AccueilArticlesVoiture électrique : entre bonnes et mauvaises surprises, ils témoignent sans langue de bois sur leur usage quotidien

Voiture électrique : entre bonnes et mauvaises surprises, ils témoignent sans langue de bois sur leur usage quotidien

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Eric Dupin Tesla Model S Plaid
Eric Dupin Tesla Model S Plaid

La voiture électrique au quotidien, les témoignages et le bilan de 8 utilisateurs particuliers et professionnels.

En septembre dernier, le podcast Watts Up par Automobile Propre, que j’ai le privilège de gérer et d’animer, a inauguré une nouvelle rubrique, le Retex, ou retour d’expérience des utilisateurs de voitures électriques. Cette série de témoignages s’inscrit dans notre volonté permanente d’être au plus près du monde de l’électromobilité automobile et de donner la parole à celles et ceux qui en sont les véritables acteurs, qu’ils soient entrepreneurs, chercheurs ou « simples » utilisateurs, ou parfois les trois à la fois. Vous connaissez certainement la rubrique Témoignages ici, menée par notre collègue Philippe. Le Retex est différent et complémentaire puisque dans cette série très formatée autour d’une série de questions, nous nous attachons davantage à des données techniques et chiffrées qu’au parcours des invités, même si ce dernier est évoqué pour une mise en contexte.

J’ai déjà eu le plaisir de recevoir 12 invités dans ce Retex, et publié 11 des 12 interviews réalisées. La série fonctionne bien et attire l’attention, au point que nous avons une liste d’attente de près de 50 personnes prêtes à partager leur expérience, ce qui nous garantit pratiquement une saison d’interviews, même s’il y a des doublons (beaucoup de Tesla dans les propositions de témoignages).

A l’issue de ces 11 témoignages, j’ai pensé qu’il serait intéressant de faire un premier bilan offrant un aperçu diversifié des expériences au quotidien, tant à titre personnel que professionnel. Nous allons explorer les différents usages, analyser les statistiques tirées de ces témoignages et dresser un tableau global de l’utilisation de la voiture électrique au quotidien. Bien sûr, cette synthèse n’a aucune vocation statistique ni scientifique, mais seulement de relever les quelques points saillants issus de l’ensemble de ces Retex.

Note : vous pouvez retrouver tous ces témoignages sur le podcast, ils sont identifiés « Le retex ».

Les modèles de voitures électriques mentionnés dans les interviews sont, par ordre d’apparition :

  • Ford Mustang Mach-E
  • BMW i4 eDrive 40
  • MG Marvel Luxury
  • Polestar 2
  • Tesla Model Y
  • Hyundai Ionic 5 RWD
  • Mercedes EQB
  • Volkswagen ID.3  et ID.5
  • Tesla Model S Plaid
  • Porsche Taycan Sport Tourismo
  • Dacia Spring et Citroën AMI

Voici un aperçu des profils des personnes interviewées :

  • Thomas (Ford Mustang Mach-E) : ancien professionnel de l’automobile, utilisant sa voiture électrique uniquement à titre personnel.
  • Julien (BMW i4) : photographe indépendant, gros rouleur utilisant sa voiture électrique pour ses déplacements professionnels.
  • Annie (MG Marvel) : podcasteuse spécialisée dans le tourisme, utilisant sa voiture électrique pour ses déplacements professionnels et personnels.
  • Pascal (Polestar 2) : professionnel belge travaillant dans un centre de recherche sur la mobilité et l’automobile, utilisant sa voiture électrique pour ses trajets domicile-travail et à titre personnel.
  • Isabelle (Tesla Model Y) : assistante administrative achats, usage privé et trajets domicile-travail.
  • Thomas (Hyundai Ionic 5) : infirmier belge, gros rouleur utilisant sa voiture électrique à la fois pour son travail et à titre personnel.
  • Stéphane (Mercedes EQB) : avait besoin d’une grande voiture pour sa famille nombreuse. La voiture est fournie par sa société moyennant une participation mensuelle de sa part.
  • Patrice (VW ID.3 puis ID.5 GTX) : chef de projet sur les équipements en industrie pharmaceutique, utilisation essentiellement professionnelle.
  • Olivier (Tesla Model S Plaid) : entrepreneur dans les nouvelles technologies, passionné de voitures électriques, utilisant sa Tesla à titre personnel.
  • Christophe (Porsche Taycan Sport Turismo) : chef d’entreprise dans le secteur des énergies renouvelables, utilisant sa Porsche électrique à titre professionnel et personnel.
  • Christophe (Dacia Spring & Citroën AMI) : Dirigeant d’une PME d’aide à la personne, gérant une flotte de véhicules, dont une partie électrique.

Des usages variés, mais pas de contraintes particulières pour les déplacements professionnels

Alors, que dit l’analyse de ces témoignages ?  Tout d’abord, les usages et besoins sont variés, on s’en serait douté, mais le plus intéressant est de remarquer que l’offre de voitures électriques permet désormais d’adresser l’ensemble de ces derniers. Certains, comme Christophe (Dacia Spring), l’utilisent principalement pour des trajets courts et urbains dans le cadre de leur activité professionnelle, tandis que d’autres, comme Julien (BMW i4), parcourent de longues distances pour leur travail.

Les statistiques tirées des interviews confirment que la voiture électrique s’adapte à différents besoins :

  • Kilométrage annuel : les kilométrages annuels varient de 20 000 km pour Christophe (Dacia Spring) à 50 000 km pour Thomas (Hyundai Ionic 5), prouvant que l’électrique convient aux petits et gros rouleurs.
  • Autonomie : l’autonomie réelle varie en fonction des modèles et des conditions de conduite, allant de 200-250 km sur autoroute pour Annie (MG Marvel) à 400-450 km en mixte pour Thomas (Hyundai Ionic 5).
  • Consommation : la consommation moyenne varie également, avec une moyenne de 18,4 kWh/100 km pour Pascal (Polestar 2) qui roule principalement sur autoroute, à 21 kWh/100 km pour Annie (MG Marvel).
  • Coût de l’assurance : les témoignages montrent que le coût de l’assurance pour une voiture électrique n’est pas nécessairement plus élevé que pour une thermique. Julien (BMW i4) paie 60€ par mois pour une assurance tous risques, tandis que Thomas (Hyundai Ionic 5) paie 156€ par mois pour une assurance professionnelle.

Un bilan de l’utilisation au quotidien globalement positif…

Globalement, les témoignages recueillis dressent un bilan positif de l’utilisation de la voiture électrique au quotidien. Les avantages les plus souvent cités sont :

  • Confort de conduite : le silence, la douceur et la réactivité de la conduite électrique sont appréciés par tous les interviewés.
  • Coût d’utilisation réduit : l’économie de carburant et la réduction des coûts d’entretien sont des arguments majeurs en faveur de l’électrique.
  • Impact environnemental : la conscience écologique est un facteur important pour certains interviewés, qui choisissent l’électrique pour réduire leur impact environnemental.

… Avec cependant encore quelques points à améliorer

Malgré les nombreux avantages, certains points d’attention persistent :

  • Autonomie et recharge : l’autonomie reste une préoccupation pour certains, notamment pour les longs trajets. La disponibilité des bornes de recharge et leur fiabilité peuvent également poser problème.
  • Prix d’achat : le prix d’achat reste un frein pour certains, même si les prix tendent à baisser et que les aides gouvernementales existent.
  • Décote : la décote des voitures électriques est un sujet à surveiller, comme le montre l’expérience d’Olivier (Tesla Model S Plaid) qui a eu du mal à revendre sa Model 3.

Patrice, qui a successivement possédé une Volkswagen ID3 puis une ID5, offre un regard intéressant sur l’évolution de la gamme électrique de Volkswagen. S’il se dit globalement satisfait de ses deux véhicules, notamment en termes d’autonomie et de consommation, il pointe du doigt des problèmes de fiabilité du système d’infodivertissement, qui ont persisté malgré les mises à jour.

Stéphane, quant à lui, à la tête d’une famille nombreuse, a choisi le Mercedes EQB pour son espace intérieur et ses sept places. Il apprécie le confort, la performance et l’autonomie de son véhicule, qu’il utilise aussi bien pour ses déplacements professionnels que familiaux. Il met toutefois en garde contre la consommation élevée du EQB en ville, due au poids important du véhicule.

L’impact du type d’usage sur le choix du véhicule électrique

Le choix du modèle de voiture électrique est fortement influencé par l’usage qui en est fait. Christophe, dirigeant d’une PME d’aide à la personne, a opté pour la Dacia Spring pour ses trajets urbains et son faible coût d’utilisation. L’autonomie limitée de la Spring n’est pas un problème pour lui, car ses collaborateurs rechargent les véhicules chaque soir au dépôt. À l’inverse, Julien, photographe indépendant, a choisi la BMW i4 pour sa grande autonomie, essentielle pour ses déplacements professionnels fréquents et sur de longues distances.

Le coût réel de la voiture électrique : au-delà du prix d’achat

Si le prix d’achat des voitures électriques reste un frein pour certains, les témoignages montrent que le coût total d’utilisation est souvent inférieur à celui d’une voiture thermique. Outre les économies de carburant, l’entretien est également moins coûteux. Christophe (Dacia Spring) ne dépense que 140 € par an pour la révision obligatoire de ses Spring. Pascal (Polestar 2) a effectué deux entretiens en deux ans, pour un coût total de 55 €. Cependant, Olivier, propriétaire d’une Tesla Model S Plaid, nuance ce constat en évoquant le coût élevé du remplacement des pneus, usés prématurément par le poids et le couple importants de sa voiture. Il met en garde contre les frais potentiels liés à l’usure des pneumatiques, qui peuvent varier considérablement selon les modèles. Les économies de carburant, l’entretien réduit et le coût d’assurance souvent avantageux contribuent à un coût total d’utilisation inférieur à celui d’une thermique. Isabelle, par exemple, souligne que la recharge à domicile sur sa borne 7 kW lui permet de minimiser ses dépenses d’électricité.

L’autonomie et la recharge ne posent plus vraiment de problème

L’autonomie reste une préoccupation pour certains, mais les progrès constants des batteries et la multiplication des bornes de recharge apaisent les craintes. Thomas (Hyundai Ionic 5), qui parcourt 50 000 km par an, dont une partie sur autoroute, n’a jamais rencontré de problème d’autonomie grâce à la batterie de 72,6 kWh de sa voiture. Il souligne d’ailleurs l’importance de pouvoir recharger à domicile, ce qui lui permet de limiter l’utilisation des bornes de recharge publiques.

Cependant, l’expérience de la recharge reste un enjeu majeur pour l’adoption de l’électrique

L’expérience de la recharge est un élément crucial de la vie quotidienne avec une voiture électrique. Annie, qui utilise sa MG Marvel pour ses déplacements professionnels et personnels, déplore les dysfonctionnements rencontrés sur les bornes anciennes et/ou rurales, et salue la performance des infrastructures plus récentes, comme les Alpitronic d’Electra. Olivier (Tesla Model S Plaid) souligne l’importance du réseau Supercharger de Tesla, qui lui permet de recharger rapidement et facilement sur ses longs trajets. La fiabilité et l’accessibilité des bornes de recharge restent des enjeux cruciaux pour une expérience sereine avec la voiture électrique. Christophe, propriétaire d’une Porsche Taycan, apprécie la rapidité de charge sur les bornes Ionity et Tesla, mais regrette leur nombre encore limité, notamment sur les longs trajets. Le développement d’un réseau de recharge performant et maillé est donc primordial pour accompagner la transition vers l’électrique.

Le confort de conduite, point fort pour les gros rouleurs

Tous les interviewés s’accordent sur le confort de conduite procuré par la voiture électrique. Le silence, la douceur et la réactivité sont des atouts majeurs. Christophe (Porsche Taycan) compare sa Taycan à une « capsule spatiale » en termes d’agrément de conduite.

L’écosystème digital, des applications mobiles aux mises à jour à distance

Les voitures électriques intègrent de plus en plus de technologies digitales. Les applications mobiles permettent de contrôler à distance le chauffage, la climatisation, la recharge ou encore de suivre l’état de la batterie. Thomas (Ford Mustang Mach-E) apprécie la possibilité de programmer la recharge de sa voiture en fonction des heures creuses via l’application mobile. Les mises à jour à distance (OTA) permettent d’améliorer les fonctionnalités et de corriger les bugs sans passer par la concession. De plus en plus de marques adoptent progressivement ces protocoles.

L’expérience Tesla met en exergue la simplicité, la performance et un écosystème intégré

Les témoignages d’Isabelle (Model Y) et d’Olivier (Model S Plaid) mettent en lumière les spécificités de l’expérience Tesla. Isabelle salue la simplicité de prise en main, l’efficacité de la conduite à une pédale et l’agrément procuré par l’accélération instantanée. Elle note cependant que l’angle de braquage limité peut s’avérer gênant dans certaines situations. Olivier, quant à lui, met en avant la qualité du logiciel de planification d’itinéraire, la performance du réseau Supercharger et l’écosystème digital intégré, qui permet de contrôler de nombreuses fonctionnalités de la voiture via l’application mobile. Il regrette cependant l’ergonomie perfectible de l’écran central et l’absence d’un véritable tableau de bord face au conducteur sur sa précédente Model 3 Performance.

NB : pour respecter l’anonymat des invités, nous ne publions pas de noms ni de photos dans cet article, sauf celle de l’auteur :)

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