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Après avoir décliné des motorisations hybrides rechargeables sur les gros Range Rover et Range Rover Sport, Land Rover décline maintenant la formule sur leur petit frère, le Range Rover Evoque. Une nouvelle motorisation qui devrait s’avérer salutaire pour un modèle jusqu’ici affecté d’importants malus.
Qu’il semble loin le temps où le premier Range Rover Evoque était la coqueluche des beaux quartiers. Car si ce très chic SUV compact n’a rien perdu de sa prestance, il subit de plein fouet une fiscalité assassine. Malgré le lancement d’une deuxième génération au printemps 2019, avec des motorisations adoptant une hybridation légère, l’Evoque n’est pas parvenu à diminuer suffisamment ses émissions de CO2. Car il reste excessivement lourd pour la catégorie des SUV compacts. La faute à une plateforme présentée comme nouvelle, mais qui n’est en fait qu’une adaptation de la précédente génération. À l’heure où tous les rivaux s’adaptent, le Britannique devait faire de même, en adoptant d’un côté des motorisations compatibles à l’éthanol, mais aussi et surtout une très attendue version hybride rechargeable.
Dans la catégorie, la règle est la discrétion : pas question de montrer outrageusement que la motorisation est hybride rechargeable. En cela, le Range Rover Evoque P300e suit la tendance des BMW X1 xDrive25e, Volvo XC40 T5 Recharge et Mercedes-Benz GLA 250e. Impossible de déceler la présence d’un deuxième moteur électrique ou presque : seule une deuxième trappe de recharge, symétrique de la trappe à essence, trahit la nouveauté.
Lancée il y a deux ans, la deuxième génération de Range Rover Evoque reprenait les grandes lignes du style qui a fait le succès de la première mouture. Désormais uniquement disponible en carrosserie cinq portes (la version trois portes appelée « coupé » et le cabriolet n’ont pas été reconduits faute de ventes suffisantes), il est avant tout reconnaissable à ses poignées de porte encastrées, reprises de son grand frère le Velar. Le gabarit demeure compact, avec une longueur contenue à 4,37 m, et il reste possible de choisir un toit de couleur contrastée. Dans la catégorie, l’Evoque tient toujours le rôle de bourreau des cœurs.
À l’intérieur, l’ambiance épurée est fortement inspirée de celle du grand frère Velar. Comme sur ce dernier, les finitions haut de gamme adoptent un triple écran. Un pour le combiné d’instruments, un au centre (qui se redresse au démarrage pour éviter les reflets), pour le système d’infodivertissement, et un troisième qui fait office de console centrale. C’est sur ce dernier qu’il est possible de choisir les modes de conduite, ainsi que d’enclencher la fonction « Save », qui maintient le niveau de charge dans la batterie. Par contre, c’est à l’étage supérieur que l’on peut surveiller en temps réel les flux d’énergie. Tout cela est un peu complexe, mais s’avère finalement relativement logique à l’usage.
Land Rover a une réputation à tenir en ce qui concerne les capacités en tout-terrain. Pas question donc de déroger à la transmission intégrale. Comme sur les BMW X1 xDrive25e et Jeep Compass 4Xe, c’est un moteur électrique (de 109 ch) placé sur les roues arrière qui assure une transmission intégrale sans lien mécanique. Le constructeur annonce une autonomie en mode tout électrique de 55 km, grâce à une batterie de 15 kWh.
Implantée sous le plancher au niveau de la banquette arrière, cette batterie peut être rechargée en courant alternatif avec une puissance maximale de 7 kW. Plus rare, et c’est une caractéristique partagée avec le Mercedes-Benz GLA 350e, il est aussi possible de brancher cet hybride sur une borne rapide avec un port CCS Combo, qui autorise jusqu’à 32 kW.
Côté thermique, l’Evoque fait évidemment appel à un moteur de la famille Ingenium, développée par Jaguar – Land Rover. Il s’agit en l’occurrence d’un trois-cylindres essence de 1,5 litre, inconnu jusqu’ici chez nous même s’il est proposé sur d’autres marchés. À bord de l’Evoque hybride rechargeable, il développe 200 ch, pour une puissance totale cumulée avec le moteur électrique de 309 ch. Il est associé à une boîte automatique à huit rapports Aisin. Un alternodémarreur permet d’assurer la transmission intégrale, en envoyant du courant sur le train arrière, même lorsque la batterie est vide. Une configuration somme toute assez classique.
Comme chez Jeep, le moteur électrique arrière a été optimisé pour offrir la meilleure motricité à basse vitesse, en vue d’assurer une certaine sérénité en conditions difficiles. Et ça marche plutôt bien ! Le revers de la médaille, c’est qu’il s’essouffle vite. Au-delà de 60 km/h, les reprises deviennent molles en mode électrique, un phénomène auquel la masse importante (2 082 kg) n’est pas étrangère. Autre conséquence : l’autonomie en mode électrique s’épuise très vite. Difficile d’espérer parcourir plus de 30 km sans réveiller le trois cylindres, chose qui n’est possible que jusqu’à une vitesse de 135 km/h.
Comme le moteur électrique ne profite pas d’une boîte de vitesses, il semble également assez peu présent aux allures routières et autoroutières en mode hybride. Heureusement, le trois cylindres affiche une belle santé pour un si petit moteur. Mais, en aucun cas, on a l’impression de relances en ligne avec les 309 ch revendiqués par la fiche technique. Un 3008 HYbrid4 se révèle nettement plus vigoureux (à condition d’avoir chargé la batterie). Pour disposer du boost à tout moment, l’Evoque P300e conserve toujours un tampon de charge, même lorsque l’ordinateur de bord affiche une autonomie de 0 km. Mais, lors d’une montée de col par exemple, il est possible d’épuiser les dernières ressources.
La consommation apparaît décevante : 11 l/100 km sur autoroute et plus de 13 l/100 km lors de notre itinéraire, certes très vallonné, dans le nord des Alpes. Voilà qui est malheureusement en ligne avec ce que l’on constate sur les autres versions de ce modèle.
Les reprises ne sont guère impressionnantes, et la boîte de vitesses peine parfois à rétrograder au moment de doubler ou en sortie d’épingle. On l’aura compris, malgré un châssis raisonnablement agile, l’Evoque P300e n’est pas conçu pour les spéciales de rallye. En conduite tranquille, il révèle par contre une belle douceur, et un silence remarquable. Dommage, le train arrière souffre d’un amortissement perfectible et la suspension pilotée des Evoque essence et diesel est indisponible sur l’hybride rechargeable.
Avec son look si particulier et un raffinement au-dessus du lot, le Range Rover Evoque se distingue dans la catégorie des SUV compacts. Son hybridation sauve l’honneur, en éliminant malus et TVS, tout en assurant des prestations décentes hors du bitume. Pour une véritable sobriété par contre, on repassera.
Proposé à partir de 52 550 €, l’Evoque P300e ne semble pas si excessif à première vue. Mais la facture monte très, très vite avec le jeu des options et finitions.
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