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La voiture électrique intrigue et divise. Si certains sont convaincus par cette solution d’avenir, d’autres sont plus méfiants. Charge alors aux journalistes d’effectuer une mission d’information sur cette technologie. Mais parfois, cela dérape !
Poussée par de nombreuses mesures incitatives et des prises de conscience des automobilistes, la voiture électrique gagne du terrain. L’an dernier, et ce malgré un contexte commercial historique, la voiture propre a explosé un record de vente, là aussi historique, en France. Mais la voiture électrique est elle vraiment une solution pour l’avenir ? Peut-elle supplanter la voiture thermique et assurer tous les besoins quotidiens, ou même moins courants comme celui du trajet des vacances ?
Cette dernière question revient toujours sur les lèvres des sceptiques. Notamment en cette période estivale où l’interrogation est on ne peut plus d’actualité. Pour y répondre, de nombreux médias, spécialisés ou non, tentent l’exercice afin de livrer un retour d’expérience. C’est ce qu’ont décidé de faire nos confrères de France 2 avec un voyage en Renault ZOE qui dépasse les bornes.
À l’instar de TF1 qui a voulu démonter les promesses des voitures hybrides rechargeables, France 2 a fait le choix pour son 20 h du 31 juillet de se pencher sur la question des voyages en voiture électrique à la veille du chassé-croisé (rien n’est fait au hasard). La mission : atteindre La Rochelle depuis Paris en voiture électrique. Et plus précisément à bord d’une Renault ZOE, une citadine qui n’a plus ses preuves à faire en ville, mais qui n’est pas vraiment connue pour ses qualités autoroutières. Ses consommations sur autoroute limitent son rayon d’action, et ce malgré les 395 km annoncés sur un cycle WLTP en version R110, alors que ses solutions de recharge ne sont pas optimales, même dans le meilleur des cas.
Dès les premières secondes du reportage, le ton est donné. Ce n’est pas tant la durée du reportage (2’50, c’est très court pour soulever toutes les spécificités de la voiture électrique afin de bien appréhender un long parcours) que l’attitude du journaliste qui interpelle. Soulignant fortement sa mine éreintée, notre confrère annonce la couleur : selon lui, les voyages en électriques fatiguent, notamment en raison des multiples arrêts recharge.
Et c’est justement ces pauses qui ont fait l’objet de ce reportage, réalisé à une vitesse diamétralement opposée à celle des recharges de la Renault Zoé. Car au cours de son périple vers La Rochelle, le journaliste a annoncé avoir passé près de 3 h (deux pauses de 1 h 30) pour recharger la citadine afin de rejoindre la destination. Un temps de recharge considérable, qui suffit à refroidir le moindre néophyte. Sauf que le conducteur a ici fait le choix d’une prise de Type 2 pour recharger sa ZOE, sur autoroute. Soit tout ce qu’il ne faut absolument pas faire, puisque dans ce cas-là, la puissance de recharge ne dépassera jamais les 22 kW. Pourtant, la ZOE dispose d’un connecteur de recharge rapide DC à la puissance modeste de 50 kW. Optionnel (1 000 €), celui-ci aurait permis à notre confrère de réduire par deux ses temps de recharge sur autoroute.
Le reportage de France met également en avant les quelques problèmes de compatibilité entre les prises proposées par certaines bornes de recharge et celle de la voiture. Mais cela met notamment en lumière le manque de préparation du conducteur, qui a décidé de planifier son trajet sur une application qui n’a pas été nommée. Mais nous ne pouvons pas entièrement le blâmer, sachant qu’une bonne partie des nouveaux conducteurs de voitures électriques ne disposent pas de tous les réflexes afin de bien préparer un voyage sans brûler une goutte d’essence. France 2 aurait dû alors insister sur l’importance d’une préparation complète, et non pas la résumer à quelques cercles reportés sur une traditionnelle carte routière. Mais il s’agit sans doute ici des besoins de la télévision en images explicites.
À lire aussiQuels sont les différents types de prises pour recharger les voitures électriques ?Dans sa conclusion, le journaliste aurait dû être bien plus précis en ce qui concerne les étapes de recharge, et divulguer plus en détail les raisons qui l’ont poussé à patienter « une heure et demie » pour recharger « les trois quarts de la batterie » (soit grossièrement dit 75 %). Ce qui devrait correspondre à une recharge de 15 % à 80 % sur une borne AC 22 kW, en se basant sur l’estimation fournie par A Better Route Planner pour ce trajet en Renault Zoe (une arrivée à Blois à 16 % de batterie restante).
Tentant de camoufler par tous les moyens les méconnaissances du sujet en mettant les péripéties sur le compte de la voiture électrique, les auteurs du reportage vont même encore plus loin que ce que nous aurions pu imaginer. Car en arrivant à La Rochelle, le présentateur annonce un temps de parcours de 11 h, soit « cinq de plus » qu’à bord d’une voiture thermique (il faut près de 5 h pour parcourir les 472 km qui séparent les deux villes, hors temps de pause). Ce qui, les 3 h de recharge déduites, signifierait que le voyage en électrique a nécessité 2 h de temps de roulage supplémentaire. Disparu de toutes les conclusions, ce temps est sans doute imputable aux différents embouteillages. Mentionnés seulement quelques secondes plus tôt dans le reportage, ces derniers sont mis, sans rougir, sur le compte de la voiture électrique…
Soufyane BENHAMMOUDA
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