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Selon un rapport de la Commission européenne, la demande mondiale en cobalt pourrait potentiellement tripler au cours de la prochaine décennie et ce malgré l’arrivée de nouvelles chimies permettant de réduire l’utilisation du minerai.
La voiture électrique va-t-elle tomber en panne de cobalt ? Alors que tous les constructeurs sont à pied d’œuvre pour lancer leur nouvelle offre électrique, un rapport européen tente de mesurer les impacts du développement de l’électromobilité sur les ressources mondiales du précieux minerai.
Si elle ne représente aujourd’hui que 9 % de la demande mondiale en Cobalt, la part du véhicule électrique devrait croître de façon exponentielle au cours des prochaines années. En fonction de la capacité batterie embarquée, les voitures électriques embarquent en moyenne 5.5 (40 kWh) à 11 kilos (90 kWh) de Cobalt.
Alors que 130 millions de voitures électriques pourraient circuler à travers le monde à l’horizon 2030, l’Europe chiffre le besoin en Cobalt pour le secteur automobile entre 1.6 et 2.1 millions de tonnes d’ici à 2030, soit une demande annuelle qui passerait de 6650 tonnes en 2017 à 300.000/400.000 tonnes. En Europe et selon les scenarii, la demande est évaluée entre 40.000 et 120.000 tonnes par an d’ici 2030.
Selon le rapport européen, des risques de pénurie sont à craindre à partir de 2025. A cette date, la consommation mondiale pourrait atteindre 203.000 tonnes pour une production de 196.000 tonnes. Un déséquilibre croissant qui laisse craindre une nouvelle hausse des prix dans les années à venir. « Le prix du cobalt a déjà triplé entre 2016 et 2018. Une nouvelle escalade pourrait avoir une incidence sur les prix des véhicules électriques » alerte le document.
Aujourd’hui, le marché du Cobalt est principalement entre les mains de deux pays. La République Démocratique du Congo, où Amnesty International a déjà tiré la sonnette d’alarme quant à la potentielle exploitation d’enfants pour l’extraction, assure à elle seule plus de la moitié de la production mondiale tandis que la Chine produit près de la moitié du cobalt raffiné.
La situation que l’on connait aujourd’hui devrait toutefois changer au cours de la prochaine décennie. « Les projets d’exploration en cours ajouteront de nouveaux fournisseurs et permettront de diversifier le marché » estime le rapport.
En Europe, 239 gisements contenant du Cobalt ont été identifiés. La Finlande exploite déjà le minerai. Aujourd’hui, la production annuelle de cobalt au sein de l’Union européenne est d’environ 2.300 tonnes par an. Un chiffre insuffisant pour couvrir une demande aujourd’hui neuf fois supérieure.
Associée à la mise en place d’une filière recyclage efficace, l’accélération de l’exploitation des gisements de Cobalt en Europe pourrait permettre de couvrir environ 15 % de la demande du vieux continent à l’horizon 2030 estime le rapport de la Commission. L’Europe restera toutefois fortement dépendante des importations. Dans ce cadre, les auteurs appellent à « consolider les accords commerciaux » avec des pays tels que l’Australie ou le Canada. L’Australie, où les ressources en cobalt sont importantes, devrait ainsi devenir un producteur de premier plan et pourrait représenter 14 % de la production mondiale à l’horizon 2030.
Si le Cobalt reste aujourd’hui un composant essentiel des batteries, d’autres chimies pourraient être utilisées. Il s’agit à la fois de réduire la teneur en cobalt et de travailler sur des métaux de remplaçant tels que le nickel, plus abondant.
Une substitution qui pourrait permettre de réduire la demande mondiale de 30 % d’ici à 2030 mais qui ne devrait pas suffire à combler l’écart entre l’offre et la demande.
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