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Déconstruisons les 5 idées reçues les plus courantes sur les voitures électriques chinoises.
Dans l’automobile aussi, certains clichés ont la vie dure. Après le premium allemand, parfois plus si premium que cela, après le luxe britannique, qui lui aussi a perdu de son lustre, après l’innovation japonaise, plus si innovante et même un peu à la ramasse, ce sont désormais les voitures et constructeurs chinois qui sont l’objet de tous les fantasmes.
Si les intentions conquérantes que l’on leur prête sont certainement réelles, dans la vraie vie cela ne se passe pas exactement comme prévu. Car si la voiture électrique en Chine semble très bien se porter sur le marché domestique – là-bas une nouvelle immatriculation sur deux est électrifiée (électrique + hybride) – et que des marques comme BYD connaissent une forte progression en dehors de leurs frontières, tout n’est pas si rose pour nombre de constructeurs de l’Empire du Milieu. Il faut dire qu’ils sont tellement nombreux à s’être jetés corps et âme dans ce qui était vu comme un nouvel Eldorado, et à penser que l’on pouvait créer et développer une marque automobile comme on lance une application pour smartphone, que la casse est forcément au rendez-vous. Et que les faillites s’enchaînent.
Mais, au-delà de la cruelle réalité des chiffres, c’est notre propre perception européenne – ou occidentale – de la menace chinoise qui a tendance à légèrement nous aveugler. En fait, par méconnaissance des enjeux et de l’offre, nous nous méprenons souvent sur certaines caractéristiques que nous attribuons aux voitures chinoises, que ce soit en termes de qualités ou de défauts. Avec l’essor de l’électromobilité en Europe, il est vrai que les constructeurs chinois se taillent une place de plus en plus visible sur le marché. Cependant, ces véhicules électriques venus de Chine suscitent de nombreux stéréotypes qui ne correspondent pas toujours à la réalité.
Voici les cinq erreurs de jugement que nous avons identifiées comme étant les plus courantes au sujet des constructeurs et des voitures électriques chinoises.
Beaucoup pensent que les marques chinoises envahissent l’Europe avec des véhicules à prix plancher, mettant à mal la concurrence. Si certains constructeurs comme MG ont lancé des modèles abordables (notamment le MG ZS EV) ou Leapmotor avec la TO3, cette stratégie ne représente pas l’ensemble des marques chinoises. En tout cas, pas encore. Des constructeurs comme NIO ou Xpeng visent d’abord – et pour le moment – le segment premium avec des véhicules technologiques au tarif concurrentiel, mais loin des « prix cassés ». De plus, le coût de production en Chine a augmenté avec les salaires ces dernières années, et les véhicules chinois doivent en plus faire face à des taxes à l’importation en Europe. On peut ainsi comparer les tarifs du BYD Atto 3, proposé autour de 45 000 €, aux SUV européens équivalents. Les différences de prix ne sont pas aussi marquées qu’on pourrait le croire, et les modèles premium peuvent même rivaliser en coût avec des marques comme Audi ou Mercedes.
Autrefois, les véhicules chinois étaient synonymes de bas de gamme, mais la réalité a bien changé. Des constructeurs comme BYD ou NIO investissent massivement dans la qualité de fabrication, en se basant sur des processus de production avancés et des composants de pointe. Par exemple, le BYD Sealion, le nouveau SUV électrique de la marque dévoilé au dernier Mondial de l’Auto, a reçu des avis très positifs en matière de finition intérieure et de qualité de conduite, rivalisant avec les meilleurs SUV européens, voire faisant mieux en termes de qualité perçue, embarquant de surcroît une architecture 800 volts, ce qui reste assez rare sur le marché. Un autre exemple significatif, la BYD Seal, beaucoup plus cossue et huppée que sa concurrente directe, la Tesla Model 3. Sans parler des Xpeng G6 ou G9 qui font en ce moment une percée sur le marché français, et que d’aucuns qualifient dans hésiter de premium. Ces marques ont aussi des partenariats stratégiques avec des entreprises européennes et américaines pour le développement de pièces et de technologies. BYD est aujourd’hui l’un des premiers fabricants de batteries au monde derrière CATL, et NIO mise sur des batteries amovibles, innovantes et fiables. Les véhicules produits en Chine bénéficient d’une solide ingénierie qui n’a rien à envier aux standards européens.
S’il est vrai que plusieurs modèles chinois intègrent des technologies avancées, il ne faut pas croire que toutes les voitures chinoises sont des vitrines de haute technologie. Certains modèles comme les Xpeng P7 ou NIO ET7 proposent des fonctionnalités avancées comme la conduite semi-autonome et des interfaces numériques sophistiquées, mais ce n’est pas le cas de tous les véhicules chinois. La stratégie technologique diffère selon les marques et les segments. MG, par exemple, mise sur la simplicité avec des modèles comme le MG4, sans surplus technologique, en mettant plutôt en avant la praticité et l’économie d’énergie. D’autre part, les développeurs chinois ont cette petite tendance à vouloir blinder leurs interfaces de fonctionnalités pas toujours très utiles, organisées parfois de façon un peu brouillonne, à contresens du « Make it f… simple » cher à des modèles comme Apple. Résultat, des menus parfois indigestes où trouver une commande simple – si elle existe – relève du parcours du combattant. Enfin, si l’on considère que Tesla est en quelque sorte l’étalon de la tech automobile, alors la plupart des modèles chinois sont encore loin derrière. Donc, oui, dire que toutes les voitures chinoises sont « très technologiques » est une généralisation inexacte.
Ce cliché est en grande partie hérité des premières générations de voitures chinoises qui, il est vrai, manquaient souvent d’originalité esthétique. Aujourd’hui, la situation est bien différente. Les marques chinoises collaborent avec des studios de design renommés. BYD a ainsi fait appel à Wolfgang Egger, ancien designer de chez Audi et Lamborghini, et la gamme de cette marque n’a pas à rougir en termes de personnalité et de cohérence. Par ailleurs, les voitures chinoises ne sont plus des copies de modèles européens, mais des créations originales inspirées par des goûts globaux. Des marques comme NIO et Xpeng investissent énormément dans le design pour se démarquer. La toute dernière version de la grande berline Xpeng P7 a surpris les observateurs de par son design à la fois moderne et luxueux, et le sentiment de qualité qui s’en dégage.
Enfin, l’idée que les voitures électriques chinoises envahissent l’Europe et que leurs ventes explosent est largement exagérée. Bien que les immatriculations de marques chinoises soient en hausse, leur part de marché reste encore limitée comparée aux constructeurs européens et américains. Selon les données de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), les marques chinoises représentent 11% des ventes de véhicules électriques en Europe en 2024, mais restent encore en-dessous des 2% de parts de marché de l’ensemble du parc électrique européen. De quoi relativiser un peu, même s’il ne faut perdre de vue que la progression est importante d’une année sur l’autre, avec +12% à périmètre égal. Néanmoins, les marques chinoises rencontrent encore des défis pour séduire les Européens, notamment en termes de notoriété et de confiance. La plupart des consommateurs européens se tournent encore vers des marques locales ou américaines comme Tesla. Les constructeurs chinois doivent également surmonter les obstacles liés aux réseaux de distribution et de maintenance, qui freinent leur déploiement massif en Europe.
L’image des voitures électriques chinoises est souvent marquée par des stéréotypes qui ne reflètent pas forcément la réalité. Si la Chine est devenue un acteur incontournable dans l’industrie automobile électrique, ses constructeurs ne visent pas uniquement à casser les prix ou inonder le marché avec des modèles bas de gamme. Mais nous ne sommes probablement qu’à l’amorce d’une vague qui pourrait quand même bien se transformer en déferlante.
Reste à savoir si les digues artificielles construites à la hâte par Bruxelles suffiront à éviter le raz-de-marée…
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