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Lors de ma visite au salon Mobizi de la mobilité décarbonée en mars 2024, j’ai rencontré Damien Vernotte, formateur à l’écoconduite sous la franchise Nouvelle Route. J’ai exploité ses deux conseils pour mon trajet Strasbourg-Rennes de 820 km qui a suivi. À vous d’ajouter les vôtres à la suite du présent article.
Depuis 2007 que je roule en électrique, je ne sais vraiment que ces trois vérités en matière d’écoconduite : c’est sur les trajets familiers que l’on peut être le plus efficace au volant d’un VE ; l’écoconduite n’est pas forcément synonyme de temps perdu ; un conseil en la matière mérite d’être essayé avant de le rejeter.
C’est en 2008 ou 2009, avec ma Clio électrique de 1996, que j’ai découvert que vouloir à tout prix accélérer le moins possible dans les côtes sur une route composée d’une succession de bosses n’est pas le meilleur scénario. Je devais alors continuer à appuyer sur le champignon à chaque descente pour retrouver une certaine inertie. C’était long, lent et pas si économe en énergie.
Au passage suivant, le tout a été avalé plus rapidement à vitesse constante de façon homogène avec une conso bien inférieure, et donc une meilleure autonomie. Puis j’ai recherché d’autres astuces pour conserver de l’allure, par exemple dans les virages en cisaillant au volant ou en utilisant le profil du bas-côté. Avec seulement 80 km d’autonomie sur cette voiture, c’était quasi incontournable pour effectuer certains trajets.
Les technologies ayant évolué sur les voitures électriques, la donne a changé. Avec un rayon d’action nettement amélioré, on peut avoir tendance à ne plus pratiquer l’écoconduite. En outre, est-il vraiment payant de se reposer en permanence sur le mode Eco ?
Fondateur de Vern’Eco en 2015, Damien Vernotte officie sous la franchise Nouvelle Route depuis 2021 en Bretagne ajoutant deux ans plus tard la région des Pays de la Loire. Avec des formations certifiées Qualiopi, cette structure lancée en 2007 depuis le secteur de Grenoble intervient entre autres au niveau de la prise en main des véhicules, de l’écoconduite et des risques routiers professionnels.
« Selon les besoins, nous proposons différents modes de formation, comme des ateliers et des évaluations individuelles sur parcours. Et ce pour des véhicules aussi divers que les voitures individuelles, les utilitaires légers, les tracteurs routiers à semi-remorque, les bennes à ordures ménagères, les autocars, etc. », explique le formateur.
La mobilité douce n’est pas oubliée : « Nous avons des modules de prévention concernant le risque routier avec les EDPM [NDLR : Engin de déplacement personnel motorisé], les vélos et les motos. À notre catalogue aussi une formation pour bien circuler à vélo dans les règles du Code de la route ».
Sous l’enseigne Vern’Eco, Damien Vernotte a formé du personnel de collectivités et de grandes entreprises comme TDF, le groupe ADX et A.H. Logistique. Avec Nouvelle Route, il est intervenu auprès de la Poste, l’ADMR et la SNCF : « Nous proposons du sur-mesure systématiquement en nous adaptant à l’organisation de nos clients, notamment au niveau des créneaux horaires qui peuvent être très différents d’une entreprise à une autre ».
Aujourd’hui encore, les formations assurées par Damien Vernotte s’appuient sur les véhicules, principalement thermiques, exploités par les professionnels : « Nous intervenons cependant de plus en plus dans le cadre de l’utilisation de modèles hybrides et électriques pour lesquels nous pouvons également assurer une prise en main et la découverte de ces technologies. Leur fonctionnement est d’abord vu à travers une partie théorique. Bien que nous préférions qu’elle soit réalisée en présentiel, celle-ci peut aussi être effectuée sous la forme e-learning ».
Vient ensuite la pratique : « On passe alors à la conduite, et à la découverte de la recharge des batteries sur une borne avec les VE. Ainsi, une personne qui n’est jamais montée dans une voiture électrique ressort en sachant à quoi s’attendre avec cette motorisation ».
L’enseignement de l’écoconduite est différent selon que l’on roule en véhicule diesel ou en électrique : « Les principes restent semblables, mais on n’agit pas sur les mêmes leviers. Avec un véhicule thermique, on va chercher à consommer le minimum. Avec un électrique, on va aussi tenir compte de la régénération pour récupérer aussi un maximum d’énergie ».
Pour la partie pratique, Damien Vernotte préfère intervenir individuellement : « Elle va beaucoup dépendre de chacun des utilisateurs et de leurs habitudes de conduite. La session dure une heure avec un véhicule léger, qu’il soit thermique ou électrique. Grâce à l’utilisation d’un boîtier OBD, on va calculer des paramètres comme la vitesse et la consommation moyennes ».
Ensuite, la formation poursuit un scénario en trois temps : « Sur un parcours d’environ 6 km qu’il connaît, on va laisser le stagiaire piloter librement. On obtiendra alors, par exemple, une conso de 13,6 kWh/100 km. La personne refait ensuite exactement le même parcours en cherchant à appliquer les conseils que nous lui aurons délivrés. Là, on ne mesure pas, mais on corrige en direct. Au troisième parcours, le stagiaire applique tout cela. Sans perte de vitesse moyenne, la conso pourra alors être réduite de 2 kWh/100 km ».
Lutter contre les idées reçues est aussi un des objectifs de la formation : « On va, par exemple, déboulonner l’idée que l’écoconduite fait perdre du temps alors qu’au contraire, on va avoir tendance à en gagner. Pour les thermiques, on va contredire l’idée que de rouler à un régime moteur va forcément encrasser le bloc. Il faut rechercher la zone verte qui est comprise entre 1 000 et 2 000 tours par minute pour les diesel et entre 1 200 et 2 500 avec les motorisations essence ».
Une formation pour quels résultats ? « Déjà, les meilleures baisses de consommation sont obtenues sur les parcours que les stagiaires connaissent le mieux. La formation permet aussi de réduire le risque d’accident. Les plus accidentogènes sont souvent aussi les trajets les plus familiers. En habituant les stagiaires à rechercher des points de repère, ils sont ensuite moins surpris, plus attentifs ».
Damien Vernotte donne trois règles pour bien pratiquer l’écoconduite : « La première, c’est l’anticipation. La deuxième, c’est l’anticipation. Et la troisième, c’est l’anticipation ! Avec une voiture électrique qui en est équipée, c’est le mode D qui permet d’obtenir les meilleurs résultats, car on peut anticiper de loin. Le mode B qui s’en distingue par une forte régénération ne doit être utilisé que pour ralentir, pour obtenir un frein moteur qui se transforme en énergie. La e-Pedal n’est pas forcément optimale pour l’écoconduite ».
Tout comme l’utilisation du véhicule, son aménagement est étudié dans la formation pour maximiser les effets de l’écoconduite. Par exemple, une galerie de toit qui resterait en permanence sur un utilitaire sans besoin réel au quotidien joue négativement sur la conso. Avec un véhicule thermique, l’entretien de la motorisation compte également beaucoup.
Concernant les électriques, Damien Vernotte donne déjà ces deux conseils à nos lecteurs : « Il faut surgonfler à froid les pneus de 0,2 à 0,3 bar. S’ils sont chauds, il faudrait encore ajouter 0,3 bar supplémentaires. Sur une voiture équipée des modes de conduite Eco, Normal et Sport, il faut oublier le premier et rouler en Normal, c’est bien plus agréable et efficace en appliquant l’anticipation ».
Sans prendre en compte l’évolution des technologies et la nécessaire adaptation à ces véhicules, nombre d’automobilistes et de médias pensent encore que les voitures électriques ne sont pas exploitables pour les longs trajets sur les autoroutes et voies rapides. La situation a bien évolué en dix ans. À vous chers lecteurs de partager dans les commentaires vos propres observations et expérimentations en la matière.
Devant effectuer les jours suivants un déplacement entre Rennes et Strasbourg, j’ai bien évidemment appliqué les deux conseils de Damien Vernotte. J’étais auparavant particulièrement attentif au surgonflage avec les Renault Clio et Kangoo à batterie nickel-cadmium du fait de leur chiche autonomie de 80 km environ. En revanche, je n’avais pas touché au niveau des pneus sur mon Kia e-Niro de 2021 reçu mi-décembre dernier. J’ai donc appliqué les 0,3 bar de plus par rapport à la pression conseillée par le constructeur en employant le compresseur planqué en sous-sous-coffre.
J’avais aussi l’habitude de rouler en mode Eco, le pensant vraiment efficace pour gagner en efficience. Là, ça a été plus difficile pour moi à accepter de lui préférer le mode Normal. Je suis donc passé de l’un à l’autre pendant mon séjour, pour finalement vraiment l’adopter au retour. Résultat : 16,7 kWh/100 km de consommation pour avaler 820 km en 10 heures.
Et ce, en empruntant quasi exclusivement des autoroutes (A4, A86, A6b, A10, A11) et voies rapides (N157). Ce temps comprend deux pauses pour se détendre. De chacune une heure, elles ont été bien sûr aussi exploitées pour la recharge. L’expérimentation a bénéficié de bonnes conditions printanières de roulage un dimanche, de 8 à 18 heures.
Petite frustration : ne pas avoir pu réaliser le même parcours précédemment sans appliquer les deux conseils. Impossible donc de chiffrer le gain réel. Toutefois, la conso modérée pour un temps de trajet très correct parle d’elle-même.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Damien Vernotte pour sa disponibilité et avoir répondu positivement à notre sollicitation lors de notre visite du salon Mobizi.
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