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Le Royaume-Uni a dévoilé sa stratégie H2 pour l’avenir cette semaine. Mécontent de la teneur du plan, le président de la filière britannique de l’hydrogène a préféré quitter son poste.
Outre-Manche, c’est un premier revers que le gouvernement n’attendait certainement pas si tôt après la présentation de sa nouvelle stratégie autour de l’hydrogène.
À l’image de France Hydrogène chez nous, les Britanniques ont l’UK Hydrogen & Fuel Cell Assocation (UK HFCA). Cet organisme défend les intérêts de la filière. Mais son président, Chris Jackson, qui n’apprécie pas les choix du gouvernement, a quitté son poste.
« Je crois passionnément que je trahirais les générations futures en restant silencieux sur le fait que l’hydrogène bleu est au mieux une distraction onéreuse, et au pire un verrou pour l’utilisation continue des combustibles fossiles qui nous garantit que nous échouerons à atteindre nos objectifs de décarbonation », a déclaré Jackson.
« Notre industrie est à un carrefour très important, où les décisions auront des effets à long terme. J’admets que la transition énergétique ne peut pas s’effectuer avec une baguette magique, et l’hydrogène vert seul ne peut pas résoudre tous les problèmes du monde. »
« Je ne peux pas non plus défendre le fait que l’hydrogène bleu est une énergie viable et “verte”. »
« En tant que président du HFCA, mon rôle est de représenter les intérêts de tous, même sans être d’accord », reconnaît Jackson.
Jugeant que la solution validée par le gouvernement n’est pas la bonne, le président sortant ne peut plus assurer sa mission « en bonne conscience ». La direction adoptée outre-Manche heurte sa « vision personnelle du rôle de l’hydrogène dans une transition vers la neutralité carbone ».
« Le HFCA doit être un pont entre les différents intérêts, perspectives et entreprises. Ce qui nécessite que ses leaders soient neutres sur les plus grandes interrogations du secteur », plaide Jackson.
Les différentes productions de l’hydrogène sont classées par couleurs, en rapport avec son origine. L’hydrogène gris, par sa couleur terne, fait référence aux énergies fossiles.
Il est possible de le décarboner en récupérant le CO2 émis lors de la production, afin de l’exploiter (boissons gazeuses par exemple) ou de l’emprisonner dans le sol. Grâce à ce procédé, l’hydrogène gris devient hydrogène bleu. Mais cette opération a un coût financier, énergétique et écologique.
L’hydrogène vert est le plus vertueux puisqu’il est produit par électrolyse réalisée avec les énergies renouvelables. Enfin, l’hydrogène jaune est issu, quant à lui, du nucléaire. Ces deux solutions sont évidemment les plus douces pour l’environnement, mais aussi les plus coûteuses.
C’est pour cela que le Royaume-Uni a fait le choix de l’hydrogène bleu, afin de limiter les dépenses tout en rendant son énergie plus vertueuse. Problème : ce produit a un poids environnemental très conséquent. Et c’est ce qui a fait démissionner Chris Jackson.
Une étude récemment parue dans Energy Science & Engineering confirme les dires de Jackson. Les recherches du biogéochimiste Robert W. Howarth et du professeur en ingénierie environnementale Mark Z. Jacobson ont mis au jour l’impact négatif de cette technologie.
« L’empreinte en gaz à effet de serre de l’hydrogène bleu est supérieure de plus de 20 % à celle de la combustion du gaz naturel ou du charbon pour le chauffage », peut-on lire. L’étude révèle aussi que l’impact carbone est supérieur « d’environ 60 % à celui de la combustion du gazole ».
Si l’hydrogène bleu apparaît plus vertueux que le gris, il provoque cependant des rejets de méthane qui accélèrent plus fortement que le CO2 le dérèglement climatique. C’est la raison pour laquelle Chris Jackson n’a pas voulu suivre le plan du gouvernement britannique.
La filière hydrogène, à l’échelle mondiale, va devoir réussir à se développer en limitant tout autant ses coûts financiers qu’environnementaux. La direction prise outre-Manche montre qu’il sera difficile de parvenir à un équilibre satisfaisant avec ce produit.
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