Après une première partie dédiée aux consommations et performances, on passe la Tesla Model 3 Grande Autonomie à l’épreuve des longs trajets !

Pour son passage au Supertest Automobile Propre, la Tesla Model 3 Grande Autonomie a révélé tous ses secrets, et plus particulièrement ses consommations exceptionnellement basses : quel que soit l’exercice, elle est montée sur la première marche du podium en matière de consommation et donc d’autonomie avec sa batterie de près de 75 kWh de capacité utile. Et c’est surtout le cas lors de notre long trajet exclusivement autoroutier, loin d’être favorable, où elle nous a impressionné avec un appétit de 17,8 kWh/100 km. Il ne nous restait plus qu’à savoir comment se déroulent les recharges rapides, l’objet de cette seconde partie.

À lire aussi Essai – Tesla Model 3 Grande Autonomie : les consommations et autonomies mesurées de notre Supertest

Tesla Model 3 Grande Autonomie : rappel de nos mesures

Nous avons publié la semaine dernière la première partie de ce Supertest. Voici un très bref rappel des chiffres :

  • Parcours mixte : 13,8 kWh/100 km – 543 km
  • Longue distance : 17,8 kWh/100 km – 421 km
  • Eco-conduite : 9,7 kWh/100 km – 773 km

Courbe de recharge rapide de la Tesla Model 3 : un plein utile en 33 minutes

Pour faire le plein d’électrons, la berline américaine annonce un pic de recharge rapide de 250 kW. Une valeur très élevée pour une voiture électrique qui fonctionne sous une tension 400 V, qui se situe entre celle d’une Hyundai Ioniq 6 et d’une Audi e-Tron GT, toutes deux basées sur une architecture 800 V. Cependant, elle est la preuve parfaite que les pics annoncés par les constructeurs sont à prendre avec des pincettes !

Car, pour bénéficier de ce pic de puissance, il faudra impérativement brancher la voiture avec un taux de charge bien inférieur à 10 %. Pire encore, lorsque cette puissance est atteinte (nous l’avons observé une seule fois malgré nos différentes recharges rapides), elle n’est disponible que sur une poignée de secondes. C’est ce que nous avons remarqué lors d’une recharge complète (2->100 %) sur un Supercharger V4 de la marque. Dès lors, la courbe de recharge ne présente pas de plateau, et prend la forme d’une pente linéaire jusqu’à la fin de l’exercice. À 80 % de charge, la Model 3 encaisse 47 kW. Branchée dès 10 % sur trois bornes différentes, la berline n’a ainsi jamais pu atteindre le pic annoncé.

Dans tous les cas, cela se traduit par un temps de 33 minutes pour faire le plein de 10 à 80 % de charge, que ce soit sur un Supercharger ou sur une borne d’un autre réseau. En fonction de l’énergie facturée par les bornes, cela équivaut à une puissance moyenne de 106 kW, inférieure à celui de ses concurrentes déjà mesurées par Automobile Propre. La berline américaine ne fait donc pas mieux qu’une MG 4 Luxury ou qu’une BYD Seal, pourtant très prudente avec sa batterie ! Et l’écart de -58 % par rapport au pic annoncé, qui suppose donc de bonnes performances, fait figure de lanterne rouge dans notre base.

Courbe de recharge type
10 à 80 %  80 à 100 %  10 à 100 %
Temps de recharge (en min) 33 39 72
Autonomie gagnée (en km) 295 84 379

La fin de la recharge est tout aussi commune, avec 39 minutes de plus pour atteindre les 100 %, ce qui porte l’immobilisation totale à 1 h 12. Rares seront les utilisateurs à faire le plein complet sur un long trajet, certes, mais il se doit d’être mesuré, comme nous le faisons avec chaque voiture. Bref, d’un point de vue strictement technique avec chiffres à l’appui, la recharge rapide de la Model 3 n’impressionne pas et fait moins bien que ses concurrentes.

Un préconditionnement systématique sur la route

La Tesla Model 3 est équipée en série d’un système de préconditionnement de la batterie. Pour tout comprendre sur cette fonction, vous pouvez retrouver notre sujet technique ainsi que nos mesures exclusives. Lors de notre essai, nous avons remarqué que le système de préconditionnement de la batterie se lançait très régulièrement, voire systématiquement, à l’approche d’une station de recharge rapide renseignée dans la navigation embarquée. Et ce, même lorsque les conditions météos et de roulage ne l’exigeaient pas forcément.

 

Et la raison est simple : pour pouvoir catapulter au mieux ses recharges, la berline vise une température cible de près de 42 °C d’après nos estimations. Une valeur de départ particulièrement élevée, de loin la plus importante dans notre base. Ce qui signifie qu’il n’est pas rare de voir la batterie approcher des 50 °C dans les minutes qui suivent après le raccordement. Pour mettre en perspective, on a remarqué que la plupart des systèmes de préconditionnement se coupent dès que la batterie atteint de 25 à 30 °C. Aussi, lors d’une recharge rapide, nous n’avons jamais enregistré une température supérieure à 52 °C, comme cela a été le cas avec une Audi e-Tron GT en été, ou une Maserati GranTurismo Folgore au printemps, deux voitures qui encaissent de très fortes puissances.

Dès lors, le système se met très régulièrement en route pour pouvoir atteindre cette température élevée, ce qui se traduit très logiquement par une surconsommation systématique. Mais celle-ci n’est pas toujours importante. Lors d’un test par une température extérieure de 10/11 °C le dispositif a avalé près de 3 % de charge, sur 20 minutes (23 km) de fonctionnement. Soit près de 2 kWh pour faire grimper la température de la batterie de près de 18 °C. Pour rappel, une Volkswagen ID.7 a consommé 1,6 kWh en 22 minutes pour réchauffer la batterie de 10 °C. Lors d’un long trajet sur autoroute avec une température extérieure de 16 °C un autre jour, on a noté 0,7 % de charge consommée, soit près de 0,5 kWh pour un gain de 4 °C. Dans les deux cas, le système s’est lancé 20 minutes avant l’arrivée estimée devant la borne de recharge rapide.

Autonomie récupérée : 282 km en 30 minutes

Comme toujours, nous ne résumons pas la recharge rapide qu’avec le chrono en main. La prise en compte de l’autonomie récupérée sur une période donnée est une réalité à ne pas oublier. Grâce à son efficience record sur notre base, la Tesla Model 3 Grande Autonomie remonte en haut du classement. Elle peut ainsi reprendre près de 180 km en 15 minutes (seules les Coréennes et Audi e-Tron GT font mieux dans nos fiches), puis 280 km en une demi-heure, juste derrière la Hyundai Ioniq 6 et ses 300 km récupérés en 30 minutes.

Autonomie récupérée
Temps de recharge (en min) 15 30 45 60
Autonomie gagnée (en km) 181 282 337 366

Coût des recharges de la Tesla Model 3 Grande Autonomie

De 10 à 80 % de charge, les bornes ont facturé en moyenne 58,43 kWh. L’écart de près de 12 % entre l’énergie débitée par les bornes et ce que la voiture est censée recevoir sur cette tranche est élevé. D’après nos données, la moyenne se situe à 6,7 % ! Reste que son efficience permet de maintenir le coût d’utilisation au plus bas. Ainsi, en prenant en compte un prix moyen de 0,59 €/kWh sur l’autoroute et en appliquant la même formule de calcul qu’avec les autres voitures, le coût d’utilisation n’est que de 11,7 €, le plus abordable que nous avons calculé jusqu’à ce jour. Les Superchargers Tesla ont aussi l’avantage d’être plus abordables en fonction des stations et du moment de la journée. Au coût unitaire moyen de 0,40 €/kWh, le coût d’utilisation tombe alors à un peu moins de 8 €/100 km sur l’autoroute. Aucune voiture thermique ne se montre aussi avantageuse dans ces conditions.

Nous rappelons encore une fois que ce prix unitaire sert uniquement de base de calcul pour chiffrer les pertes à la recharge et établir une hiérarchie, et que le coût de revient réel dépendra donc des prix pratiqués par les réseaux sélectionnés, avec ou sans abonnements respectifs, ainsi que des solutions de recharge avant et après le trajet.

Temps de trajet pour 500 km : 4 h 39

Pour voyager sereinement, la Tesla Model 3 est équipé d’un planificateur de trajet qui n’a plus ses preuves à faire, malgré une tendance pessimiste dans ses planifications. C’est ce que nous avons expérimenté une nouvelle fois sur ce trajet, où le système voulait nous faire sortir de l’autoroute pour rejoindre un Supercharger avec un taux de charge de 27 %. Non seulement la recharge n’aura pas été aussi rapide, mais nous aurions perdu inutilement du temps en prenant une sortie.

Nous avons donc fait une nouvelle fois confiance à nos connaissances sur l’autoroute A6 entre Lyon et Paris, ainsi qu’à l’autonomie de la voiture permettant de repousser au maximum les arrêts recharge. Ainsi, nous avons effectué un seul ravitaillement, après une première étape de 393 km, à une vitesse moyenne de 120 km/h ! Jamais nous n’avons roulé aussi loin et aussi longtemps. Nous avons ensuite compté seulement 15 minutes avant de pouvoir reprendre la route et passer la ligne d’arrivée avec près de 20 % de charge restante, comme défini par notre protocole. Ajouté au temps de conduite habituel de 4 h 20 et un forfait de quatre minutes par arrêt, cela porte le temps de trajet total à 4 h 39. Si on s’amuse avec les petits chiffres, elle chipe la première place à la Hyundai Ioniq 6 dans notre base (4 h 41).

À noter que si nous avions décidé de suivre les indications du planificateur, nous aurions dû patienter près de 23 minutes devant la borne selon nos estimations basées sur de précédentes recharges. En prenant en compte la sortie de l’autoroute (8 min. A/R selon Google), la berline aurait bouclé le trajet, on insiste sur le conditionnel, en près de 4 h 50, soit autant qu’une BYD Seal ou qu’une Cupra Born. Une valeur tout à fait respectable quand même.

Supertest Tesla Model 3 Grande Autonomie : le bilan

Attendue de pied ferme pour se frotter à notre protocole de mesure, la nouvelle Tesla Model 3 Grande Autonomie a tout raflé sur son passage. Elle est montée sur la plus haute marche du podium en matière d’efficience et d’autonomies mesurées, et joue des coudes avec la Hyundai Ioniq 6 avec le meilleur temps de trajet de 500 km par l’autoroute. Pour ne rien gâcher, elle se montre aussi comme l’une des voitures les plus performantes dans notre base ! En revanche, son temps de recharge rapide et sa puissance moyenne n’ont vraiment rien d’exceptionnels, surtout après la lecture de la fiche technique bien trop prometteuse.

ET si on pourrait pester contre sa vision de l’ergonomie et quelques bizarreries électroniques, le bilan est sans appel : c’est une voiture bonne à tout faire, dotée d’une incroyable polyvalence. Et elle se permet même l’insolence d’un prix défiant toute concurrence avec, à l’heure où nous écrivons ces lignes, un chèque de 48 990 € à signer pour cette version Grande Autonomie. Seule la BYD Seal Excellence AWD s’affiche au même tarif, mais son autonomie globale et, surtout, ses performances en matière de recharge rapide, sont bien plus discutables.

On se retrouve à la rentrée pour une nouvelle série de Supertest, avec quelques surprises.

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