même s’il prend un peu de roulis. C’est tout à fait raisonnable en termes de comportement. Ce n’est pas vraiment une surprise car les Renault sont plutôt bien amorties ».
Concernant le freinage mécanique, l’amplificateur assez marqué est rassurant. Pour jouer sur la puissance de la régénération, il suffit d’actionner sur la droite le levier de marche. Trois niveaux sont accessibles, sans jamais aller jusqu’à l’immobilisation du véhicule : « Ca rampe un tout petit peu, comme sur le Nissan Ariya ».
A 110 km/h, les bruits d’air sont bien présents sur ce véhicule assez haut. C’est avec une certaine placidité que le Renault Kangoo E-Tech passe de 90 à 130 km/h, pied au plancher. Un exercice à ne pas reproduire souvent pour ne pas griller inutilement une autonomie plutôt serrée quand on évolue sur autoroute. Le constructeur annonce 285 km en cycle mixte WLTP, sans compter les équipements susceptibles de l’abaisser.
Lors de son essai par 1° C, Maxime Fontanier a enregistré une consommation moyenne de 25,8 kWh. Dans ces conditions, le rayon d’action fond à un peu moins de 175 km en frisant la panne d’énergie. « La batterie de 45 kWh est un peu juste pour un véhicule familial, et la consommation est relativement élevée au regard des performances ».
Imaginez ce que ça peut donner avec une remorque attelée. Bref, il vaudra mieux se servir de ce véhicule pour les multiples petits trajets du quotidien qu’une famille avec 2 ou 3 enfants peuvent cumuler.
Entre nos mains, le Renault Kangoo E-Tech EV45 DC 80 kW offre la meilleure configuration au catalogue pour la recharge. Dans les stations Ionity où les chargeurs peuvent donner jusque 350 kW de puissance en courant continu, il faudra cependant se contenter d’un maximum de 80 kW suffisant avec une batterie 45 kWh. Retrouver 80 % d’énergie en partant d’un niveau de 20 % ne devrait pas prendre plus de 30 minutes dans des conditions normales.
A noter que le câble de recharge domestique est en option à 300 euros. La présence d’un chargeur 22 kW AC est un véritable plus, car il permet d’exploiter au mieux les bornes largement implantées dans l’espace publique. C’est en tout cas beaucoup mieux que les 11 kW AC des modèles d’entrée de gamme qui sont privés de la recharge rapide.
Pourtant, même là, on ne peut que constater le progrès réalisé en 20 ans. Au début des années 2000, il fallait se contenter de 3,6 kW de puissance à la prise, et d’une autonomie au mieux de 90 km… à condition d’avoir le pied très léger sur l’accélérateur et de bénéficier de conditions météorologiques exceptionnelles.
En entrée de gamme Equilibre, le Renault Kangoo E-Tech démarre la grille tarifaire à 37 500 euros. Avec la finition supérieure Techno, il faut prévoir 40 800 euros. Dans les 2 cas, pour disposer du chargeur 22 kW AC et des 80 kW DC, ajoutez 1 400 euros. Avec la peinture métallisée et le chargeur de smartphone par induction, l’exemplaire que nous avons essayé dépasse les 43 000 euros.
« Ca commence à être très très cher pour un véhicule familial à l’autonomie aussi limitée. Pour comparaison, une version Techno 95 dCI diesel coûte 28 800 euros. Même avec le bonus écologique de 6 000 euros, le gap est important et le passage à l’électrique difficile à rentabiliser ».
En outre, pour bénéficier du régulateur de vitesse adaptatif si pratique dans les ralentissements urbains, vous avez le choix entre le pack Easy Drive à 650 euros qui apporte aussi le système actif de surveillance d’angle mort, et l’Advanced Driving Assist facturé 1 200 euros et comprenant des fonctionnalités supplémentaires de conduite autonome. Ce dernier est sans doute très peu utile avec un engin si peu taillé pour les autoroutes.
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