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J’ai profité de mon passage sur l’île de La Réunion pour tester le comportement de la ZOE sur les routes de l’île. Voici mon compte-rendu…
Il n’y avait pas meilleur jour que celui d’une grève des stations-services pour tester la mobilité électrique. En ce 10 décembre 2013, les gérants des points de distribution de carburant protestent contre un projet de loi régulant leurs marges bénéficiaires. Pour rejoindre la concession de Saint-Pierre qui a acceptée de me prêter une ZOE pour la journée, je dois traverser d’impressionnants embouteillages qui se sont formés en amont des rares stations encore ouvertes. Des files entières d’automobiles assoiffées qui s’étalent à même les trottoirs. Notre dépendance au pétrole prend pleinement son sens aujourd’hui, d’autant plus en milieu insulaire.
Avant d’arpenter les routes de l’île, un vendeur me briefe à l’intérieur même de la ZOE Intens, parquée sous un soleil de plomb. Dans l’habitacle, la température est, au ressenti, proche de 50 degrés. L’employé me rassure « il y a possibilité de programmer la climatisation lorsque le véhicule est branché, afin de le récupérer frais et complètement rechargé le matin ». Utile, car ici le soleil se lève autour de 5h30 en été, et sur le littoral, la température reste élevée même la nuit.
Sur cette première partie de l’essai, j’entreprends de rejoindre La Plaine des Sables, à 2300m d’altitude, depuis Saint-Pierre, au niveau de la mer. Le célèbre site volcanique est séparé de 42 kilomètres de la sous-préfecture. Le tracé est exclusivement composé de raides montées. Sur voie rapide les 10 premiers kilomètres, puis route nationale à deux voies et enfin route forestière les 20 derniers kilomètres.
Avant de donner le premier coup d’accélérateur, je réinitialise l’ordinateur de bord. L’autonomie est estimée à 121km. Je régule la vitesse à 70km/h dès l’arrivée sur la voie rapide, limitée à 110km/h. La déclivité est immédiatement importante, rares sont les véhicules circulant à la vitesse limitée. Arrivé sur la ville du Tampon, ou la « quatre-voies » s’interrompt pour une route à 2×1 voie classique, les embouteillages provoqués par la grève des pétroliers sont toujours présents. Ils ont pris de l’ampleur avec l’effet conjugué du rush matinal.
Un coup d’oeil sur le R-Link pour connaître les premières statistiques. La consommation moyenne est pour l’instant de 43kwh/100, 2kwh utilisés, et l’estimation d’autonomie a chuté à 65km. J’ai parcouru 6 kilomètres et l’altitude est déjà de 600m. Dans les encombrements, quelques automobilistes jettent un regard curieux sur la ZOE. Un d’entre eux m’interpelle au sujet de l’autonomie et des moyens de rechargement. Si l’autonomie « d’environ 120km », ne semble pas le déranger, la nécessité d’installer une wallbox « autour de 800€ » le rebute. L’absence de câble de recharge domestique est véritablement le talon d’Achille de la ZOE.
Les bouchons se résorbent après la traversée de la ville du Tampon, et la vitesse est désormais limitée à 70km/h et 50km/h sur certaines portions. Les virages se multiplient, et la consommation reste importante ; 10kw instantanés à 25km/h. À noter que la climatisation n’a jamais été activée depuis le départ. Si elle est presque indispensable sur le littoral, dès que l’on gagne de l’altitude, la température devient rapidement supportable.
Sur la route nationale, le régulateur de vitesse est placé à 56km/h, ce qui induit une consommation instantanée de 30kw en pointe. Arrivé à 1230m d’altitude, la route diverge. Il faut désormais emprunter une route forestière sinueuse aux déclivités très prononcées. L’estimation de l’autonomie à chuté à 35km, et il reste 21km à parcourir. La marge est courte, mais si les batteries sont trop faibles, il suffit de faire demi-tour et de se laisser propulser par la gravité jusqu’au littoral.
La vitesse est limitée à 40km/h jusqu’à La Plaine des Sables. La ZOE traverse dans un faible bruissement les forêts et splendides paysages d’altitude. Les virages en épingles sont entamés avec une souplesse et un confort déconcertants. Conduire un véhicule électrique dans un tel cadre est un réel plaisir… parfois interrompu par le passage de thermiques à bout-de-souffle.
Après 20 kilomètres de route de montagne, je parviens au sommet du rempart qui domine la Plaine des Sables. Malheureusement, le brouillard masque un paysage exceptionnel. Habituellement, le belvédère permet d’observer une plaine volcanique aux allures martiennes. C’est d’ailleurs ici qu’une publicité pour la Renault Mégane a été tournée en 2002 (à revoir ici). Sur le parking du point de vue, un homme fièrement accoudé sur le toit d’un Scénic de location, lance une remarque après avoir observé la ZOE à distance. « Ça arrive à monter les côtes ces machins-là ? ». Les préjugés ont la vie longue.
Je me remets aux commandes du « machin-là » afin de descendre le rempart, haut d’une centaine de mètres, et parvenir au cœur de la Plaine des Sables. Sur place, les statistiques finales du trajet m’indiquent qu’il reste encore 7kwh dans la batterie. Et la note d’éco-conduite est surprenante ; 99/100 !
En remontant le rempart, je désactive le mode éco, et teste une accélération. Elle est foudroyante alors que la déclivité est prononcée. La consommation instantanée plafonne à 67kw, la puissance maximale du moteur. Passé l’obstacle naturel, le tracé de la route est descendant, et permet de recharger jusqu’à Saint-Pierre. En moyenne, le frein moteur génère 10kw, avec des pointes à 40kw. Il est si bien dosé qu’il n’a fallu accélérer qu’à trois reprises sur les 42km du trajet.
Arrivé à la concession Renault de Saint-Pierre, point de départ, mais aussi halte recharge indispensable avant de repartir sur les routes en direction de Saint-Denis, j’observe les statistiques atypiques du trajet. 0,1 kwh/100 de consommation moyenne, pour… 0 kwh consommés, 6 kwh « économisés », et 32 kmh de vitesse moyenne. Il reste 48% de batterie. Une demi-recharge a donc suffit pour arpenter un dénivelé de 2300m sur un parcours total de 84 kilomètres.
Mais la performance la plus compliquée à réaliser ne se trouve pas dans la conduite…
La borne de recharge de la concession de Saint-Pierre se trouve dans l’atelier de réparation. Il s’agit d’un boîtier Schneider réservé au garage mais dont on m’a garanti l’accès. Sur place, il est pourtant impossible de l’utiliser. Un enchevêtrement de véhicules en maintenance empêche de m’y brancher. Au premier plan, le SUV d’un client en train d’établir un devis, puis une Clio en plein « recalibrage », impossible à déplacer dans l’immédiat, précédée par deux 4×4 capot grand-ouvert stationnés au pied du boîtier.
Je tente de trouver une solution avec les mécaniciens au demeurant très sympathiques, mais en vain. Le temps presse, je décide donc d’aller voir l’administration afin de savoir s’il existe d’autres moyens de recharger dans la ville. On m’indique la présence d’une borne dans le parking souterrain d’un centre commercial récent, à quelques kilomètres d’ici. Je m’y rends en vitesse, mais après avoir fait trois fois le tour du parking, je ne vois aucune borne. Je me renseigne auprès de l’accueil du centre, qui évoque avoir « entendu parler » d’un projet d’installation, mais ne dispose pas davantage d’informations.
Je retourne donc à la concession, ou je n’ai plus d’autre choix que d’attendre la fin des opérations de maintenance sur la Clio. Mais en déambulant dans l’atelier, je trouve un moyen d’accéder à la borne, en faisant serpenter la ZOE entre les véhicules en réparation. Une opération digne d’une partie de Tetris. Je parviens à tendre le câble entre la borne et la ZOE, évitant les 4×4, mais la recharge refuse de se lancer. Le tableau de bord indique un impassible « vérification en cours » durant de longues minutes. Un mécanicien me vient en aide, et après plusieurs connexions, déconnexions et verrouillage de portières, parvient à lancer la charge.
Une demi-heure de recharge, et la batterie est remontée à 91%. J’estime ce niveau suffisant pour atteindre Saint-Denis, le chef-lieu, situé à un peu moins de 80km. Le trajet est exclusivement composé de voies rapides à 2×2 et 2×3 voies limitées à 110km/h et longeant le littoral. Les déclivités sont progressives, l’altitude ne dépasse pas 300 mètres. Par prudence, j’enclenche le mode éco et place le régulateur à 98 km/h. Contrairement à ce que je craignais, je ne suis pas condamné à rester sur la voie de droite.
Je dépasse de nombreux poids-lourds et véhicules individuels. La conduite est généralement plus apaisée à La Réunion que dans l’hexagone, mais j’avais déjà pu constater que beaucoup d’automobilistes avaient tendance à réduire leur vitesse sur les autoroutes, lors du Marseille-Paris en ZOE. Après une vingtaine de kilomètres, j’arrive sur la route des Tamarins. Une voie rapide mise en service en 2009, ressemblant à une autoroute métropolitaine avec ses tranchées couvertes, viaducs et son pont haubané. La consommation instantanée est stable à 16kw et jusqu’à 25kw dans les montées. Le frein régénératif entre en action sur 7 km avant l’arrivée au niveau de Saint-Paul.
Confiant sur l’autonomie, je parcours les 30km restant du trajet jusqu’à Saint-Denis à vitesse maximale (entre 90 et 110km/h selon les portions). Je m’arrête sur le front-de-mer de Saint-Denis, au Barachois, pour jeter un coup d’oeil aux statistiques, après tout juste une heure de trajet. Elles sont très satisfaisantes puisque seulement 11kwh ont été consommés. Le tableau estime à 49 le nombre de kilomètres pouvant encore être parcourus. La consommation moyenne est de 15kwh/100, 7kw ont été économisés pour une vitesse moyenne de 72 kmh. La climatisation n’a pas été nécessaire, seul le brassage de l’air était activé.
Il faut désormais rejoindre la concession principale de Saint-Denis, située à l’autre bout de la ville. Il est 17h, et les boulevards qui traversent la cité sont très encombrés. 45 minutes sont nécessaires pour parcourir 5 kilomètres. Arrivé en concession, j’ai le bonheur de constater que les deux bornes Schneider installées sur le parking public n’exigent pas de badge d’identification. Elles sont en libre service 24/7. C’est la première fois que j’observe une solution de recharge aussi flexible chez Renault. Si toutes les concessions métropolitaines pouvaient faire de même, ce serait une réelle avancée, et la gamme ZE aurait une mobilité quasi-totale sur le territoire.
Après une recharge de 40 minutes, permettant de passer d’environ 40 à 90% de batterie, j’effectue le trajet retour, direction Saint-Pierre. Je place le régulateur à la vitesse limite sur les 80 kilomètre de trajet (110km/h sur une grande majorité du parcours). Ma conduite est plus agressive, je dépasse dynamiquement dans les montées et mobilise à plusieurs reprises la puissance maximale du moteur afin de tester la ZOE dans tous types d’utilisations. Les futurs automobilistes n’hésiteront pas à la pousser jusqu’à ses limites.
Les statistiques à l’arrivée sont une nouvelle fois concluantes, malgré une conduite nerveuse. La consommation totale est de 13 kwh pour une vitesse moyenne de 81 kmh. La consommation moyenne est de 17 kwh/100. Un seul kilowatt-heure a été économisé, et la note d’éco-conduite est descendue à 64/100.
La Renault ZOE est un véhicule résolument adapté à un territoire comme l’île de La Réunion. Tous les usages d’un véhicule individuel peuvent lui être attribués. Rarement plus d’une recharge intermédiaire est nécessaire pour les trajets les plus longs. Associée à une solution de recharge domestique photovoltaïque, la ZOE incarne l’idéal d’une mobilité respectueuse de l’environnement. L’électro-mobilité du futur. Reste à lever les dernières barrières à son essor : son prix, la nécessité d’installer une wallbox, et la faiblesse du réseau de recharge.
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