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Après avoir eu la vision géniale du développement de la voiture hybride en 1997 et être devenu leader sur ce marché, Toyota cherche à rééditer l’exploit en pariant cette fois-ci sur la voiture hydrogène.
Pour réussir ce pari, Toyota a levé le voile sur la Mirai, sa première voiture hydrogène pile à combustible de série. À l’instar de la première génération de Prius, son look devrait faire fuir tous les amateurs de belles voitures… mais ne jugeons pas cette voiture sur son esthétique, c’est à l’intérieur que se trouve le plus intéressant.
La Mirai, dont le nom signifie « futur », combine le savoir-faire développé par Toyota en matière de pile à combustible hydrogène couplé à son expertise en matière de transmission.
Le constructeur a particulièrement travaillé sur sa pile à combustible à électrolyte polymère appelée Toyota FC Stack. Elle affiche une densité volumique de puissance de l’ordre de 3,1 kW/l et développe une puissance de 114kW.
Pour produire l’électricité nécessaire à la Mirai, la pile à combustible Toyota est alimentée par 2 réservoirs d’hydrogène compressés à 700 bars et d’une capacité totale de 122 l.
En sortie de la pile, on obtient de l’électricité qui passe par une petite batterie nickel-metal-hydrure qui joue le rôle de « réservoir tampon ». La pile rejette également de l’eau, qui est évacuée à l’extérieur du véhicule.
Alors si tout cela vous semble un peu compliqué, sachez qu’au volant de la Mirai, le plaisir de conduire est exactement le même qu’une voiture électrique : il n’y a pas de bruit et de belles accélérations avec les 155 ch de l’engin. La différence ? Une autonomie de 500 km et un plein que l’on fait « à la pompe » et non sur une prise à la maison.
Je dois avouer que le manque d’enthousiasme de Toyota sur le véhicule électrique m’a toujours intrigué. Comment le leader de la voiture hybride, dont l’évolution logique semble être l’électrique, peut ne pas accélérer sur la voiture à batterie ?
En discutant avec les responsables de Toyota sur le salon de Genève, où la Mirai était exposée pour la première fois en Europe, j’ai eu quelques éléments de réponse.
Tout d’abord, Toyota ne se ferme pas la porte de l’électrique et estime que sa plateforme lui permet d’aller très rapidement sur ce créneau si nécessaire. Mais deux points sont bloquants pour Toyota au niveau des voitures à batteries : les performances limitées des batteries (et donc l’autonomie jugée trop faible) ainsi que la problématique de la recharge.
Sur ce point, les temps de recharge et la difficulté d’accès à une prise individuelle (notamment dans des villes japonaises) ont convaincu le constructeur de se tourner vers la voiture électrique hydrogène. En effet, la Mirai reste une voiture électrique dont le stockage de l’énergie se fait via l’hydrogène plutôt que via une batterie.
Avec cette approche, Toyota veut résoudre les deux principaux freins à l’adoption des voitures électriques « classiques » : l’autonomie et le temps de recharge. En proposant un véhicule à l’autonomie et au temps de « recharge » identique à une voiture thermique, Toyota pense avoir trouvé la bonne formule pour le consommateur.
À l’inverse du lancement de la technologie hybride, que Toyota avait fait seul, le constructeur a bien compris que travailler avec des partenaires était indispensable pour amorcer le marché de la voiture hydrogène.
Tout comme Tesla a libéré ses brevets en matière de voiture électrique, Toyota a également publié ses brevets autour de l’hydrogène pour attirer d’autres constructeurs sur ce type de motorisation.
Hirose Katsuhiko, le père du programme hydrogène chez Toyota, m’expliquait : « On ne gagne pas seul, les compétiteurs sont les bienvenus ». En rajoutant « notre but est de proposer une alternative, une nouvelle voie d’avenir. C’est aux constructeurs et aux consommateurs de s’en emparer ».
Il reste toutefois de nombreux challenges à relever pour que la motorisation hydrogène séduise le grand-public, la première étant clairement l’infrastructure. En effet, les stations pour faire le plein d’hydrogène sont extrêmement rares, encore plus en France où les autorités publiques sont loin d’être en faveur de ce type de motorisation. Une erreur selon moi, mais j’en parlerai dans un autre article.
Dans tous les cas, les constructeurs ont déjà réussit à se mettre d’accord sur un connecteur standard pour faire le plein d’une voiture hydrogène dans le monde entier, ça mérite d’être souligné !
Le second challenge, c’est de rendre le véhicule hydrogène économiquement acceptable. La Mirai sera commercialisée autour de 50 000 euros, un tarif élevé auquel il faudra rajouter le coût du plein d’hydrogène que l’on nous promet comme « équivalent à un plein d’essence ».
Enfin, pour que la solution de l’hydrogène puisse être déployée à grande échelle, il est impératif que le bilan écologique de la production d’hydrogène soit favorable. Pour cela, cette production doit être la plus locale possible et avec de l’électricité issue de sources renouvelables.
C’est donc tout un écosystème qu’il s’agit de construire et Toyota présente la Mirai comme étant la première pierre. On comprend alors mieux le sens de la phrase de Hirose Katsuhiko : « on ne gagne pas seul »…
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